Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 01/03/2010 19:04:16 Rubrique : Les références > Dressage : technique, lu 2911 fois. Pas de commentaires |
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Je vais vous donner un scoop : la différence entre un cavalier et un meneur, c'est que le meneur n'est pas sur le cheval mais derrière lui et dans une voiture … mais aussi que le meneur ne peut utiliser ses jambes … de là bien sûr tout un tas de problèmes qui se posent à nous meneurs et que nos collègues cavaliers ne peuvent comprendre …. il convient donc de les mettre en garde contre notre discipline si dangereuse que les ignorants qui en parlent volontiers agitent le chiffon rouge pour mieux se faire valoir. Ca existe !
dessin de Grafty
Certes un attelage libéré de son meneur (j'exclus les accidents de compétition) est dangereux pour l'entourage, plus qu'un cheval assurément. Mais mis à part le cavalier qui n'a jamais monté en extérieur ou qui n'a jamais monté de jeunes chevaux y en a-t-il qui ne se sont jamais fait embarqué par un cheval, ne sont jamais tombé sur un obstacle ? Tordons le cou à cette légende qui voudrait que l'attelage soit une activité de l'équitation dangereuse, car elle nuit à notre image.
Avec le cheval d'attelage, le degré d'assurance vie du meneur dépendra d'abord du bon ou du mauvais débourrage, de la psychologie du cheval et de la relative confiance que ce dernier aura acquise. Confiance, soumission relative… oui, à la condition que les différentes désensibilisations qui doivent faire partie du programme du débourrage soient parfaitement assimilées par le cheval grâce au savoir de la personne qui aura prise en charge ce débourrage.
Les premiers kilomètres, les premières sorties, les premiers mois d'acclimatation à la traction et l'environnement resteront à jamais gravés dans le cerveau du cheval d'attelage. Il importe donc que toutes sorties de déroulent sans le moindre incident.
Dessin Allures et Sentiments Pierre Chambry
Faites un vœu à Saint Georges. Plus le temps passe, plus la répétition des kilomètres sans incident défilent, plus votre cheval prend de l'expérience et plus vos chances de sortir de la zone rouge augmentent. Au meneur de prendre toutes les précautions et anticipations afin d'éviter les difficultés. J'exclue bien évidemment tous les problèmes matériels qui risqueraient de nuire aux premiers pas et qui ne devraient plus se poser, si le meneur a lui aussi été bien instruit et s'il dispose d'un matériel fiable et bien entretenu.
Pour le cavalier ou le meneur les chutes sont elles plus graves pour l'un que pour l'autre ?
Mais là n'est pas l'objet final de mon propos revenons sérieusement aux différences entre cavalier et meneur et je continue les lapalissades … cavaliers et meneurs ne sont pas égaux.
L' Odorat : bon on écarte d'emblée, mis à part aborder un obstacle ou dessiner une reprise au pif, l'odorat ne nous sert pas à grand-chose.
Le Goût : je ne mange pas de viande de cheval, vous non plus sans doute…
L'Ouïe : l'un des 2 sens que je préfère et qui est très excitant. La musique jouée par un attelage est des plus jouissif si c'est vous qui jouez de l'instrument.
Je veux surtout parler de l'attelage en paire, car l'on parvient avec de l'expérience à synchroniser les battues des 2 chevaux sur la route ou un sol dur. Encore faut il avoir l'oreille sensible, distinguer le cheval à la battue légèrement plus courte ou moins aérienne: avancer l'un, juste maintenir l'autre, ouvrir un peu les gaz ici, calmer celui là de la voix…. aaahhhh la frappe et la cadence ….
Reste à donner du rythme dans les transitions, ne pas perdre la cadence et la synchronisation… pour peu on se prendrait pour Mozart. C'est certainement possible aussi avec 4 chevaux mais je ne pratique pas. J'imagine la difficulté … énorme ! Toute chose qu'un cavalier ne peut faire.
L'oreille du passant est toujours attirée par le bruit des sabots sur le macadam ou les pavés. Le régiment qui défile sur les Champs Elysées attire la foule, autant de par la présence des chevaux, des costumes que par la musique et l'harmonie du bruit des sabots sur la chaussée. D'où nous vient cette sensibilité particulière et qui est toujours un moment de plaisir ? Les cinéastes le savent bien et l'utilisent abondamment.
Le Toucher:
Une autre évidence qui mérite tout de même une attention tant il est difficile de parler des sensations du toucher plus que des sensations des autres sens. Le cavalier ressent le cheval par un nombre de points de contact autrement plus nombreux que le meneur, d'autant plus que le meneur est assis dans une voiture à 4 roues.
L'équilibre variable d'une voiture à 2 roues ajoute un facteur de plus, sans pour cela bénéficier au meneur dans sa recherche de la juste sensation du toucher des guides, son seul contact avec le cheval. Bien au contraire, de par son équilibre instable sur les terrains qui ne sont pas rigoureusement plats, la voiture à 2 roues perturbe l'équilibre du meneur et en conséquence la décontraction de ses épaules jusque ses mains, la décontraction de son dos, et de son cou. Toutes ces altérations nuisent à la perception et à la recherche des justes sentiments. Il faut reconnaitre par contre, que sur un terrain approprié, ajouté au bon toucher des guides la voiture équilibrée ajoute un plus au plaisir.
Le seul point de toucher du meneur avec son cheval sont les guides. Longue transmission entre la bouche et les mains, largement perturbée par les clefs de surcou et de sellette. Ajoutez pour les chevaux de volée d'un attelage à 4 chevaux les panurges, clef de mantelet et double longueur des guides … les pertes d'informations pour le cheval et les mains du meneur sont énormes, et de plus il y a ces foutues croisières qui n'arrangent rien.
J'entends souvent des meneurs dire que les clefs de sellette (attelage simple ou en paire) limite les indications que le meneur voudrait donner au cheval, et plus particulièrement que le cheval n'est pas sensible à la position des mains et plus particulièrement de l'écartement de celles-ci. Je ne suis absolument pas d'accord avec ces affirmations, et mener les mains écartées permet bien souvent d'avoir des chevaux plus droits.
En attelage comme sur la selle, le cheval ou les chevaux doivent être entre les 2 ou 4 guides dans une rectitude absolue sur la ligne droite. Les traits, le ou les chevaux, le timon ne devraient être de des droites parallèles, conditions impérative pour que le poussée soit utile à 100% . Les tensions des guides gauche ou droite devraient être les mêmes.
Comment expliquer les sensations du toucher dans la main du meneur, sans en venir directement à la conclusion. Le cheval équilibré devient léger et agréable. Cependant le meneur n'aura fait que la moitié du chemin si cet équilibre ne résiste pas aux changements d'allures, aux changements de direction et si le cheval ne peut maintenir cet équilibre sans altération de sa locomotion. Le meneur par sa grande sagesse saura mettre un terme a l'exercice par un repos octroyé au bon moment, juste récompense que le cheval appréciera pour mieux encore reprendre l'exercice et aller jour après jour un peu plus loin.
La Vue : L'autre musique que peuvent nous jouer les attelages et les cavaliers c'est la chorégraphie d'une belle reprise de dressage. Les changements de rythme sont importants et font la musique. Lorsque le meneur ou le cavalier joue sur toute la gamme avec en plus l'esthétique apporté par l'attitude du ou des chevaux, la position du ou de la cavalière, comme de la qualité des harnais et de la voiture… on l'a souvent dit c'est un tableau vivant. Meneurs songez y, quoi que vous pensiez tous les détails comptent, sont vus des spectateurs et du jury et participent à l'éclat du tableau.
Pour le meneur la vue est une aide plus importante que pour le cavalier. Ce dernier ne dispose dans son champ de vision que de l'encolure et de la tête, tandis que le meneur dispose de la "totalité" de la ligne du dessus du cheval de la tête à la queue. C'est une aide précieuse, et les informations photographiques ne manqueront pas de fusionner dans notre cerveau avec le son et le toucher des guides pour mieux utiliser le cheval. Le meneur d'expérience saura ainsi juger de l'équilibre, de l'incurvation, de la souplesse du dos, de la rectitude, ou de la poussée des postérieurs.
L'ensemble de nos sens participent aux sentiments. Il est d'usage de dire d'un meneur ou d'un cavalier " il ne sent pas, il ne sent rien".
L'élève cherche à ressentir en suivant les conseils et orientations de son moniteur, il y parviendra d'autant plus vite et d'autant mieux qu'il saura qu'elle attitude est attendue du cheval (vue), et dès lors quelles sensations lui parviennent dans le même instant dans ses mains (toucher) et avec quelle cadence, rythme musique (ouïe).
Dessin Allures et Sentiments Pierre Chambry