Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 23/11/2008 10:32:52
Rubrique : Culture générale, lu 4299 fois. Pas de commentaires
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Entraînement et condition physique des chevaux d'attelage (1/3)


 

par le Dr Reinhard Kaun, Altmùnster  1/3

Seront publiés dans trois prochains articles les notes du vétérinaire Dr. Reinhard Kaun (Altmunster/Autriche), traitant des thèmes suivants:

-     Pouls - respiration - température

-     L'analyse du sang

-     L'affouragement

-     La ferrure

-     Entraînement et condition

         Un bon meneur ou entraîneur est un homme qui parvient à accomplir avec ses chevaux des performances constantes pendant des an­nées, et ceci sans nuire à ses camarades qua­drupèdes; grâce à son travail logique, il est à même de motiver ses chevaux dans les situa­tions difficiles et en compétition sans aide no­toire du fouet. La connaissance de la capacité fonctionnelle des chevaux est un devoir pour celui qui veut atteindre ce but.

Pouls - respiration -température

         Pouls, respiration et température sont les va­leurs les mieux visibles; elles peuvent être vérifiées par une personne profane sur le plan médical. On distingue trois groupes de va­leurs à déterminer. La connaissance des va­leurs au repos est la condition première de tout entraînement constructif.

1.      Valeurs au repos:  pouls     32à38/min.

2.      respiration     10à14/min.

3.      température  37à 37,5°C

         Le profane contrôle le pouls (le rythme des battements du cœur) de préférence au moyen d'un endoscope phonique en arrière du coude gauche, sur la cage thoracique. Pour compter le rythme de la respiration, se placer de biais en arrière du cheval et observer les mouvements des côtes. La température se mesure à l'aide d'un thermomètre courant par la voie rectale.

         Le second groupe de données est constitué par les valeurs à l'entraînement; celles-ci doivent être mesurées à une vitesse stabili­sée. Le procédé est le suivant: le meneur in­tègre à son programme d'entraînement un iti­néraire partiel régulier que ses chevaux con­naissent bien (afin de prévenir aux irritations psychiques); il effectue ce parcours à une vi­tesse donnée lors de chaque entraînement.

         Il est indispensable de bien baliser les chemins. En principe, une distance de 3 km suffit. Au début de l'année, lorsque l'entraînement commence, on débute par une vitesse de 10 km/h par exemple, selon l'état des chevaux. A la fin du parcours d'essai, le meneur s'ar­rête; il prend le pouls, le groom contrôle la respiration, ceci immédiatement et sans per­dre de temps. Les chevaux connaissent vite ce rite, étant donné qu'il se déroule toujours au même endroit; ils restent donc tranquilles, surtout si les contrôles sont clos par un mor­ceau de sucre. Les valeurs mesurées sont re­portées sans oublier la date sur le plan d'en­traînement. Avec un attelage à plusieurs che­vaux, il convient de commencer les mesures par le cheval le moins en forme.

         En procédant ainsi, on détermine des valeurs à l'entraînement allant jusqu'à 160/min pour le pouls, la respiration pouvant atteindre 100/ min. Si ces valeurs sont dépassées lors des premières sorties d'entraînement, il faut ré­duire la vitesse et commencer à un niveau inférieur. Dans les valeurs à l'entraînement comme dans celles au repos, il est dange­reux que les données de la respiration dé­passent celles du pouls; il s'agit d'un signe de mauvaise condition physique.

         Après quelques jours d'une progression logi­que de l'entraînement, on remarquera que les données à l'entraînement pour le même par­cours commencent à baisser. La vitesse ne doit être augmentée qu'une fois que les va­leurs à l'entraînement baissent nettement et durablement: de 20/min pour le pouls, 10/ min pour la respiration.

         On progresse selon ce procédé jusqu'à la vi­tesse maximale à atteindre, soit 20 km/h au maximum.

         Celui qui ne craint pas de dépenser de l’argent peut faire l'acquisition d'un cardio-fréquencemètre. Le meneur peut ainsi contrôler la fréquence cardiaque en permanence, même pendant la course.

         J'utilise moi-même depuis des années un tel appareil pour contrôler mes patients, et la va­riété des données enregistrées est époustouflante. C'est ainsi que, même chez un cheval apparemment absolument tranquille, le pouls monte d'emblée de vingt battements ou plus à l'approche d'un train routier, sans qu'on pût remarquer aucun signe extérieur d'irrita­tion chez le cheval.

         Le grand avantage de l'appareil est qu'il per­met de mener le cheval en fonction des batte­ments du cœur et d'éviter ainsi tout surme­nage à l'entraînement. On adapte la vitesse dans le but d'atteindre le «steady state», cette valeur qui se fixe avec un travail donné sans atteindre une valeur maximale dange­reuse.

 

         Les meilleurs valeurs à l'entraînement sont obtenues avec l'entraînement à intervalles, qui est parfaitement contrôlable avec le cardio-fréquencemètre. Par entraînement à intervalles, on en­tend un travail avec des changements d'al­lures fréquents. Pour les chevaux d'attelage, un bon pas devrait alterner fréquemment avec un trot moyen; chaque parcours d'en­traînement doit être parsemé de quelques phases de trot en montée. Les galopades allongées doivent bien sûr être entraînées; elles ne contribuent cependant pas à amélio­rer la condition: elles ne font que fatiguer le cheval prématurément.

         Le rythme cardiaque du cheval en bonne con­dition physique n'augmente plus pendant les phases de trot à la montée jusqu'à la fatigue: le cheval passe de la zone oxybiotique (aérobie)à la zone anoxybiotique (anaérobie), c'est à dire à un déficit d'oxygène.

         Mais revenons à notre sujet. Après dix mi­nutes de récupération, pouls et respiration sont une nouvelle fois contrôlés et notés. Les valeurs au repos sont en effet d'une impor­tance capitale pour le déroulement de l'entraî­nement. La fréquence cardiaque doit être in­férieure à 72/min après 10 minutes de récu­pération, le rythme de la respiration égale­ment; comme nous l'avons déjà vu, celui-ci ne doit jamais dépasser le pouls. Si c'est le cas, il faut considérer cet état de faits comme un signe d'épuisement.

         Après un travail de quelques kilomètres, la température corporelle augmente de 1 à 2°C, ce qui est un phénomène absolument physio­logique.

L'analyse du sang

         Les chevaux dont les performances sont in­suffisantes devraient toujours être soumis à une analyse du sang. Mais aussi chez les che­vaux d'attelage qui doivent fournir des efforts extrêmes en compétition, le profil du sang au début de l'entraînement et au moment où la forme idéale est atteinte devrait être ajouté aux paramètres servant à l'appréciation de la performance; il n'est en effet pas rare que les chevaux soient déjà vidés de leur substance et finis à la fin de l'entraînement et au début de la saison de concours.

         Chaque vétérinaire pourra vous indiquer le la­boratoire le mieux indiqué dans votre région pour une telle analyse du sang.

         Si un certain soupçon existe, on tranche uni­quement sur la base des valeurs expressives; mais on fera en règle générale établir un profil élargi contenant un hémogramme différentiel ainsi que la chimie du sang courante.

         L'analyse du laboratoire doit être en principe interprétée par le vétérinaire; elle doit faire partie d'un examen clinique. Les différences doivent faire l'objet d'un traitement, sans quoi les chevaux risquent de subir des lésions.

 

Globules rouges 8 à 12 millions : un manque est dangereux et doit être soigné

 

Globules blancs 6000 à 9000

 

dont:   noyaux en bâtonnets neutrophiles ..    jusqu'à 4%

noyaux segmentés neutrophiles   ...    55 à 78%

granulocytes éosinophiles .     jusqu'à 4%

granulocytes basophiles....     jusqu'à 1%

monocytes.....................     jusqu'à 4%

lymphocytes...................     20 à 45%

Les modifications sont à prendre au sérieux (infections chroniques et aiguës)

 

Pigment sanguin (hémoglobine)

11 à 17

Pas de manque

Hématocrite (% de globules rouges dans l'ensemble du sang)

33 à 45%

Dépend peu de l'entraînement (peut être déterminé ambulatoirement par tout hippiatre)

Fer

140 à 260

Manque souvent!

LDH

jusqu'à 350

Augmentation: troubles foie, muscles, sang

SGPT

jusqu'à 15

Cœur, foie, ossature

SGOT

jusqu'à 200

Cœur, foie, ossature

SDH

jusqu'à 3

En cas d'augmentation : troubles aigus du foie

GLDH

jusqu'à 8

Troubles du foie

AP

jusqu'à 350

Vésicule biliaire, foie, moelle épinière, périoste, fracture

gamma GT

jusqu'à 20

Foie et maladies où le foie joue un rôle: colique, entérite, insuffisance cardiaque

Protéines totales

6à7

Augmentation: infections chroniques; Baisse: foie, intestins, alimentation incomplète

Sodium

140 à 153

Economie d'eau

Potassium

3.9 à 4.9

Economie d'eau, irritabilité

Calcium

2.4 à 3. 9

Parathyroïde, fausse alimentation

Phosphore

3. 6 à 5.3

Faux métabolisme minéral et énergétique

Magnésium

1.4 à 1.8

 

Chlorure

104 à 111

 

Gel lactique

7 à 14

Surmenage physique, choc, métabolisme musculaire

 


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