Article proposé par Toto, paru le 20/11/2021 08:57:52
Rubrique : Reportages, lu 973 fois. Un commentaire
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C'était WAREGEM en 1987


 

 

 

Compte-rendu du concours de Waregem  (Belgique)

 

(8-11 Octobre 1987: Concours d’Attelage International, Paire de Poneys)

 

 

Championnat de France 1987 :

  Il s’est déroulé à Paris : hébergement sur l’hippodrome d’Auteuil, quelques obstacles dans le Bois de Boulogne et l’essentiel des épreuves sur l’hippodrome de Longchamp.

  François DUTILLOY y a testé les roues ATEL, modèle 1987: après la perte d’une roue sur un obstacle, François a terminé l’épreuve de marathon par un passage au Val-de-Grâce (il était militaire, en permission pour la durée du concours) et déclaré forfait pour le concours international de Waregem (Belgique), deux semaines plus tard. Les voitures ATEL, modèle 1988, ont été équipées de roues Robin : au printemps 1988, c’est moi qui ai transporté un premier lot de bandages de Lusigny-sur-Ouche (Côte-d’Or) à Cuts.

  J’ai gagné ce Championnat, dans la catégorie des 2 poneys (à l’époque, il n’y avait pas de subdivision Amateur/Elite). Ayant eu peu de résultats dans l’année, je n’avais pas fait de demande de participation en épreuves internationales à la FFE, et j’ai appris que les inscriptions pour Waregem étaient closes; mais, François DUTILLOY étant forfait, j’ai pu prendre sa place.

 

Waregem : l’équipe :

           Mon groom était Olivier GAGNEUX, devenu ultérieurement le groom de marathon d’Anne-Violaine BRISOU. Ma mère Colette VANTROYS nous accompagnait et conduisait la camionnette C35, tandis que je tirais le plateau avec ma voiture Nissan Patrol. Un couple d’amis (Jeanne-Marie et Cung), qui ne connaissait pas l’attelage mais avec qui nous avions pratiqué de la randonnée, nous a rejoint pour s’occuper de l’organisation générale.

Sur place, Colette VANTROYS circulait avec le C35: elle a embouti un juge flamand, qui lui a ensuite envoyé sa facture de réparation. Olivier avait demandé des francs belges au Crédit Agricole: les billets qu’ont lui a fournis n’avaient plus cours !

         Poneys : nous avions Éole, Mistral et Hermine. Mistral était un peu jeune, et ne faisait pas encore le marathon. Éole était un peu raide (mal incurvé) et ne faisait pas le dressage. Il n’était pas nécessaire de le détendre avant le marathon, qui mesurait 28 km. Comme François n’avait inscrit que 2 poneys, Éole s’est vu attribuer le n°0.

Matériel : nous avons employé pour le marathon le phaéton Robin, et, en dressage et maniabilité, le break Robin: presque neuf (datant de 1986), mais un peu lourd ; pour la maniabilité, il fallait lui adjoindre des roues cages.

 

Waregem : le site :

           Le concours était basé sur l’hippodrome, sur lequel se déroulaient le dressage et la maniabilité; la plupart des obstacles de marathon étant sur la propriété du baron CASIER, à quelques kilomètres de là. Certaines parties du parcours étaient situées sur des marais asséchés, traversés de canaux ; la période était très humide, et les marais comme l’hippodrome étaient loin d’être secs.

Waregem (on ne prononce pas comme Waterloo, mais comme Varsovie), tout près de la France, est en plein pays flamand. Quand on s’adresse en français à un autochtone, il ne comprend pas toujours et, s’il comprend, il répond en flamand. Quand je suis passé à la frontière française, un automobiliste s’est adressé au douanier : ‘Enfin un français ! Monsieur le douanier, je tourne en rond depuis 2 heures, ôtez-moi d’un doute : ‘Rijsel’, c’est bien Lille (à 10km)?’. Mais les organisateurs tenaient à nous faire bon accueil. Ils ont même traduit mon nom : je suis devenu Monsieur de Troys.

 

Période d’installation :

          Nous sommes partis le jeudi. Comme de n’était pas très loin (juste derrière la frontière : 250 km), nous sommes arrivés de bonne heure et avons pu nous rendre le jour même sur le marathon. Un pont sur un canal (passerelle en ciment) a cédé sous le poids de ma voiture : j’avais presque fini de le franchir mais, pour rentrer, j’ai dû traverser un champ de patates où je me suis enlisé. Le bris du pont (sur lequel il était initialement prévu de faire passer au trot les attelages à 4 chevaux) a été considéré comme normal, puis qu’il n’était pas armé et que le temps était humide.

          En attendant le tracteur, j’ai pu observer la méthode employée par les Belges pour planter les flèches du marathon : un petit monsieur montait sur les épaules d’une grosse dame pour taper du marteau sur le haut des flèches. Ils ont continué à flécher le parcours passant par le pont brisé, alors qu’il a ensuite du être modifié.

Sitôt dégagé, je suis parti pour la gare (Lille) chercher nos amis qui arrivaient en train.

 

            La concurrence :

          Dans notre catégorie, il y avait des belges, des hollandais et deux anglaises.

 

Vendredi 9 Octobre: Dressage

Le Jury comportait un juge français: Monsieur le Marquis Paul de Brantes était juge au gué (en dressage). Le sol était ferme à proximité de sa tribune, mais il n’en était pas de même dans un des coins du terrain, où mes poneys ont parfois dû galoper pour tirer leur lourde voiture.

J’ai pris un certain retard sur cette épreuve.

 

Samedi 10 Octobre: Marathon

          Le Jeudi, nous avions fait une première reconnaissance des obstacles. Le Vendredi, nous avons constaté la modification des portes d’un des obstacles, qui évitait de faire 2 fois le tour d’un certain arbre. Juste avant notre départ, notre chef d’équipe, Jacques TAMALET, nous a averti que l’obstacle en question avait repris sa forme du jeudi, à savoir 2 fois le tour de l’arbre. Cette information n’a pas été transmise aux allemands, qui ont tous été éliminés, malgré la grande colère de leur chef d’équipe ; mais notre catégorie n’était pas concernée.

J’étais le premier concurrent de ma série à prendre le départ. Le public a pu m’observer sur tous les obstacles situés dans le parc du château, car les concurrents suivants n’arrivaient pas : en effet, le marchand de glaces s’était engagé à ma suite dans un chemin creux permettant d’accéder à ce parc, et s’y était enlisé.

Nous avons gagné le marathon : entre autres, j’avais été le seul à être resté au galop pendant toute la traversée du gué, long et relativement profond.

Le temps était sec pendant mon parcours, mais des trombes d’eau se sont abattues sur le marathon des 4 chevaux. Il a ensuite fallu 5 tracteurs pour vider le parking des spectateurs.

 

Dimanche 11 Octobre: Maniabilité

J’ai fait un parcours sans faute dans le temps, et j’ai donc été qualifié pour le barrage, ainsi que les 2 anglaises.

La tribune du jury était placée très en hauteur, si bien que les juges, en plus du parcours, avaient une visibilité complète sur le terrain de détente.

Mes amis, qui ne connaissaient pas l’attelage, ont admiré les dérapages contrôlés que j’effectuais dans les coins. En attendant le barrage, je leur ai donc fait une démonstration détaillée sur le terrain de détente, Jeanne-Marie étant dans la voiture. Mais, au lieu de glisser, les roues ont tenu (terrain détrempé) et la voiture est montée: Jeanne-Marie était assise du mauvais côté; et la voiture ne s’est pas contentée de verser, elle a continué son mouvement jusqu’au retournement complet. C’était le premier retournement de ma carrière et, encore en 2021, le seul. Cette voiture a peut-être un problème d’équilibrage car c’était la seule fois où nous avons versé avec et, sur le plat, elle a continué jusqu’au retournement.

          Je verse à peu près une fois tous les 5 ans, depuis 1985. Certains confondent les termes de renversement et de retournement, mais je peux affirmer que le ressenti n’est pas du tout le même.

          Cependant, aucun humain n’a souffert: nous avons tous été éjectés proprement; les poneys sont restés sur leurs pieds. Mais le matériel a souffert: les lanternes étaient toutes cabossées, le garde-crottes (en bois) était brisé en diagonale, et les bricoles étaient éclatées.

Les juges, depuis leur perchoir, avaient tout vu. Ils m’ont demandé si je désirais toujours prendre le départ du barrage et, sur ma réponse affirmative, ils ont retardé ce barrage d’un quart d’heure pour que j’aie le temps de pédaler jusqu’aux écuries chercher les bricoles de marathon.

Je suis donc parti au barrage, un peu tremblant, avec mon garde-crottes éclaté; je n’ai donc pas été trop vite, ne faisant pas plus de dérapages contrôlés qu’au premier tour, et avec un nouveau parcours sans faute: j’ai gagné ce barrage, mais avec seulement une faible avance.

Au classement général, les épreuves d’obstacles m’ont permis de dépasser la plupart de mes concurrents, mais pas les deux anglaises, et j’ai donc terminé à la troisième place.

 

Emmanuel VANTROYS

 

Écrit le 1er Novembre 2021 (34 ans plus tard) en fonction de mes souvenirs.


  Commentaires
-merci Toto par JeanClaudeGrognet (20/11/2021 09:00:20)