Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 28/10/2009 08:22:22 Rubrique : Culture générale, lu 3425 fois. Un commentaire |
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En 1964, on commença à transférer le Musée des écuries princières de Thurn et Taxis installé dans les remises et les selleries datant de la première décennie de ce siècle, dans le manège couvert construit d’après les plans de Metivier sous le règne du Prince Maximilian Charles dans les années 1829 à 1832. Ce transfert des voitures, chaises à porteurs, traîneaux et harnais ordonné par le Prince François-Joseph avait pour but d’affecter à une meilleure utilisation la construction d’une grande valeur artistique, d’en assurer la conservation et d’ouvrir au public le manège couvert orné de reliefs créés par Louis de Schwanthal.
C’est en premier lieu au traditionalisme du Prince Albert, qui fut à la tète de la maison Thurn et Taxis de 1885 jusqu’à sa mort le 22. 1. 1952, que l’on doit la conservation dans le Musée des écuries princières de l’ensemble du matériel de la remise et de la sellerie après la mise hors service des attelages à la suite de la suppression des écuries princières. C’est ainsi que l’on y trouve encore les voitures, traîneaux, harnais etc. ... tels qu’ils étaient utilisés jusqu’en 1931.
A fin d’illustration, on ajoutera qu’après la Première guerre mondiale les écuries princières comptaient encore en moyenne 12 à 14 chevaux de selle, 8 à 10 carossiers, 4 à 6 chevaux de chasse et 4 chevaux de réserve.
L’idée de base de la fondation du Musée des écuries princières était
de créer une collection d’exposition et d’études. Au cours d’une visite normale
du Musée, on ne peut voir qu’un choix limité de voitures, traîneaux et harnais.
Mais notre société eut le privilège, grâce au conseiller des finances du
prince, Wolfgang Katzensteiner, de prendre connaissance du Musée dans tous ses
détails.
La partie sud de l’écurie abrite la collection des voitures et traîneaux utilisés tous les jours. Elle comprend des voitures et traîneaux de différents types de la deuxième moitié du 19ème siècle et jusqu’à l’époque autour de 1914.
Les voitures de gala et les voitures particulièrement
intéressantes du point de vue historique sont exposées dans le spacieux manège.
C’est là que se trouvent aussi les traîneaux. L’écurie nord contient la riche
collection d’étude des voitures et traîneaux, exclusivement des véhicules
utilitaires, des 19ème et 20ème siècles. L’étage supérieur est réservé aux
selleries.
La pièce la plus précieuse de la collection des voitures est indubitablement la voiture grand gala construite vers 1858. Elle pèse 1175 kg, l’intérieur de la caisse est richement ornementé de satin blanc, de galons et de cordelières. Les parois extérieures de la caisse, équipée de quatre lanternes en or, sont dorées dans la partie supérieure et ornées de diverses armoiries d’hermine, de blasons et de coiffes princières.
Impressionnantes aussi les voitures de ville et de gala, en particulier celles du Prince Maximilien et celles de la Princesse Wilhelmine. La palette des voitures de la collection va des voitures de voyage, calèches et vis-à-vis jusqu’à divers genres de coupés et les landaus, victorias et mylords viennent compléter le tableau de voitures élégantes.
La collection comprend aussi des raretés, tels un
vis-à-vis de chasse et une voiture de cérémonie. Une voiture de chasse
victoria, une voiture de promenade ainsi qu’un char-à-banc, voiture d’équipe du
personnel des écuries princières, soulignent la grande variété des types de
voitures utilisées à l’époque.
Dans la collection des traîneaux, un traîneau à bras
datant de la fin du 17ème siècle, d’origine néerlandaise, représente la pièce
la plus ancienne. Différents genres de traîneaux de gala, d’enfants ou
utilitaires complètent le tableau.
La collection des harnais et accessoires sise au
premier étage est des plus étendues. L’élément dominant est le harnais grand
gala exposé en vitrine. Ces harnais peuvent servir pour l’attelage à deux,
quatre, six ou huit chevaux et consistent en un harnais à bricole pour un train
de six chevaux et de deux harnais de piqueurs avec avaloire, huit courroies
d’étrier, huit courroies rouges, huit étriers dorés au feu et quatre selles.
Les brides sont recouvertes de maroquin rouge, les garnitures, mors etc. ... sont
dorés au feu.
Impressionnant aussi le harnais de gala pour attelages
à deux avec têtière de leader. Les colliers d’attelages à quatre façonnés en
cuir verni noir avec garnitures en argent démontrent le raffinement des travaux
de sellerie d’autrefois. Particulièrement attrayant, un collier
d’attelage-cabriolet en cuir naturel avec coiffe de prince et toison d’or, le
harnais de prédilection du Prince Albert. Des harnais à sellette pour attelages
à un, harnais pour poneys, harnais pour tandems et une grande quantité d’autres
harnais de gala ou de travail donnent un impression de la richesse et de
l’importance des écuries princières.
A l’étage supérieur sont rassemblés tous les autres ustensiles
d’équitation et autres parties du harnais. Rien que les nombreuses selles, le
nombre infini de mors — dont on se souvient à peine aujourd’hui et plus jamais
utilisés non plus à cause de leur tranchant — invitent le visiteur à s’y attarder
des heures et à passer d’étonnement en étonnement.
Sans hésitation, on peut comparer ce Musée des écuries princières aux Musées du château de Nymphenbourg à Munich, qui réunit les voitures et la sellerie des Wittelsbach, à celui du château à Schönbrunn, à la magnifique collection de voitures de l’ancien manège de la cour à Lisbonne et à celui du château Trianon à Versailles.
Le traditionalisme de la famille Thurn et Taxis a
permis de conserver quasi l’ensemble des voitures, traîneaux et harnais dans ce
musée, dans un état qui correspond à leur utilisation originelle d’avant la
Première guerre mondiale.
Photos et texte : Dr. Gûnther Heincz - In mémoriam Achenbach 4/1988