Article proposé par Figoli, paru le 12/10/2007 08:02:50 Rubrique : Culture générale, lu 2499 fois. Un commentaire |
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L’origine de l’attelage sportif présentée….par un « Agitateur » (suite)
Dépêchons nous de gagner nos places. La première course, la plus renommée (car elle suit immédiatement la cérémonie de la Pompa) est malheureusement déjà bien entamée.
Mais que fait l’agitator de ma faction ? Il serre trop la borne, il va se renvers.. !!!
C’est fait, les chevaux se sont relevés, le char est debout, mais le cocher est traîné sur la piste par les guides qui sont nouées autour de son corps. Heureusement qu’il est protégé par un corset de boudins de cuir. Ah! il vient de se dégager en coupant les guides grâce à son couteau à lame recourbée (typique des Auriges et Agitators et dédié à cette fonction de sécurité). Il se relève, tout va bien.
Corset de l’aurige avec son couteau Accident de borne (relief trouvé à Nimes)
(A remarquer sur ce bas relief, la technique d’attelage des chars avec un joug relié au timon.)
Voyez, les chevaux continuent à courir bloquant les autres attelages!
Ils franchissent les premiers la ligne blanche d’arrivée et s’arrêtent quelques stades après.
Oui! Les verts ont gagné!!! Nos supporters sont en délire, la victoire va à notre faction.
Hé oui, chez nous, ce sont les chevaux arrivés les premiers qui gagnent, même sans le cocher; pas chez vous ?
Je suis content pour mon collègue car nous nous avons été élevés ensembles. Fils d’esclaves, nous avons, dès notre plus jeune âge, travaillé dans les écuries. Nous sommes devenus de bons palefreniers connaissant bien nos chevaux venus d’Italie, de Lusitanie ou d’Afrique du Nord. Dès l’âge de treize ans , sous le nom « d’Aurige débutant », nous avons été initiés à la dangereuse conduite des biges et nombreux de nos compagnons de l’époque sont morts ou infirmes. Puis comme Auriges, nous avons commencé à courir en biges puis en triges.
Les sommes gagnées étaient faibles, pas plus de 1000 sesterces, mais nous commencions à être reconnus. Après maintes victoires, nous avons concouru avec des quadriges et nous fumes alors désignés comme Agitatores. Nous avons, depuis, gagné d’énormes sommes, une course de quadrige pouvant rapporter à la faction gagnante jusqu’à 60000 sesterces.
Si, malgré sa célébrité, mon compagnon est toujours esclave, mes nombreux exploits ont tellement enthousiasmé les foules que mon Maître a du, sous la pression, m’affranchir. Je suis donc, à 24 ans, un homme libre, riche et célèbre, et peut être qu’un jour, moi Aurelius, fils du néant, deviendrai-je le « Dominus »(Directeur) de ma faction.
Ah oui, c’est vrai, je ne vous ai pas encore expliqué ce qu’est une faction. En fait, c’est toute une organisation , une entreprise, …comme vos clubs de foot dites vous? Peut être. En tout cas, chaque faction assure le recrutement et la formation des hommes, l’achat des chevaux, la gestion des écuries,... Dés qu’ils veulent organiser les Ludis, les Editors font donc appel à ces factions qui sont actuellement au nombre de quatre: les bleus, les rouges, les blancs, et bien évidemment les verts.
L’engouement des supporters est tellement fort pour chaque couleur, le désir de pouvoir des magistrats tellement développé, que les enjeux sportifs, financiers et politiques se mélangent.
Ah, chez vous aussi !
Bien, la piste est dégagée et nous allons pouvoir assister à la prochaine des 24 courses de cette journée. C’est une course de cavaliers voltigeurs « Les Désultores » (nommés également Cursores), menant chacun deux chevaux.
Montés sur un cheval ils sautent à terre pour monter en voltige sur leur deuxième. Vous assisterez à d’autres courses de ce type dans la journée.
Fresque de sarcophage d’enfant
Avant d’aller retrouver ma faction, je vais vous commenter la prochaine course de quadriges.
Les hommes viennent de reboucher les trous de la piste. Ils ont également enlevé les débris des courses précédentes, mais aussi d’autres objets dangereux déterrés par les pieds des chevaux
Les adeptes de la magie noire ont en effet pour habitude d’enterrer des amulettes dans le sol, devant les carceres, espérant ainsi faire gagner leur faction.
Dans les stalles de départ, le personnel s’affaire et vérifie la fixation du joug des timoniers, le réglage du trait des chevaux extérieurs….Cette course va rassembler les quatre factions représentées chacune par 3 chars. Croyez moi, cela va faire du monde sur la piste, car chaque char est accompagné d’un cavalier, l’« Hordatore » et d’un homme de piste, le « Sparsor » (équipé d’une amphore paillée et d’un fouet).
Bas relief (vatican)
Mais le silence se fait. L’Editor vient de se lever. Il est tendu. En effet, si la Ludi est réussie, sa popularité sera grande, et pourra ainsi faire avancer sa carrière politique.
Plaque en ivoire du dirigeant portant dans sa main la mappa (musée de Brescia)
Il avance la main et laisse tomber une serviette blanche, « la Mappa ». Accompagné d’une sonnerie de trompette, ce geste est le signal du départ de la course.
Les portes s’ouvrent, les équipes se lancent, la foule crie et prie. Je vais essayer de vous faire entendre mes explications dans ce tumulte assourdissant.
Représentation hollywoodienne aux décors non authentiques
La course est lancée. Les hordatores armés de leur fouet « règlent » le parcours de leurs concurrents, les poussent, les encouragent,… leur frayent aussi un chemin.
Mosaique de Carthage (Odéon)
Soyez attentifs aux tactiques employées par les attelages de chaque faction, pour placer en tête leur meilleur agitator. Si vous êtes vigilants, vous constaterez qu’il peut aussi y avoir des alliances entre certaines factions.
Oh, un sparsor est tombé prés de la borne. L’hordator a pu l’éviter, mais l’attelage risque de le piétiner.
à suivre …..