Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 13/05/2020 11:22:34
Rubrique : Interviews, lu 3077 fois. Pas de commentaires
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Immersion dans l'Endurance en attelage avec GILBERT MIQUEU (suite et fin)


 

   

Contrôle d'un attelage au départ d'un concours d'Endurance en attelage

          L'endurance en attelage, on en parle de temps en temps sur a.o, l'annonce des concours, des résultats, et quelques reportages.

          Les premières épreuves ont lieu en 2005 dans le nord de la France, et  attelage.org a  participé  à la promotion de cette nouvelle discipline. Très vite, deux conceptions de concours fondamentalement différentes s'opposent. Les tenants de l'Endurance attelée, à savoir une voiture ultra légère attelée à 1 cheval pour participer dans le même temps aux courses d'endurance monté (comme en Allemagne),  et les tenants de l'Endurance en attelage, ouverts à tous types de chevaux comme à toutes les catégories.

          En France, et plus particulièrement les meneurs de chevaux de trait de Bretagne,  vont rapidement  s'approprier  cette discipline naissante, et organiser des concours. La FFE va suivre, et éditer dès 2008 son projet de règlement, qui impose la présence de groom dans  les équipages. Toutes les catégories, chevaux de trait, de sang et poneys ont accès à cette nouvelle compétition.

          La discipline a suivi son chemin, le nombre de meneurs intéressés par ces compétitions progresse. attelage.org a voulu faire le point, et Gilbert Miqueu, juge et organisateur  a bien voulu répondre à nos questions. 

          Il n'avait aucune connaissance dans l'équitation, et c'est  avec le cheval de sa femme qu'il découvre l'attelage et  se forme auprès de professionnels (qu’il ne nommera pas pour n’oublier personne). Il découvre grâce à 2 amis  l’endurance en attelage. En 2009,  avec le soutien de Christian Lozano, juge international d'Endurance et organisateur du challenge international « Al Shaqab » ils organisent sur les pistes de Tarbes / Ibos dans les hautes Pyrénées une première course d’endurance en attelage en complément de la course montée. Aujourd'hui il participe à l’organisation deux à trois concours dans l'année (Bazillac, Chis...).

         

          A la découverte de l'Endurance à l'attelage

 

          Une première chose à savoir sur cette discipline : l'Endurance en attelage fait partie fait de la discipline de l'Endurance de la FFE, elle reprend les dispositions techniques de cette dernière, avec des spécificités pour l'attelage.

 

          a.o: comment se compose une équipe d'Endurance en attelage ?

 

 

          Gilbert Miqueu: Equidés du poney A au team traits (2 rangs, origine règlement trec). Sont admis les chevaux de sang, de trait, poneys, et mules. Recherche un animal calme et généreux ayant une bonne locomotion, et surtout une bonne vitesse de récupération cardiaque et un bon mental.

          Meneurs : licence LFC club, amateur, pro - 12 ans mini, galop 4 jusqu'à 18 ans, équipier 18 ans - Après 18 ans pas de galops demandé

          Equipier : licence LFC, - l’âge de l’équipier est conditionné par l’âge du meneur.

          a.o: vous sélectionnez les équidés sur ces critères, mais pour ce qui est de la récupération cardiaque ?

 

          G.M : bien entendu il faut des chevaux qui acceptent volontiers la traction. Il doit déjà avoir au repos un bon rythme cardiaque et le plus bas possible. Les courses selon le niveau font entre 10 et 30 kilomètres, à vitesse imposée, entre 8 et 15 km/h suivant les catégories, et peuvent se dérouler sur deux jours pour les catégories élite.

 

 

          a.o : quelle est le déroulement type d'une épreuve ?

 

G.M : l’épreuve se déroule en majorité sur les chemins ruraux (2 % de goudron tolérés), en circulation ouverte, obligation du respect du code de la route et en départ individuel.

 

               quelques conseils: Arriver sur le site au + tôt, au mieux la veille : éliminer la fatigue et le stress du voyage. Acclimatation à l’environnement, météo, odeurs, ambiance.

Reconnaissance parcours, suivant les conditions de l’organisateur. Celle-ci peut se faire à pied ou à vélo, tout engin motorisé est interdit.

Récolte des informations officielles. Préparer l’espace grooming. Montrer a pied les aires vétérinaires, de grooming, de départ/arrivée aux chevaux/poneys

Mettre au calme.

Anticiper pour gagner du temps

H -1 h contrôle vétérinaire initial de tous les équidés : cardiaque, métabolisme, allures

H -10 mn contrôle des équipages : voitures, harnais, tenues meneur et équipiers. Les spécifications techniques pour les voitures restent succinctes, mais cette disposition du règlement pourrait évoluer. Il y a une course à la légèreté dont le règlement doit limiter les excès. Le règlement de cette jeune discipline est en constante évolution.

H- 0 départs individuels planifiés

- départ individuel dans le calme, équipage au complet, fouet en main. Ce précipiter et oublier d’enclencher le chrono ne fait pas gagner du temps ! Surveiller le terrain, adapter l’effort pour récupérer ou rattraper du temps.

- observer son cheval/poney, transpiration, respiration, cardiaque. Anticiper les pauses de rafraichissement ( point eau ou assistance). Atteindre l’arrivée en anticipant la récupération.

- course dans respect du meilleur confort des équidés et au plus près de la vitesse imposée

- après l’arrivée, refroidissement et soins aux équidés

- dans les 30 m après l’arrivée présentation au contrôle vétérinaire final équidés nus sans aucune protection. Cheval et meneur calme et détendu. Eviter le stress parasite.

Epreuves en deux étapes, même procédure.    

          L'épreuve dure entre 1h30 et 2 heures maximum. À l'arrivée les équidés sont dégarnis et doivent être présentés au contrôle vétérinaire dans les 30 minutes après l'arrivée. Le classement se fera en fonction de la vitesse obtenue sur le parcours, sans dépasser la vitesse maximale autorisée, et les points sont conditionnés par le rythme cardiaque de l'équidé. Ainsi si tout le monde fait la même vitesse sur le parcours, tout va se jouer sur la fréquence du rythme cardiaque notée au contrôle vétérinaire final. Il y a aussi un contrôle de la locomotion bien entendu, mais encore le métabolisme et le taux de déshydratation.

 

 

 

 

Inspection vétérinaire à l'arrivée

 

 

 

          a.o : si je comprends bien, cette compétition "exclue" tous les chevaux près du sang, émotifs, nerveux... ?

 

          G.M : oui ! C'est pourquoi l'on voit au championnat de France depuis 2/3 années, des teams comportant des mules qui se classent très bien. En effet les mules ont un cardiaque très bas. Pour ce type d'attelage faire un parcours à 12 km/h n'est pas un problème. Il faut aussi éviter les chevaux qui ont un poids superflu. Nous avons observé des chevaux d'âge bien entraînés avoir de très belles récupérations cardiaques. De même pour les chevaux de trait, les vétérinaires habitués aux chevaux de sang de l'Endurance, sont souvent étonnés des résultats. Tout est dans l'entraînement !

 

          a.o : comment se pratique le contrôle vétérinaire sur des attelages de deux ou quatre chevaux?

 

          G.M : les chevaux sont présentés individuellement, le résultat du cardiaque se fait sur la moyenne de l'ensemble des équidés. Un seul contrôle autorisé, les équidés devant être présentés dans les 30 minutes après l'arrivée. Le vétérinaire contrôle le rythme cardiaque, le métabolisme, déshydratation, éventuelles blessures puis fait exécuter un trotting sur 30 mètres aller et retour pour vérifier les risques de boiterie.

 

          a.o : comment apprend-on, comment entraîne-t-on ?

 

          G.M: nous organisons tous les ans en hiver, des stages avec des vétérinaires, cette année l'entraîneur national d'endurance est également venu donner des conseils. L'entraînement doit être régulier et long. L'essentiel du travail se fait au pas sur des terrains variés. Les distances d'entraînement sont progressivement augmentées. Il faut aussi avoir un tableau de bord pour enregistrer les entraînements, les vitesses réalisées, les distances, et les fréquences cardiaques observées au départ, à l'arrivée, et après différents temps de récupération. On peut suivre ainsi l'amélioration du temps de récupération avec les entraînements.

         

          a.o : le cardio fréquencemètre est-il autorisé pendant les épreuves ?

 

          G.M : oui pendant la course, pendant les soins, mais pas dans l'aire vétérinaire.

 

          a.o : l'équipe autour des équidés participe à la récupération des chevaux…

 

          G.M : il est obligatoire pour l'organisateur, de prévoir des points d'eau tous les 10  kilomètres. Les meneurs qui auront reconnu auparavant le parcours, les véhicules à moteur étant interdits, vont gérer leur parcours en fonction de la topographie du terrain, et de ces points d'eau ou points d’assistance définis accessibles à l’équipe d’assistants . Les parcours se font à allure libre, mais dans la fourchette de temps imposé.

 

 

 

          À l'arrivée, il faut faire baisser la température corporelle du cheval et son cardiaque afin d'améliorer sa récupération.

 

          C'est le moment de parler des hommes. Le meneur doit être une personne calme, ayant une bonne connaissance de ses équidés et de leurs réactions. Il  doit savoir juger de leur état de fatigue ou d'inconfort. Le ou les coéquipiers de la voiture, doivent être bon en chronométrage et en calcul mental. Il s'agit de pouvoir informer le meneur de l'avance ou du retard de l'attelage sur le parcours. Le parcours est kilométré tous les 5 km.

          Le groom de la voiture peut descendre pendant parcours, sans toutefois ne pas s'éloigner de plus de 10 m de la voiture. Ainsi un bon coureur à pied peut largement soulager les équidés !

          En cas de force majeure meneur et coéquipiers peuvent échanger leur place durant le parcours. Il y a aussi les coéquipiers d'assistance. Le meneur peut disposer de cinq personnes pour aider à garnir, dégarnir, mais aussi se rendre sur différents du parcours pour rafraîchir les chevaux.

 

          a.o : image de l'endurance en général, n'a pas forcément bonne presse auprès du public. Cette image nuit elle au recrutement de nouveaux compétiteurs ?

 

          G.M : je vous rejoins. Il y a eu des dérives dans la discipline de l'Endurance, l’évolution du règlement corrige les comportements litigieux. Mais nous avons dans l'Endurance en attelage, évité les problèmes avec notre règle de vitesse imposée. C'est une différence importante, nous ne faisons pas une course d'endurance, à vitesse libre. La limite dans la discipline, est que tout cheval dépassant 64 pulsations de cardiaque est éliminé. Depuis le temps que je juge, je n'ai jamais vu un cheval d'attelage recevoir des soins conséquents d’un surmenage.

 

 

 

Aline et Amandine Arda

Alternativement meneuse et coéquipière sur les Championnats de France 2018/2019

         

 

La plupart des meneurs qui sont devenus des passionnés de cette discipline, sont issus du loisir. La plupart ont pris une licence le jour de leur première compétition. Ces meneurs de loisirs ont souvent été formés par des meneurs de l'attelage sportif. Ils possèdent des équipements « sérieux » tant pour les voitures que pour les harnais.

 

         

a.o : quel est l'évolution de l'Endurance à l'attelage ces dernières années ?

         

         

GM : la Commission d'Endurance de la fédération, souhaite voir un maximum de participants aux championnats de France. Ainsi il suffit d'être classé sur une épreuve pour participer à la finale. C'est un règlement qui pénalise les organisateurs. Ainsi l'on voit arriver au mois de juin des concurrents venant chercher une qualification pour le mois d'août … Il y a une moyenne de 15 concurrents sur les concours, et 40 pour un championnat de France.

          Il ne faut pas se le cacher, l'Endurance en attelage stagne un peu. Elle devrait intéresser les meneurs de loisirs. On y retrouve le côté randonnée et convivialité. On commence à voir des cavaliers se mettre à l'attelage. On va chercher les gens au travers de nos journées découvertes et stages. On leur fait découvrir l'endurance en attelage et la compétition, et ce qui est positif, c'est que ces meneurs nous reviennent et restent fidèles à la discipline. L'essayer c'est l'adopter !

 

 

 

 

 

 

 

 

         

          Les avis de quelques participants aux concours d'Endurance en attelage

 

          Monsieur André Abadia

         

          Il mène 4 chevaux de trait comtois, ce qu'il aime dans l'endurance en attelage? : " j'aime bien le principe de ces épreuves qui respectent le cheval. Il n'y a pas de triche les données physiologiques font le classement. L'ambiance est conviviale, c'est moins compliqué que l'attelage sportif, mais je travaille tout de même le dressage pour donner de la souplesse à mes chevaux."

          Monsieur Abadia a été CdF TREC en 2004 et CdF d'Endurance en attelage en 2018.

 

                    Tony Arda

" Nous aimons l'endurance en attelage car c'est la discipline qui se rapproche à notre avis le plus de la randonnée de loisir car nous empruntons les chemins ruraux à travers les forets et le long des champs à l'aide d'une carte d'orientation et d'un fléchage.

Le chronomètre et la vitesse imposée liés au cardiaque du cheval anime notre esprit de compétition.

La diversité des lieux d'endurance nous fait découvrir de jolis petits villages et leurs paysages magnifiques, tels que Bazillac et Chis en Bigorre, Cantoin et Ols-et-Rhinodes dans l'Aveyron, Martel dans le Lot, Le Garric Cap Découverte dans le Tarn pour les qualifications et pour les Championnats de France à Castelsagrat dans le Tarn-et-Garonne, et Montendre en Charentes-Maritimes.

C'est un réel plaisir d’être accueilli par chacun des organisateurs qui mettent tout en œuvre pour le bien être des chevaux ainsi que leur généreuse convivialité gastronomique.

L'endurance en attelage nous réuni tous sur le même point du respect  du cheval qui renforce l'esprit d'équipe. "

T.A

 

 

 

Jean Louis Castéra meneur à 2 chevaux

 " Je suis un meneur de loisir. J'ai fait mes débuts à l'attelage chez Mr Massiot. J'ai fait la connaissance de Mr Miqueu et les concours d'endurance que j'affectionne aujourd'hui. J'en fait 3 à 4 dans l'année acec mes 2 chevaux. L'un est un KWPN, l'autre un lusitanien. "

J.L C 

 

 

          ©  JCG/attelage.org

 

          Le classement des épreuves d'Endurance en attelage:

          Les points sont attribués en fonction d’une formule incluant la vitesse et la moyenne des rythmes cardiaques des équidés.

          La performance de chaque concurrent est calculée selon la formule suivante : (Vitesse x 2) – Vitesse mini de l’épreuve) x 100 / Fréquence cardiaque finale

          Le concurrent le mieux classé est celui qui obtient le résultat le plus élevé

          Pénalités éliminatoire : Cardiaque supérieur à 64 pulsation/ minute - Vitesse supérieure à la vitesse imposée de plus de 0.5 km/h - Boiterie, fatigue, métabolisme

          Non présentation aux contrôles - Aide de complaisance sur le parcours : voiture, piéton, cavalier, …….

          Pénalisable : vitesse supérieure à la vitesse imposée et de 0,01 à 0,50 km/h la vitesse retenue sera pénalisée suivant : la vitesse maximale autorisée sur l’ensemble de l’épreuve – le dépassement -Tenue, propreté, harnachement - mauvais comportement de l’assistance (le concurrent est responsable de son assistance)

 

      


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