Article proposé par Renata, paru le 30/12/2023 12:09:44
Rubrique : Culture générale, lu 575 fois. Pas de commentaires
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Frou Frou, belles dentelles et attelage (réédition de 2012)


 

 

Cet article  a été publié en 2012. Il est réapparu  récemment dans notre historique en ce mois de décembre 2023 sans les photos.

Il me souvenait d'en avoir apprécié le contenu et les photos, mais vous aussi... l'article a été lu plus de 7000 fois!

je suis toujours très enthousiaste à ce qui concerne le XIX ème siècle et la Belle Epoque... Aussi ai je demandé à Rénata de nous réactualiser cet article. C'est une chance, elle a conservé l'original. JCG

 

 

Froufrous, fanfreluches, affiquets et falbalas

 

 

 

          On ne parle pas assez des difficultés de ces dames à concilier élégance et voyage en voiture, du temps des crinolines au milieu du 19ème siècle !

 

 

 

Alfred de prades

 

 

 

 

          Crinolines, tournures et crinolettes, l’évolution de la mode à partir de 1830, part du jupon d’étoffe raide en crin qui s’ajoute à plusieurs autres jupons, à la cage de cerceaux métalliques (jusqu’à 1.80m de diamètre), pour revenir à une silhouette qui souligne « l’arrière main » par la tournure (autrement appelée faux-cul ou rembourrage) inventée par le C F Worth, le créateur de la haute couture.

 

           

 

Elizabeth d Autriche (Sissi),  habillée par Worth portrait de Franz Xaver Winterhalter 1865

 

Jeune femme traversant le boulevard

Jean Beraud (1849-1936)

(le cheval est sous le charme !)

 

Somptueuse robe de bal à crinoline et coquette robe de jour à tournure

 

 

 

 

 

          Venue du vertugadin (16-17ème) et du panier en forme (18ème), la crinoline ne sera utilisée que quelques années (1845 / 1869), inspirée par l’impératrice Eugénie en hommage à Marie-Antoinette.

          Elle a l’avantage d’alléger le poids en tissus et de donner une impression de liberté.

Impression toute relative, les femmes « de la société » en ce temps là, sont corsetées et soumises à des codes vestimentaires drastiques, robes du matin, de dîner, de promenade, du soir, d’équitation, de deuil, de voyage, de campagne, d’intérieur, de sortie, d’excursion…..

 

Georgina Charlotte Theobald par Francis Calcraft Turner

 

Impératrice Eugénie

 

Belle aisance !

 

 

 

          Dans l’industrieuse maison Thomson, quatre cents ouvrières fabriquent vingt sortes de cages dans seize tailles différentes, avec un nombre de cerceaux variant de quatre à quarante, pour produire douze à quinze mille crinolines par semaine et fournir l’Europe et l’Amérique.

 

Maison Thomson 1865

 

 

Livraison de crinolines 1854

 

 

          La mode est impitoyable avec la contrainte des corsets qui coupent le souffle, les cages de crins, de baleines et d’acier qui  forment ces corolles, certes gracieuses et charmantes, mais qui emprisonnent les femmes.

 

          Elles acceptent ces carcans, dont on peut imaginer l’inconfort dans la vie quotidienne, pour « paraître », gommer leurs imperfections physiques et sculpter une silhouette flatteuse.

 

          Il y a des inconvénients :

 

          - les accrochages, l’inflammabilité

 

 

Accident de crinoline – dessin de Télory 1858

 

 

 

Habilleuse pompière !

 

 

 

 

- l’obligation de s’asseoir au bord du siège (qui reste une marque de politesse)

 

L’omnibus (1880) -  Maurice Delondre

 

 

          - la pamoison, quand l’émotion est trop forte

 

Stagecoach Adventure, Bagshot Heath (1848) William Powell

 

 

 

          - les difficultés à monter en voiture

 

 

André Frémont (détail)

 

 

 

George Cruikshank – Traveling in France

 

         

          - ou d’en descendre

 

 

 

 

 

Alfred de Prades

 

 

 

 

          - le risque de se salir

 

Catalogue Moseman’s

 

 

- ou d’accrocher le bas de la jupe

 

François Claudius Compte-Calix -  le traîneau

 

 

Eugène Louis Lami

 

Il y a des jours ou rien ne va !

 

 

Honoré Daumier

 

« Des dames d’un demi monde, mais n’ayant pas de demi jupes », les caricaturistes s’en donnent à cœur joie.

 

 

 

George Cruikshank

 

 

 

 

 

 

 

 

 

William Heath

 

 

 

 

 

  Honoré Daumier

 

 

          Y a-t-il des avantages ?

 

          L’élégante apparence bien sûr, l’espace protégé, le territoire formé par les crinolines autour des femmes (près de 2 m2 !) a probablement dicté un comportement et une gestuelle de courtoisie, l’aménagement des voitures (utilisées à l’origine par elles, les messieurs se déplacent à cheval) et pourquoi pas les dimensions de la caisse, comme la largeur des portes des « grandes maisons »  et la superficie des salles de réception !

 

 

          « …Nous sommes en 1859, la Comtesse Clémence de Villevroy se rend à un bal organisé par le Vicomte Philippe de la Chavenière. Debout en équilibre, les mains fermement agrippées aux anneaux de son étui à porteurs*, Clémence ménage ses vastes jupes, ses rubans et ses dentelles flottant autour de sa personne. Il n’est pas question d’arriver au bal avec une robe chiffonnée, froissée ou fripée. Elle a mis plusieurs heures pour enfiler : sa chemise en mousseline, son pantalon paré de dentelles, son corsage à taille ronde, sa parure superposant jupes de crinoline et robes très larges à volants (ces toilettes très volumineuses nécessitaient d’organiser les bals dans d’immenses salons afin de ne pas gêner ces élégantes dans leurs parades). Parée d’une coiffure, entremêlant tresses, rubans et perles, Clémence n’a pas oublié son chapeau de paille de riz très en vogue depuis quelque temps… »

 

* si quelqu’un sait ce qu’est un « étui à porteurs », merci de nous éclairer !

 

 

 

 

          D’autres artistes exaltent la féminité sensuelle ou la pudeur bienséante.

 

 

 

 

Louis Icart

 

 

 

 

 

 

Une bonne action – Modes Parisiennes

François Claudius Compte 1860

 

 

 

Ladies entering their carriage in Belgrave Square

Eugene-Louis Lami

 

 

 

Jean Béraud

 

 

 

Ninette Butterworth

 

 

 

          Batiste, popeline, organdi, chintz, brocard, lamé, dentelle, crêpe, de Chine ou georgette, mousseline, guipure, satin, shantung, soie, taffetas, velours, tous ces tissus froufroutent, bruissent et frémissent. Ils s’allient aux palettes de couleurs vives ou douces, se parent de bijoux, de colifichets, de frivolités et de suivez-moi-jeune-homme, très explicites !

 

 

 

 

Winterhalter -1855

 

Hommage à Eugénie entourée de ses demoiselles d’honneur, pour les robes de princesse qui font toujours rêver les petites filles!

 

 

 

ndlr : ajoutons à ces belles images de Rénata les parole de Frou-Frou (1898)

Chanson écrite par M. Montréal et Blondeau, musique de H. Chatau

 

La femme porte quelquefois
La culotte dans son ménage
Le fait est constaté je crois
Dans les liens du mariage
Mais quand elle va pédalant
En culotte comme un zouave
La chose me semble plus grave
Et je me dis en la voyant
{Refrain:}
Frou frou, frou frou par son jupon la femme
Frou frou, frou frou de l'homme trouble l'âme
Frou frou, frou frou certainement la femme
Séduit surtout par son gentil frou frou

La femme ayant l'air d'un garçon
Ne fut jamais très attrayante
C'est le frou frou de son jupon
Qui la rend surtout excitante
Lorsque l'homme entend ce frou frou
C'est étonnant tout ce qu'il ose
Soudain il voit la vie en rose
Il s'électrise, il devient fou
{Refrain}
En culotte me direz-vous
On est bien mieux à bicyclette
Mais moi je dis que sans frou frou
Une femme n'est pas complète
Lorsqu'on la voit retrousser
Son cotillon vous ensorcelle
Son frou frou
C'est comme un bruit d'aile
Qui passe et vient vous caresser

 

 

 

Et les commentaires de 2012

 

 

-splendid ! par JeanClaudeGrognet (06/02/2012 13:40:50)

j'ai un faible pour Ninette Butterworth !

-

HA HA... par Morinj (10/02/2012 09:57:53)

Je reconnais bien là le bon gout et la clsse....!

 

-Tout de même... par JeanClaudeGrognet (10/02/2012 12:09:30)

Quelle Belle Epoque... pour les yeux !

 

-Il y a étui et étui ... à porteurs par (11/02/2012 12:04:23)

Après avoir lu plusieurs fois le texte , regardé attentivement toutes les illustrations et être allée voir sur internet des images de chaises à porteurs du XIXème siècle (je recommande les sites d'antiquaires en ligne {les sites , pas les antiquaires !}, il m'est venu une idée : et si cet "étui" n'était qu'une manière humoristique de désigner la chaise à porteurs. Cela expliquerait que notre malheureuse comtesse ne puisse pas s'asseoir correctement ("debout en équilibre"), la faible largeur des chaises et l'importance de la robe l'en empêchent ; que, du coup, elle est obligée de se cramponner aux anneaux fixés sur les côtés intérieurs de la chaise pour ne pas choir ("les mains fermement agrippées aux anneaux") compte tenu des balancements bringuebalants dus à la course des porteurs.
Quoi qu'il en soit, merci pour ce très bel article (tout comme vos autres articles du reste), superbement illustré.

 

-Oui ! par Renata (11/02/2012 22:57:18)

Voilà une riche idée !
J'avais imaginé la belle dans un coupé de ville par exemple, sans conviction, votre explication est bien plus crédible, merci Domi !

 

-4 ans plus tard par JeanClaudeGrognet (09/12/2016 08:34:29)

Toujours le même plaisir à regarder ces tableaux


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  Commentaires