Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 02/08/2007 08:11:21 Rubrique : Culture générale, lu 2723 fois. Un commentaire |
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par
Or. David Snow BSc (Vet), EVSc, PhD, MRCVS
Chef de Département, Comparative Physiology Unit,
Animal Health Trust, Newmarket, GBR
Durant l’année 1988, le Dr David Snow et plusieurs de
ses collègues de « l’ Animal Health Trust » , Newmarket, GBR ont
conduit un programme de recherche sur les épreuves d’attelage. Il était
nécessaire, en effet, aucune information n’étant disponible sur cette question,
de déterminer le stress subi par les chevaux durant les diverses parties du
marathon des trois jours de compétition. Les informations obtenues étaient
destinées à permettre de formuler un certain nombre de conseils à donner aux
concurrents concernant la préparation des chevaux pour les compétitions ainsi
qu’à aider à la formulation des directives vétérinaires à mettre en oeuvre lors
des arrêts durant la course.
Le stress subi durant le marathon a été déterminé à
partir d’un certain nombre de mesures simples. Les rythmes cardiaques durant
tout le marathon, ainsi que les rythmes respiratoires et les températures
rectales à la fin de la section E, furent mesurés pour un certain nombre de
chevaux lors de sept épreuves. De plus, des prises de sang furent effectuées
après la section E lors de cinq épreuves. Les principaux résultats sont résumés
dans le Tableau 1. On peut remarquer que les plus grandes variations prennent
place dans les épreuves les plus difficiles. Le degré de difficulté fut établi
en fonction du terrain, des conditions atmosphériques et de l’état du sol. Les
résultats obtenus et leur interprétation valent tant pour les conducteurs
d’attelages qui prennent part à des compétitions sur longues distances que pour
ceux qui concourent dans les épreuves d’attelage.
TABLEAU 1
RESUME DES PRINCIPAUX RESULTATS
EPREUVE ETAPES DIFFI CULTE —
R.C.M PULS. /M.* RESPIRA TIONS/MIN - TEMP. LACTATE MMOL/L
ETAPE E °
C
BRIGHTON 3 + + + + 209 119
40.5 6.5
ROYAL WINDSOR 5 + + 191 116
40.0 4.5
FLOORS CASTLE 5 + + 182 97
39.4 3.5
SANDRINGHAI1 5 + 179 101
39.7 3.4
LOWTHER 5 — + + + + 207 129
40.1 4.5
CASTLE HOWARD 3 + + + 202 99
39.9 -
NATIONAL WINDSOR 5 + + 177 104
39.5 -
REPOS 25—35 12—20
37.4 1.0
* RYTHMES CARDIAQUES MAX.
La meilleure façon de déterminer avec précision le niveau de difficulté imposé au cheval ou au poney est de mesurer le rythme cardiaque. Ceci parce que plus l’effort demandé à l’organisme est sévère, plus le besoin des muscles en sang chargé d’oxygène et d’éléments nutritifs est élevé.
RECHERCHES SUR LA FORME PHYSIQUE DES CHEVAUX
L’accroissement du rythme cardiaque est seul en mesure d’assumer cette fonction d’alimentation rapide en oxygène et en éléments nutritifs. Aujourd’hui, le rythme cardiaque peut être surveillé en permanence par des instruments disponibles dans le commerce. Ce sont de tels instruments qui ont été utilisés pour déterminer les variations du rythme cardiaque pendant le marathon. On a ainsi découvert qu’à certains moments du marathon, le rythme cardiaque peut dépasser 200 pulsations à la minute. Pour certains chevaux, des rythmes aussi élevés que 230 pulsations/minute ont été enregistrés. Ces chiffres indiquent que les chevaux/poneys peuvent atteindre leur rythme cardiaque maximum durant le marathon.
De tels rythmes cardiaques aussi élevés ne surviennent que pour de courtes périodes, n’excédant pas en général deux minutes; ils ont été enregistrés d’habitude lors d’ascensions de très fortes pentes ou lors de passages difficiles dans les descentes. Au cours de la plupart des sections de trot (c’est—à—dire A, C et E), les rythmes cardiaques oscillaient entre 150 — 180 pulsations/minute. Lors des arrêts dans les sections B et D, les rythmes cardiaques revenaient en général à 40 — 50 pulsations/minutes.
Toutefois, au cours des compétitions les plus
difficiles, on a pu enregistrer des cas où plusieurs chevaux maintenaient leurs
rythmes cardiaques au—dessous de 70 pulsations/minute lors de l’arrêt. Ce fut
généralement le cas pour les chevaux dont le rythme cardiaque était déjà le
plus élevé lors de la phase précédente.
Pendant et immédiatement après l’exercice, le rythme respiratoire des chevaux s’accroît de façon significative. Ceci afin d’alimenter le sang en oxygène, d’éliminer le gaz carbonique et une partie de la chaleur produite durant l’activité musculaire. A la fin de la section E, on a pu noter de grands écarts dans les rythmes respiratoires. Pour les chevaux, des rythmes aussi élevés que 140 — 150 respirations/minute ont pu être observés, tandis que pour les poneys, ce rythme a pu monter, dans certains cas, à 180 respirations/minute.
Les rythmes les plus élevés ont été enregistrés chez
les sujets manifestant les températures rectales les plus hautes. Après la
section E, on assiste généralement à une baisse très sensible du rythme
respiratoire durant les quinze premières minutes environ. Une baisse plus lente
de ce rythme indique que le sujet est fatigué.
L’accroissement de la température rectale est un autre
bon indicateur de l’intensité globale de l’effort fourni pendant le marathon.
Aujourd’hui, cette température peut être facilement mesurée avec un thermomètre
digital. Les contractions musculaires provoquent une forte production de
chaleur. Si l’organisme ne disposait d’aucun moyen pour éliminer cette chaleur,
la température du corps s’élèverait à un niveau dangereux. Ceci ne se produit
pas en raison du fait que, comme l’être humain, le cheval est capable
d’éliminer une partie importante de cette chaleur par la transpiration. Ce
système d’élimination de la chaleur permet de contrôler efficacement la
température du corps; cependant, des problèmes peuvent surgir lors de
journées particulièrement humides où l’efficacité de la transpiration peut être
réduite et/ou lorsque des chevaux travaillent à un rythme cardiaque élevé pour
de longues périodes.
Lors d’épreuves plus difficiles, on a pu noter qu’une
proportion élevée de chevaux avait des températures au—dessus de 40°C (104°F), certains au—dessus de 41°C et trois au—dessus même de 42°C (108°F) (la température normale étant d’environ 37,4°C). Des températures de plus de 42°C représentent un risque médical évident exigent des soins immédiats visant à faire baisser la
température du cheval en faisant un large usage d’eau et même de la glace. Il
est intéressant de constater que des températures de plus de 40°C ont été enregistrées plus fréquemment chez les chevaux que chez les poneys.
Lorsque les muscles sont insuffisamment alimentés en
oxygène, l’organisme produit de l’énergie additionnelle par la formation de
lactate (sel d’acide lactique). Cela se produit à un rythme cardiaque élevé,
approximativement au—dessus de 180 pulsations/ minute. La mesure du lactate
contenu dans le sang peut également servir à déterminer le volume d’effort, Là
encore, le taux d’accroissement du lactate reflétait le niveau de difficulté de
la compétition.
Ainsi, que peut—on retenir des résultats obtenus lors de
ces sept épreuves? En règle générale, les résultats indiquent que les concours
les moins difficiles ne sont pas très éprouvants pour les chevaux/poneys et que
n’importe quel sujet, convenablement préparé, devrait être capable de les
affronter. Les compétitions plus difficiles sont éprouvantes, notamment lors de
conditions atmosphériques pénibles. Diverses mesures peuvent être prises dans
le but de réduire la probabilité d’incidents pouvant conduire à l’abandon. Le
meilleur moyen d’éviter de tels incidents est une préparation adéquate; cela
signifie un entraînement approprié permettant de préparer au mieux le sujet et,
aussi, un régime alimentaire correct.
Durant l’entraînement, il est important que le sujet atteigne, pour de courtes périodes, un rythme cardiaque très élevé. Malheureusement, la conduite d’attelages sur un sol plat ou le long des routes, même lors de trots rapides, ne peut amener le rythme cardiaque qu’à 160 — 180 pulsations/minute. Des rythmes plus élevés ne peuvent être atteints qu’en escaladant de fortes pentes ou encore sur un sol lourd ou dans le sable. Si aucune de ces conditions n’est réunie, il est possible d’accroître l’effort exigé en chargeant l’attelage d’un poids additionnel. Un instrument de mesure du rythme cardiaque installé sur l’attelage peut être très utile car il permet de juger avec précision le niveau de difficulté de l’effort demandé aux chevaux. En général, les conducteurs ont tendance à penser que les chevaux sont entraînés plus durement qu’ils ne le sont en réalité. De tels instruments de mesure peuvent aussi servir à surveiller la forme du cheval en déterminant la durée de la baisse du rythme cardiaque après la fin de l’exercice. Plus le sujet est en forme, plus rapide est cette baisse.
Durant l’entraînement, le cheval parvenant à une meilleure forme, il
devient plus apte à tirer une charge plus lourde, sa transpiration devenant
plus efficace. En raison de la perte de sels (électrolytes) par la transpiration,
il est important de s’assurer qu’une préparation électrolytique est utilisée
quotidiennement ou, plus simplement et moins cher, d’ajouter une ou deux
grammes de sel de cuisine à son alimentation quotidienne. De plus,
l’utilisation de préparations additionnelles contenant des vitamines et
d’autres substances peut être bénéfique.
Durant la compétition elle—même, différentes stratégies peuvent être mises en oeuvre pour diminuer le stress. La connaissance détaillée du parcours à effectuer permet souvent aux concurrents de décider où la vitesse peut être modifiée, sans risquer de se placer hors des délais. Par exemple, les montées peuvent être effectuées à une vitesse réduite si le temps perdu peut être rattrapé sur un terrain plus facile tel que des routes ou des chemins à plat. Puisqu’une hausse de la température de corps constitue l’une des raisons majeures pour lesquelles le cheval/poney se fatigue et peut être éliminé, certaines mesures peuvent être prises pour essayer de réduire la hausse de température le jour de la compétition.
Il est important de veiller à ce que la robe du sujet
soit bien tondue et que son poids ne soit pas excessif. Tout excès de poids
chez un sujet est considéré comme un désavantage car non seulement la graisse
agit comme une isolation mais encore tout excès de poids requiert un effort
supplémentaire de la part de l’animal, ce qui conduit à une dépense plus grande
d’énergie et à une plus grande production de chaleur.
Pendant qu’ils attendent au départ, les chevaux devraient
être placés à l’ombre dans la mesure du possible. Durant les arrêts, on peut
aider à rafraîchir les chevaux avec de l’eau fraîche et en leur permettant de
boire. Lors des compétitions dont la durée n’excède pas quelques heures,
l’adjonction de sel à l’eau de boisson n’est pas essentielle; cependant, si
l’exercice dure plus longtemps ou si le sujet fournit un effort sévère, il est
important d’ajouter du sel à l’eau de boisson. Toutefois, si du sel doit
être ajouté à l’eau, il est nécessaire d’habituer le cheval à l’eau salée avant
la compétition. La douche est aussi importante après la fin du marathon et elle
devrait être une priorité dès que l’on constate le moindre signe de coup de
chaleur.
Une autre constatation intéressante de cette recherche a été qu’en tandem, en
paires ou en équipes, les chevaux travaillent différemment. Comme on pouvait
s’y attendre, on a pu constater, qu’en tandem, les chevaux de tête (leaders)
ont une tâche relativement facile comparée aux chevaux de brancard (wheelers),
tandis que dans les équipages, selon la stratégie adoptée par le conducteur,
les chevaux de tête peuvent devoir travailler très durement. Pour ce qui touche
aux paires, on a constaté qu’en certains cas, les deux chevaux travaillaient de
façon égale, tandis que dans d’autres, l’un travaillait plus que l’autre à
l’évidence. Un exemple en est montré dans le
Tableau 2. Ces différences dans l’effort peuvent être attribuées
soit à un état physique différent, soit au fait que l’un est plus
travailleur que l’autre. L’idéal voudrait que les deux chevaux travaillent de
façon égale. Une répartition inégale du travail ou le manque de capacité à se
répartir équitablement le travail peut être déterminé durant l’entraînement en
mesurant les rythmes cardiaques et les températures rectales; des mesures
peuvent alors être prises pour remédier au problème.
TABLEAU 2
COMPARAISON DES RESULTATS DE DEUX PAIRES, DONT UNE TRAVAILLE DE
FACON EGALE ET L’AUTRE DE FACON INEGALE
DROITE GAUCHE
DROITE GAUCHE
Rythme card. max. à A 221 178
206 210
Rythme card. avant C 51 38 44
39
Rythme card. max. à C 205 167 187
184
Rythme card. avant E 46 38 43
39
Rythme card. max. à E 225 195 214
208
Temp. rectale C 39.8 38.7 —
—
Lactate mmol/l 10.4 1.4 9.6
8.1