Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 24/11/2008 11:21:01
Rubrique : Culture générale, lu 3151 fois. Pas de commentaires
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Entraînement et condition physique des chevaux d'attelage (2/3)


 

2e partie ( 2/3)

par le Dr Reinhard Kaun, vétérinaire

L'affourragement

         L'affourragement des chevaux d'attelage doit en permanence être adapté au travail de­mandé; il doit être complet et satisfaire tous les besoins en substances nutritives: pro­téines, énergie digestible, vitamines, sels mi­néraux, oligo-éléments. Un apport suffisant de fibres naturelles est indispensable pour as­surer le fonctionnement de l'appareil digestif. Les coliques représentent de loin la maladie la plus répandue chez les chevaux de sport, le rapport entre l'apport d'énergie et les sub­stances de lest n'étant plus équilibré. Les chevaux de compétition sont souvent placés sur des litières de tourbe ou de copeaux, afin d'éviter qu'ils ne puissent s'alimenter de paille. Je vous mets cependant en garde contre cette méthode si l'affourragement n'est pas équilibré sur tous les plans.

Besoins d'un cheval de 500 à 600 kg de poids vif: voir tableau à part.

Afin d'assurer un apport suffisant de lest, le rapport foin : aliment concentré augmente comme suit:

 

Genre d'activité     foin   : aliment  concentré

Survie                  1

Travail léger               1 Travail moyen            1 Travail intensif            1

0.5 0.6 1 1.5

Besoin journalier en vitamines et minéraux:

(500 à 600 kg)

A                                       50000 -     60000

D                                         5000 -    6000

E                                            400 -   480 (important pour la musculature!)

 

 

B,

35 -

40

B2

35 -

40

B6

20 -

24

612

100 -

120

Acide nicotinique

65 -

75

Acide pantothénique

35 -

40

Acide folique

15 -

18

Choline

1000 -

1200

Ça

25 -

30

P

15 -

20

Mg

5 -

6

NaCI

25 -

30

Cu

50 -

60

Fe

500 -

600

Mn

200 -

240

Zn

200 -

240

Co

0.5 -

0.6

J

0.10 -

0.12

        

         Toutes ces données sont exprimées dans la mesure de poids internationale en usage pour l'ingrédient en question. Ceux qui désirent pratiquer un affourragement scientifique peuvent se référer aux «ta­bles d'affourragement pour chevaux DLG».

 

         Sur la base des meilleurs résultats, on établira 3our les chevaux d'attelage un plan

d'affourragement correspondant à l'effort demandé 3t au poids idéal du cheval. Ces chiffres ne constituent donc que des points de repère; l'attribution exacte est une question de doig­té, au vu de la disposition au travail du cheval; certains chevaux assimilent en effet mieux le fourrage que d'autres. Dans les attelages à plusieurs chevaux, l'équilibre de l'alimenta­tion et donc des performances est d'une imp­ortance capitale, si l'on veut éviter qu'un che­val reste en dessous du niveau.

         Il est établi que l'affourragement «à la mode de grand-père», constitué d'avoine et de foin, ne satisfait plus aux performances exigées; on ne produit ainsi que des chevaux surali­mentés en protéines, donc nerveux. Le sport d'attelage d'aujourd'hui fait de l'affourrage­ment un problème d'énergie. C'est la raison pour laquelle je recommande une alimenta­tion équilibrée basée sur les composants sui­vants :

-     Avoine (max. 90%)

-     Maïs (max. 30%)

-     Graines de lin (max. 10%)

-     Graines de tournesol (max. 15%)

-     Bran de froment (max. 10%)

-     Soya grossièrement moulu (max. 10% etuniquement pour les jeunes chevaux)

-     Levure (max. 5%)

         La ration à composants multiples a sans au­cun doute de nombreux avantages. L'apport de sucre n'a pas fait ses preuves; il est préfé­rable de contrevenir à l'hyperacidité (travail dans la zone anoxybiotique) par l'apport de natriumhydrogencarbonicum.

         On ne tient pas compte de la teneur des com­posants en vitamines, sels minéraux et oligo­éléments lorsqu'on calcule la ration de four­rage; ceux-ci sont administrés sous la forme d'une mixture en vente dans le commerce.

         En guise d'orientation, un exemple pour l'af­fourragement de chevaux d'attelage d'envi­ron 600 kg fournissant un travail moyen à in­tensif (il s'agit de jeunes chevaux, raison de la haute teneur en protéines):

-     4 kg de foin

-     4 kg d'avoine

-     2 kg de maïs

-     100 g de graines de lin

-     200 g de graines de tournesol

Teneur: 732 g de protéines dig. et 25.322 cal. d'énergie dig.

         Chaque cheval doit disposer d'une pierre à lécher. L'apport de sels minéraux devrait cor­respondre aux indications du producteur.

         L'apport d'eau est d'une importance capitale:30 à 80 litres par jour pour un travail léger à intensif. Certains che­vaux sont trop paresseux pour faire usage de l'abreuvoir automatique et il faut les abreuver au moyen d'un seau.

         Au vu des habitudes en usage lors des con­cours, les chevaux d'attelage doivent être ha­bitués à ne recevoir du fourrage grossier que tôt le matin et le soir. Le cheval doit être ali­menté convenablement et à temps, en particulier avant le marathon. Affourragement au moins 3 h avant le départ, puis affourragement uniquement au moyen d'aliments éner­gétiques rapidement digestibles (en particu­lier du maïs).

 

 

Besoins d'un cheval de 500 à 600 kg de poids vif:

 

Genre d'activité

Energie dig. (Mcal)

Protéins brutes dig. (grammes)

Ca             P               Na (grammes)

Survie

14.6 - 16.7

320 - 360

25             15             12

Travail léger

18 - 22

410 - 480

25             15             15 +

Travail moyen

20 - 26

470 - 530

28             18             20 +

 

 

 

Travail intensif

24 - 27

625 - 700

30             20             25 +

 

 

Le besoin en sodium augmente en cas de forte transpiration.

 

Données de valeur nutritive pour la mise sur pied d'un plan d'affourragement:

 

Aliment

1 000 éléments de poids contiennent

prot. brutes dig.  -   énergie dig.  -   fibres nat.

Digestibilité %

prot. Brutes- fibres nat.

Pré

30                  450                         40

75

40

Luzerne

22                  522                           88

57

47

Herbe ensilée

25                  700                            97

57

41

Foin

46                 1613                        307

58

42

Paille d'avoine

9                 1302                        399

30

37

Avoine

87                 2741                          102

79

25

Maïs

68                 3246                          24

73

62

Graines de lin

168                3380                           77

75

0

Gruau d'extraction de tournesol, non mondé

137                1985                          362

60

48

Son de froment

112                  2323                          111

78

42

Soja grossièrement moulu

427                 3491                          59

95

85

 

         Lors de l'arrêt obligatoire, l'ap­port d'électrolytes (par exemple Equilite) est recommandé et conforme au règlement.

 

         Il faut à tout prix se munir de son propre four­rage lors des concours, car les chevaux régissent souvent mal aux changements.

         J'insiste sur le fait que tous les aliments doi­vent être d'une qualité irréprochable. De l'a­voine ou du foin poussiéreux et moisis sont tout aussi nocifs que du son foisonnant d'aca­riens ou que des graines de tournesol rances. Un examen critique est de rigueur lors de l'a­chat.

         Je mets en garde contre une alimentation ba­sée exclusivement sur les aliments complets. Il faut être doté d'une grande habileté pour amener les chevaux à de bonnes performan­ces grâce à eux. La taille minime des particu­les de pellets entraîne souvent de sérieux problèmes pour l'appareil digestif des che­vaux.

         Remarquons en passant qu'un fonctionne­ment parfait de la dentition constitue bien en­tendu une condition première pour l'assimila­tion de chaque fourrage. Un contrôle seme­striel des dents est loin d'être un luxe.

         L'affourragement des petits chevaux, haflin-gers et poneys est plus délicat, car il néces­site plus de doigté. L'assimilation des ali­ments variant considérablement d'un individu à l'autre, il convient donc en premier lieu de procéder d'une façon empirique.

         Données de valeur nutritive pour la mise sur pied d'un plan d'affourragement: voir tableau à part.

         Je déconseille de donner trop de trèfle et re­commande de limiter la ration quotidienne de foin de trèfle à 5 kg et de trèfle fraîchement fauché à 20 kg au maximum.

         Les données de valeur nutritive nous prou­vent que le maïs est un aliment qui contient une grande quantité d'énergie sous une forme rapidement et facilement digestible; il convient donc parfaitement pour l'alimenta­tion avant une épreuve éprouvante, car il ne surcharge pas l'appareil digestif par son vo­lume.

J'insiste sur le fait qu'il est très important que vous connaissiez le poids idéal de votre che­val. Si vous avez l'impression, à l'entraîne­ment ou lors d'un concours, que le bien-être et la forme de vos chevaux ont atteint leur point optimal, pesez-les et notez leur poids. J'aimerais encore remarquer que tout apport supplémentaire de protéines est inutile et no­cif chez les chevaux adultes, sans compter qu'il les rend nerveux. Le cheval bien ali­menté se distingue par son tempérament et non par sa nervosité; il affronte le travail re­quis avec calme et décontraction, car il dis­pose de réserves pour une mise à contribu­tion plus intense. Les graines de lin et de tour­nesol contribuent fortement à l'apaisement des nerfs et assurent un apport suffisant de potassium.

         Le pourcentage de fibres naturelles dans l'en­semble du fourrage doit se situer aux envi­rons de 16 à 18%; lors d'un concours, ne pas descendre en dessous de 0,5 kg de fourrage grossier par 100 kg de poids vif: l'appareil di­gestif reste ainsi en forme!

 


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