Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 25/11/2008 11:30:34
Rubrique : Culture générale, lu 3521 fois. Un commentaire
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Entraînement et condition physique des chevaux d'attelage (3/3)


 

par le Dr Reinhard Kaun, vétérinaire  (3/3)

 

La ferrure

 

L'objectif essentiel de la ferrure est de

-     favoriser le mécanisme du mouvement

-     éviter la surcharge des tendons et des arti­culations en corrigeant les fautes d'aplombs

-     favoriser le mécanisme du sabot et non pas l'entraver

         Une ferrure correcte ne peut être obtenue que si le meneur et le maréchal-ferrant colla­borent. Le propriétaire est responsable des soins quotidiens des sabots, et c'est son de­voir que de présenter au maréchal-ferrant un cheval aux sabots sains, dont la corne est de bonne qualité. Il doit fournir à ce spécialiste -dont l'activité ne se limite pas à changer les fers - les renseignements qui serviront de base à son travail. Manque d'ardeur à la marche, allures raides, atteintes, cheval qui forge, etc - autant d'indications dont le maré­chal doit tenir compte dans son travail.

         Le cheval devrait être ferré à neuf au moins quinze jours avant un concours; il faut en plus l'équiper d'un fer de rechange complet pour chaque pied.

         Il faut éviter d'essayer de corriger à tout prix les fautes d'aplombs, en particulier chez les chevaux âgés de plus de sept ans. Il est préfé­rable de tenter de se servir des particularités de la position des extrémités, de telle façon que le mouvement en avant soit pourvu de la plus grande impulsion possible.

Il faut prendre garde de ne pas trop tendre les clous avec le marteau et la tenaille. Mieux vaut tendre précautionneusement les rivets avec un «clincher» (pince à river). Le parage extrême des talons, une des marottes de beaucoup de maréchaux, constitue une gros­sière erreur. Il est également néfaste de trop parer la sole et la fourchette; il est préférable de se limiter à la correction et à l'élimination des couches supérieures de corne morte.

          Les fers avant doivent toujours être adaptés à la position en pince, et le fer brut (= fer indus­triel préfabriqué) doit être poli du côté de la sole. L'observation du vieux fer qui vient d'ê­tre ôté permet d'obtenir des renseignements importants pour la nouvelle ferrure. Il nous apprend bien des choses, de la position de la pince aux dépressions dues au frottement, en passant par la courbure des clous et l'usure unilatérale des crampons.

 

1                                              2                                              3

 

1 fer poli correctement, le mécanisme du sabot peut pleinement agir.

 

2 face antérieure d’un fer bien façonné. Le limage conique empêche les atteintes dues au fer postérieur, les branches sont arrondies contre les blessures.

 

3 fer bien dirigé facilitant le poser correct du sabot.

 

4                                              5                                              6

4 éponges du fer brut non façonné

5 la dépression due au frottement, signe apparent du mécanisme du sabot

6 si les fers sont brochés trop en arrière, c’est parfois le fer qui casse…

7 et parfois le sabot !

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8 Les coins avec le noyau dur de nylon favorise la croissance en talon et et le mécanisme du sabot. Particulièrement recommandé pour soulager les tendons fléchisseurs des phalanges.

9 un crampon mal forgé empêche le sabot de glisser et nuit aux pieds et aux extrémités en raison du freinage abrupt du sabot se posant sur le sol.

10 le fer est muni d’un renfort soudé en pince afin d’en prolonger la longévité. Ce procédé empêche le poser correct du sabot et provoque des mouvements latéraux dangereux dans les articulations des phalanges.

 

11                                             12                                             13

11 fer artisanal broché sans façonnage de la face supérieure. Le mécanisme du sabot a été complètement bloqué par l’inégalité de la surface de contact avec le sabot. Le cheval était boiteux des 4 membres et les sabots encastelés au plus haut degré.

12 gros plan des irrégularités  du fer n° 11

13 Avant de brocher le fer il faut finir les étampures, car les orifices déformées feraient dévier les clous ou les affaibliraient par un frottement anormal.                                

          Tout autant que le mauvais ajustage en pince, le fait de brocher quatre clous des deux côtés constitue une des causes les plus fréquentes de la raideur des mouvements. Selon une vieille règle de maréchalerie, la ligne qui relie les deux quatrièmes clous ne doit pas se si­tuer en arrière de la pointe de la fourchette. Si c'est tout de même le cas, il faut extraire les clous, car ils entravent le mécanisme du sabot.

         Le jet d'eau froide répété constitue le meilleur des massages; lors des concours, il est re­commandé de répéter ce traitement plusieurs fois par jour. Un sabot fraîchement lavé et brillant est un merveilleux chef-d'œuvre de la nature, non seulement par sa construction, mais aussi par son aspect. C'est pourquoi je suis chaque fois retourné lorsqu'un attelage arrive à la présentation avec une épaisse couche de graisse; surtout que le graissage des sabots avant le travail est tout à fait in­sensé. Il existe de nos jours de bons produits, comme par exemple l'Absorbine Hoofpolish, qui font ressortir le dessin naturel du sabot et n'étouffent pas la corne. Il faut graisser après le travail, une fois les sabots lavés. Après le marathon, il est recommandé de traiter les extrémités à l'alcool, à l'esprit de vin, au fluide, etc, afin de favoriser la circulation du sang et d'éviter un refroidissement trop ra­pide.

         Les ferrures dotées de coins et de semelles exigent d'être changées au moins toutes les six semaines, sans quoi la matière synthéti­que s'incarne dans les talons, ce qui entrave l'élargissement du sabot au niveau des talons sous l'effet du poids. Les coins barrés, qui sont de toute façon à condamner, compri­ment en plus la fourchette, et le libre mouve­ment du cheval est entravé.

          Le meneur devrait si possible tenir lui-même les pieds lors du ferrage, ou tout au moins assister à l'opération en tant qu'observateur. On peut beaucoup apprendre en observant et en regardant.

Entraînement et condition

         Une remarque préliminaire: Toute forme de doping est non seulement interdite, c'est aussi un acte de barbarie envers les chevaux!

         Dieu soit loué, l'utilisation des stimulants (caféine, etc) ne s'est pas encore établie en atte­lage, car elle est inutile. On voit cependant lors de chaque concours des meneurs mani­puler en secret de mystérieux petits sachets blancs. Ceux-ci ne contiennent pas de l'hé­roïne, mais de la butazolidine qui est adminis­trée aux chevaux afin d'éliminer la douleur. La période d'hiver, absente de concours, devrait être mise à profit pour analyser et soigner les causes de boîteries. Je n'accepte que de mauvais gré les différentes «crispations» et «irrégularités d'allures dues à l'appui de la rêne»; je les considère comme invraisembla­bles dans la plupart des cas.

         Les chevaux de compétition doivent être vac­cinés pendant l'hiver contre la grippe équine et le tétanos; il faut en plus leur administrer un vermifuge trois fois l'an.

         Il me paraît très important d'insister sur le fait que la condition n'est pas faite seulement de

forme physique, mais que l'équilibre psychi­que doit lui aussi être assuré. L'art du bon meneur, c'est de savoir motiver ses chevaux. Mais cela implique un grand pouvoir d'intui­tion. Nombre de chevaux en ont déjà assez en début de saison parce qu'ils ont été soumis à un entraînement bêtement forcé.

Les premiers symptômes de saturation due à l'entraînement sont:

 

-     Pouls,  respiration et température élevés avec des temps de récupération trop longs

-     les flancs se soulèvent exagérément lors des «arrêts d'entraînement forcés»

-     l'appétit baisse petit à petit

-     les chevaux transpirent longtemps après le travail

-     nervosité et irritabilité allant jusqu'à l'agressivité

-     les chevaux ne quittent l'écurie que contre leur gré.

Lors des concours d'attelage, chaque meneur a ses propres méthodes pour maintenir les chevaux en forme. Si elles lui ont permis de faire des expériences positives, il faut qu'il s'y tienne. J'aimerais cependant donner quel­ques conseils aux meneurs inexpérimentés.

1.      Habituez  vos  chevaux  déjà   huit jours avant le concours aux conditions modi­fiées:  affourragement,   fait   d'être   at­tachés, abreuvage au seau pour les che­vaux qui sont habitués à l'abreuvoir auto­matique.

2.      Entraînez vos chevaux aux heures pré­vues par l'horaire du concours.

3.      Emportez votre propre fourrage et votre propre foin.

4.      Contrôlez les écuries du concours afin de déceler les endroits où les chevaux pour­raient se blesser.

5.      Emportez des fers de rechange et une pharmacie, mais laissez ce satané spray
bleu à la maison. Ciseau, pincette, coton, ouate, tampons, thermomètre, mu­selière,  eau hydrogénée, iode, garrot, bande adhésive, poudre désinfectante, outils de ferrage.

6.      Après le marathon, dételez sans délai, ôtez immédiatement les bandages et la­vez le cheval à l'eau froide (s'il y est habi­tué), frictionnez-le à l'esprit de camphre,à l'alcool ou au fluide. La circulation du sang est ainsi particulièrement bien acti­vée dans les parties fortement musclées
des
épaules, des flancs, de la croupe et de  l'arrière-main.  Promenez ensuite  le cheval une demi-heure à la main.

7.      Les traces de frottement du harnais sont à traiter immédiatement.

9. En cas de blessures qui vous semblent sérieuses, n'hésitez pas à consulter le vé­térinaire du concours.

10. Et n'attendez pas le dernier moment pour récompenser vos chevaux de leur bon travail.

 


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-photo 8 par JeanClaudeGrognet (25/11/2008 14:49:23)