Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 23/01/2009 22:55:39
Rubrique : Culture générale, lu 8527 fois. 2 commentaires
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Oeillères: oui ou non ?


 

Dans la revue n° 6 de  Chevaux & Poneys, la question de l’utilité des oeillères  est évoquée. Les meneurs s’interrogent depuis toujours sur l’utilité de cette partie de la bride du cheval d’attelage.

Lors d’une lecture récente, j’ai retrouvé par hasard ce qu’en pense le célèbre meneur hongrois A. Szééhényi, auteur de nombreux articles  et expert de tout ce qui concerne l’attelage.

Tout d’abord je rejoins complètement  les propos  de notre expert, et  après  de très nombreuses années à mener et à observer les chevaux d’attelage,  j’ose avancer quelques convictions personnelles.

Je trouve personnellement très laid un cheval d’attelage sans œillère. Soit, ce n’est pas fondamental…. Mais tout de même, une belle bride avec ses ornements c’est tout de même autre chose. Il y a pour le sport aujourd’hui une alternative intéressante, surtout pour l’épreuve de marathon, je veux parler des brides à ½ œillères. Je ne saurais trop en recommander l’usage. Ces brides sont également intéressantes pour le travail quotidien. Elles permettent en effet au cheval de se familiariser avec l’environnement à moindres risques.

Pour les raisons de concentration évoquées plus bas, sur une épreuve de dressage l’utilisation de brides à oeillères complètes  incitent le cheval à regarder plus vers l’avant et à l’extrême rendre un cheval un peu plus tendu… à la condition qu’il ait été dressé dans ce sens. L’utilisation en alternance dans le travail quotidien de ½ œillères et d’œillères complètes me parait être une bonne chose.

Ce n’est bien sûr que mon avis …

JCG

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Oeillères: oui, mais

         Oeillères: oui, mais elles ne remplissent leur fonction que si elles sont correctement placées et soigneusement ajustées pour chaque cheval. La fourche doit empêcher toute instabilité de l’oeillère, sans quoi celle-ci risque-t-elle d’appuyer sur l’oeil.

         II est important que les montants de bride soient placés de telle façon qu’ils restent bien en place sur la joue lorsque les guides sont reprises, sans qu’un espace puisse se créer entre la joue et le montant. Si ce n’est pas le cas et que le cheval peut voir vers l’arrière par une fente, l’oeillère perd non seulement son sens, mais en plus le cheval sera effrayé par cette situation inhabituelle (fait incompréhensible pour certains).

         Il est bien clair que, lorsque j’affirme que les oeillères présentent des avantages écrasants en comparaison avec les inconvénients, qui sont à mon avis minimes (à commencer par l’attelage à un cheval jusqu’aux attelages à plusieurs chevaux), j’admets qu’elles sont correctement ajustées et bien en place.

         Le cheval possède un champ de vision très large, on peut même dire trop large au vu de la concentration que nous exigeons de sa part. Le cavalier, qui entretien par ses aides un contact plus étroit avec le cheval, renonce de toute façon aux oeillères. Malgré tout, nombre de belles reprises de dressage ratent à cause d’une «défense» qui est en fait le fruit d’une frayeur!

         Mais même l’attelage le plus fiable est inévitablement dérangé dans sa concentration par son champ de vision surdimensionné. Notre attelage doit en plus marcher en avant; il doit à tout prix suivre la ligne choisie, et il ne peut se permettre de regarder distraitement vers l’arrière pour ensuite buter sur une pierre ou s’effrayer. Cette règle s’applique tout autant aux timoniers qu’aux chevaux de volée, lors du marathon comme en ville. Le regard de nos chevaux doit être dirigé vers l’avant, suffisamment vers les côtés, mais pas vers l’arrière!

          Les chevaux qui, lors d’un marathon, butent contre un arbre ou d’autres objets en raison de la visibilité réduite, ont des oeillères trop serrées ou qui ont bougé, en un mot des oeillères mal ajustées!
Nos ancêtres savaient ce qu’ils faisaient: même les lourdes diligences postales, les attelages à la Daumont (montés) ont toujours été dotés d’oeillères.

         Dans l’agriculture, l’armée et le travail en forêt, les chevaux de trait lourds travaillaient cependant sans oeillères: la traction d’une lourde charge, la vitesse réduite qui en résulte, les races de trait peu nerveuses rendent en fait l’emploi d’oeillères superflu. Même s’il leur arrivait de s’effrayer, il n’en résultait aucun danger, car les chevaux n’allaient pas loin avec la lourde charge qu’ils avaient à tirer. Ce n’est pas comparable avec le poids d’une voiture de marathon de 350 à 600 kg; en plus, nous ne menons pas des chevaux de trait.

         Non seulement les oeillères bien ajustées, avec un train bien attelé et des guides correctement fixées, permettant aux chevaux de marcher droit (éviter donc de fléchir les encolures vers l’intérieur pour qu’ils ne s’emballent pas!) ne gênent jamais les chevaux, mais elles leurs facilitent même l’orientation vers l’avant ou dans les conversions, qu’ils soient attelés au timon ou à l’avant.
         Je propose à celui qui a encore des doutes d’atteler ses chevaux sans oeillères et de se rendre prudemment sur une route à circulation intense. Je suis sûr qu’il constatera des modifications de comportement considérables, même avec ses chevaux les plus fiables. S’il a de la chance, il rentrera intact à l’écurie, s’il n’en a pas, je regretterai de lui avoir fait cette proposition...

                                                        A. Szééhényi In Memoriam Achenbach 2 /1984

 


  Commentaires
-Avis professionnel par Caleche (25/01/2009 07:50:02)
Pour ma part, je débourre TOUS les chevaux sans oeillères puis je les intègre après complète acceptation de la voiture et des mouvements du fouet. D'accord avec Jean Claude, les demi oeillères sont très intéressantes, à condition que le cheval ait été préparé à les accepter (quid de son débourrage?).
-Utilité ? par Toto (12/02/2016 09:06:42)
Mes parents attelaient sans oeuillères, j'ai fait de même lors de mes débuts à l'attelage. Suite aux reproches persistants des juges, j'ai ajouté des oeuillères à mes brides et n'ai vu aucune différence. J'ai ultérieurement constaté un avantage, dans le cas des attelages en grandes guides: on ne risque pas de mettre la lanière du fouet dans l'oeuil des timoniers.
Quand le cheval a des oeuillères, il ne voit pas ce qui peut l'effrayer sur le côté, mais il l'entend et le sent, ce qui, dans le doute, peut l'effrayer encore plus.