Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 09/11/2008 11:59:34
Rubrique : Culture générale, lu 7191 fois. 3 commentaires
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Le Tuigpaard, cheval de Présentation


 

 

 

 

 

 

Les favoris du public dans les  concours hollandais
 
         Outre le sport d’attelage et l’attelage de loisirs, il existe aux Pays-Bas une autre manière d’atteler qui vise un objectif totalement différent. Il s’agit de la présentation en compétition de frisons, de «tuigpaarden» (gueldres) et de hackneys attelés. Un mode d’attelage de présentation exclusivement. Ces épreuves d’attelages se déroulent le plus souvent en parallèle avec des épreuves d’obstacles, mais il existe des concours organisés uniquement pour ce type d’attelage de présentation.

Ndlr :  Pour voir un Tuigpaarden en action au Championnat du Monde 2008  à Beesd aux Pays Bas, cliquez sur l’image

                                      

                                                         photo Lovasok.hu


Cheval d’attelage

         Le terme de «tuigpaarden» est un concept pour tous les amoureux du cheval aux Pays-Bas. Cependant, il n’est pas aisé de décrire ce qu’est réellement le «tuigpaard ».

          Il n’existe pas d’épreuves de présentation internationales. C’est aux concours de hackneys en Grande-Bretagne que ces présentations ressemblent le plus. La traduction littérale du «tuigpaard» est cheval attelé, cheval harnaché. Toutefois, il existe aux Pays-Bas plusieurs types de chevaux d’attelage qui ne sont pas des «tuigpaarden» au sens où en l’entend. Le terme de «trotteur de présentation» est le plus adéquat. Des produits élevés comme chevaux de selle sont de plus en plus couramment utilisés à l’attelage: les hongres bais WPN du double champion du monde d’attelage à quatre, Tjeerd Velstra, en sont un exemple célèbre.

Marco et M. Janus van Och

         En qualité de trotteurs de présentation, les tuigpaarden doivent posséder des actions relevées et une allure fière et élégante. Le père de Tjeerd Velstra qui était lui-même un expert en attelage, déclarait un jour:
«Le cheval doit regarder Le Seigneur sur la table.» Les postérieurs doivent également s’élever sous la masse. On voit souvent des chevaux dont l’avant-main est élégant et s’élève bien, mais dont l’arrière-main traîne. Toute la présentation doit avoir une apparence naturelle et dénuée de contrainte et il doit émaner un grand rayonnement du cheval. Comme dans la plupart des disciplines sportives, il y a relativement peu de meneurs  qui parviennnent au plus haut niveau

Présentation

            En compétition, les chevaux sont repartis en différentes catégories: attelage à un cheval, à deux, en tandem et souvent en tridem ou quadrem (quatre chevaux attelés en file), Ils sont attelés à une voiture légère de petite taille. Dans la catégorie des attelages à un cheval, il s’agit d’une voiture de présentation (à quatre roues) destinées aux tuigpaarden et aux hackneys. Dans le cas des frisons, attelés à un et à deux et — depuis un an — en tandem, on utilise exclusivement la Chaise, ce que l’on appelle «Friese sjees», une voiture à deux roues relativement lourde. Les équipages de deux tuigpaarden ou deux hackneys sont attelés à un phaéton alors que le tandem, tridem et quadrem sont attelés à un tandem-cart à deux roues.

 

 

         Même si de nos jours les chevaux présentés par des dames s’inscrivent dans les catégories normales, il existe toujours une épreuve spéciale, l’épreuve des dames, pour équipages à un cheval attelé à une voiture à deux roues. Les dames sont classées selon la prestation de leur cheval et l’on attribue en outre un prix spécial au plus bel équipage, ce qui se rapproche de la présentation des concours combinés d’attelage, qui est jugée par un jury spécial.

Sébatian III catégorie « dames » mené par Mme Jan Schep

 

Déroulement du concours

            Les concours se déroulent selon un schéma précis dont on ne peut modifier que quelques détails. On commence par les épreuves réservées aux jeunes chevaux attelés seuls, généralement divisées en deux catégories en fonction des gains acquis . Il existe des chevaux qui ne parviennent jamais à une catégorie supérieure parce qu’ils ne sont pas suffisamment bons.

         Les meilleurs chevaux ou ceux qui ont un meneur/un propriétaire très patient  on peut arriver au résultat voulu en obtenant quelques dizaines de 8èmes ou de 10èmes places à 30 fl parviennent dans la catégorie supérieure jusqu’à 4000 FI.
Seuls, les très bons chevaux parviennent à se hisser jusqu’aux catégories d’élite, le domaine des grands gagnants; des chevaux d’élite peuvent rapporter à leurs propriétaires des dizaines de milliers de florins. En revanche, les frais de participation à ces concours sont très élevés.

L’épreuve réservée aux dames est la dernière des épreuves à un cheval, on passe ensuite aux attelages à deux. C’est d’abord au tour des jeunes chevaux qui sont autorisés à concourir dans le cadre d’une catégorie présentant un plafond de gain de 500 FI par exemple. Le montant des gains peut être porté à 1000 ou 1500 FI. Les autres chevaux prennent le départ dans la catégorie d’élite.
         Les tandems sont présentés en fin de concours. Leur répartition en deux catégories n’est pas nécessaire. Tout d’abord, tous les meneurs ne sont pas capables de mener un tandem en toute sûreté sur un terrain de concours souvent de petite dimension, qui, de plus, est souvent encombré d’obstacles réservés au saut; ensuite, tous les chevaux n’ont pas les qualités requises. Les mêmes principes s’appliquent encore davantage au tridem et au quadrem.

Entre les épreuves (— les meneurs ont besoin de temps pour changer d’attelage —) se déroulent des épreuves de saut d’obstacles s’il s’agit d’un concours mixte; lorsqu’il s’agit d’un concours d’attelage, on alterne les épreuves destinées aux frisons, aux hackneys et aux trotteurs de présentation.

Moyens auxiliaires

            Alors que les frisons sont présentés sans moyens auxiliaires il en va différemment des hackneys et des tuigpaarden. Le principe de base est qu’un cheval doit se déplacer naturellement et la note est d’autant meilleure que les moyens auxiliaires sont réduits. Mais, il existe aussi peu de chevaux parfaits que de surhommes et, au fil des années, on a inventé, essayé, utilisé en compétition et souvent interdit une large série d’enrênements divers. Toutefois, il n’existe aucun contrôle au travail quotidien et il n’est pratiquement pas un cheval qui soit entraîné sans moyens auxiliaires.

         On connaît par exemple la double ferrure (un second fer est vissé sur le premier). Le cheval élève davantage les membres à cause du surcroît de poids et de l’impulsion qui en résulte. Pour les mêmes raisons, on laisse pousser les sabots davantage que de coutume. Comme dans le cas du trotteur, c’est un art de trouver la répartition de poids idéale afin d’éviter les irrégularités au trot. Les moyens utilisés sont un enrênement releveur (qui empêche la tête de descendre trop bas), le manchon de queue (un moyen de soutien qui entoure la queue; ainsi, le cheval la porte plus haut) et les «porte-oreilles» (dans le cas de chevaux qui ont les oreilles trop mobiles). Il existe des chevaux qui ont besoin de presque tous ces éléments pour réaliser une bonne prestation, d’autres n’ont besoin de pratiquement rien. A performances égales, le cheval qui aura le moins d’aides auxiliaires aura la préférence du jury.

                

Jury

            Les concours sont jugés par trois officiels, deux juges et un arbitre qui changent de fonction au fil des différentes catégories. Les épreuves se déroulent de la manière suivante. Les chevaux pénètrent sur le rectangle. Le nombre des attelages se situe le plus souvent entre 10 et 15, mais ils peuvent n’être que 5 dans la catégorie des tandems par exemple. On scinde en deux les catégories trop nombreuses, surtout celles qui sont réservées aux jeunes chevaux.

         La plupart des chevaux viennent prendre place dès leur entrée. Certains meneurs laissent faire un tour de piste aux chevaux afin qu’ils s’habituent à l’endroit et libèrent un peu de leur énergie. Les attelages se présentent alignés côte à côte face à la tribune du jury. Le jury les passe en revue pour s’en faire une première idée, pour vérifier si les chevaux sont attelés comme l’exige le règlement et pour prendre note des moyens auxiliaires qui sont utilisés.

              

         Puis, les juges et l’arbitre se placent séparément sur le rectangle et les attelages prennent piste à droite au son de la musique. Après avoir effectué deux tours de piste, ils changent de main par la diagonale et les juges commencent à les classer. On fait revenir le meilleur en premier lieu et il se présente une seconde fois, puis le second, etc. ... Dans la plupart des cas, ce classement est déjà définitif, mais il arrive que le jury veuille revoir quelques chevaux avant de prendre sa décision. Dans ce cas, on rappelle par exemple les quatre ou cinq premiers chevaux (ou les numéros de 2 à 5, ou encore le 2ème et le 3ème) pour vérifier une fois de plus leurs aptitudes.

 

         Une forme de barrage en quelque sorte, un moment très agréable pour les spectateurs qui n’ont à regarder que les bons chevaux à ce moment. Si les deux juges n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la victoire du cheval A ou du cheval B, c’est l’arbitre qui tranche. Comme toujours, lorsqu’un juge a à décider d’une victoire ou d’une défaite, les opinions convergent rarement et les discussions qui ont lieu à postériori sont inévitables.

         Elevage

            Dès avant la création du stud-book il y a une centaine d’années, on élevait déjà des chevaux au trot relevé aux Pays-Bas. A cette époque, le hackney avait déjà été introduit dans l’élevage du cheval de sang pour atteindre l’objectif souhaité.
A l’issue de la Seconde Guerre Mondiale c’est l’élevage du cheval de selle qui s’installa au centre de l’intérêt général tandis que l’élevage du trotteur de présentation se voyait quelque peu oublié.

         La base d’élevage de ce type de cheval devint très étroite tandis que l’influence de la très brillante lignée de l’étalon OregonKurrassier-Nubert augmentait excessivement. Il ne restait que quelques reproducteurs ne possédant pas de sang Oregon mais qui ne transmettaient pas le trot extraordinaire du «roi» Oregon.

         Quelques exemples de l’influence d’Oregon: l’étalon reproducteur Kroonprins (1969), dont le père et la mère étaient fils et fille d’Oregon; l’étalon reproducteur Hoogheid (*1966) qui exerça une grande influence, fils d’Oregon par une fille d’Oregon; un petit fils de Hoogheid, l’étalon Wouter (*1980), qui obtient de bons résultats en ce moment, n’a qu’un seul grand-père, car son père ainsi que sa mère sont des produits de Hoogheid.

         Pour élargir la base d’élevage, on a fait appel une fois encore au sang hackney; il y a 20 ans, c’étaient Brown’s Liberty Light et Marfleet Raffles, plus tard Holypark What’s Wanted, Cambridge Cole et il y a peu Brook Acres Silversul. Tous mesuraient plus d’1,60 m au garrot. Cambridge Cole (*1971) toujours en service aujourd’hui, s’avéra être une grande réussite, Il convient très bien aux juments de sang et quelques-uns de ses fils ont été admis, dont le plus connu est Renovo. Il a déjà inscrit des résultats à son actif à l’élevage ainsi qu’en compétition: il fut champion national des étalons reproducteur en attelage. Seuls, les chevaux du W.P.N. (Warmbloed Paarden Stamboek Nederland) section «tuigpaarden» sont présentés attelés.
On ne sait pas encore très bien aujourd’hui quelle influence un étalon comme Cambridge Cole aura à long terme. Les instances responsables de l’élevage s’efforcent de contrôler soigneusement l’apport de sang étranger, car le trotteur de présentation ne peut évidemment pas devenir un hackney!

         Des noms

            Pour terminer, citons encore quelques noms célèbres dont certains appartiennent au passé. Oregon, déjà cité en tant qu’étalon, fut également excellent à l’attelage et on pourrait dénombrer parmi ses produits une longue liste de chevaux de compétition. Nous nous arrêterons à Marco, né en 1968, toujours en compétition aujourd’hui. Au cours de sa longue carière, il a gagné quelque 70.000 FI. On citera encore Zampa et Bayard, Geirus et Ebert, Alfred et Ulex.
        

         Alfred (né en 1952, par Cornet) était un superstar même si son modèle n’était pas parfait en raison d’un dos faible. Ce cheval inouï fut considéré de 1957 jusqu’à sa mort en 1970 comme le roi des trotteurs de présentation en accumulant 368 victoires en épreuves réservées à un cheval et 18 titres nationaux (9 attelé seul, 3 à l’attelage à deux et 6 en tandem). Son propriétaire J. W. Van Dijck donna à son écurie le nom de son crack. Le successeur d’Alfred fut Edeling, un cheval plein de majesté, qui relégua tous les autres chevaux dans l’ombre grâce à des prestations tout en distinction et en élégance.

         A l’heure actuelle, il existe deux produits d’élite qui se partagent les victoires des championnats et des compétitions: il s’agit de Sebastian III (*1976 par Hoogheid) et Dietlof (*1978 par Pygmalion). L’un et l’autre appartiennent aujourd’hui à nouveau à Jan Schep qui avait vendu Dietlof à Henk Van Tuyl lors de sa première année de succès. Van Tuyl, qui est à présent le sponsor de l’attelage à quatre de llsbrand Chardon, fit entraîner et présenter le cheval avec grand bonheur par Egbert Emmink qui devint notamment champion national d’attelage à un cheval.

         Il semble pour le moment que ces deux as du trot soient trop forts pour être mis sérieusement en cause par la concurrence, mais ils devront sans nul doute céder la place au sommet à leurs successeurs. Car, il existe toujours beaucoup d’amateurs de trotteurs de présentation aux Pays-Bas!
Photos et texcte : Max Minekus In mémoriamAchenbach  1/1989

 

 


  Commentaires
-question par M29 (09/11/2008 21:02:05)
-voir aussi : par JeanClaudeGrognet (09/11/2008 22:07:42)
http://attelage.org/f_article_read.php?aid=6042
-le public par Jimbo2 (09/11/2008 21:54:04)
ce qui est formidable c'est le public nombreux que l'on voit sur les photos ...