Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 14/11/2019 08:28:35 Rubrique : Interviews, lu 3074 fois. 2 commentaires |
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ANNA CHRISTMANN
Avant cet interview, je ne connaissais pas Anna. Nous nous étions simplement croisés sur quelques terrains de concours sans plus. Je m'attendais à trouver une jeune femme plutôt réservée et timide, mais nos premiers échanges se sont emballés très vite, ce qui pour celui qui veut recueillir des renseignements, est toujours chose agréable.
" C'est par le CSO que j'ai débuté à 7/8 ans en club sur des poneys. Mon plaisir de monter a été vite grandissant jusqu'à l'âge de 18 ans. J'ai préparé mon baccalauréat agricole et lors d'un stage au Haras d'Oz dans le Haut-Rhin, près de chez mes parents, j'ai connu mes premières pratiques de l'équitation en compétition. Ma première jument, mes parents me l'ont achetée lorsque j'avais 17 ans, je tournais à l'époque en classe D. J'ai eu ensuite une autre jument, Folie, qui m'a permis d'accéder aux épreuves C."
"J'ai connu Sébastien Vincent à la fin de la carrière de Folie. Il avait une jument (Top Modèle), qu'il avait débourré à l'attelage, née chez un propriétaire, Jean-Luc Poulain. "
En compétition à Compiègne avec Top Modèle
" J'ai mis fin au CSO en 2018. Il fallait faire un choix en terme de temps, entre le CSO et l'attelage que j'avais découvert aux Attelages de Sacy. Pour en revenir à la chronologie des faits, c'est avec Rustine Neuve Forge, une jument Mérens appartenant à Raymond Debienne un élève de Sébastien que j'ai fait mes débuts. Ça a été "un ouragan" dans ma carrière équestre et dans ma vie. Il y a des chevaux comme ça qui vous marquent. On a mis un terme à la compétition pour elle il y a deux ans. Elle m'a amenée au seuil des CAI. Elle est aujourd'hui confiée à Marine Delporte, elle poursuit sa carrière en concours Club.
Rustine à Lamotte Beuvron
Sébastien
En 2009 j'étais en formation BPJEPS à Compiègne, je travaillais au club hippique de Claye-Souilly en Seine-et-Marne. Je connaissais déjà Sébastien et il m'a proposé de venir travailler avec lui à Sacy. Aujourd'hui je fais beaucoup de choses aux Attelages de Sacy, je m'occupe des écuries, de la comptabilité, je suis aussi en prestations extérieures, mariages, événements VIP, Noël etc... Tant que je ne faisais pas moi-même de compétitions trop importantes, j'ai groomé intégralement Sébastien sur les concours de 2010 (ses débuts à 4 chevaux de sang), jusqu'en 2017.
Cette immersion dans les grandes épreuves internationales, JEM, Championnats d'EU et du Monde m'ont appris beaucoup de choses, et je suis entrée avec mes poneys sur les épreuves internationales avec un petit acquis sur le timing, le règlement etc...
Les prestations des Attelages de Sacy
" Landau 8 ressorts: voiture de prestige, utilisée pour les mariages ou les événements privés."
"Sébastien a fait construire sur un châssis de Landau cette "Citrouille". C'est une voiture qui a ses fans mais aussi ses détracteurs ! On aime ou on n'aime pas… Il faut la regarder pour ce à quoi il est destinée, mais pas avec un regard expert de Tradition.
La Cendrillon ou Citrouille
D'autres voitures des Attelages de Sacy ...
Wagonnette et Pauline
Omnibus
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Halage sur le canal de l'Ourq
LES ATTELAGES DE SACY
Ecole d'attelage
Mail Coach Location d'attelage pour toutes occasions: mariage, fêtes, ...
Promenades en calèches grande capacité, voitures de prestige et voitures de collection
Toutes prestations hippomobiles
Travaux agricoles
La compétition, Anne Violaine, et Jean-Pierre Brisou.
" Je m'organise sur la journée en fonction de la saison, pour dégager du temps pour le travail des poneys. C'est lors d'un stage organisé par le CRE que j'ai fait la connaissance d'Anne Violaine et de Jean-Pierre. Sébastien y était venu avec ses chevaux. Un peu plus tard en 2016 lors d'une autre réunion, nous avons mis sur pied un rythme de travail régulier. Évidemment avoir un compétiteur à la maison comme Sébastien, peut présenter des avantages. Mais il n'est pas toujours disponible, et travailler ensemble, vivre ensemble, ne sont pas des conditions optimums pour préparer les chevaux à la compétition. On entend toujours moins bien son conjoint dans ces conditions, qu'une personne extérieure.
Les débuts avec Anne Violaine et Jean Pierre ont été difficiles, ça a été une remise en cause profonde ! On a vite organisé un travail régulier, bâti sur une progression méthodique, l'échelle de progression du dressage. Une chance pour moi, Anne Violaine est cavalière, et l'on parle le même langage. Anne Violaine a toujours une solution avec des exercices différents lorsque je rencontre une difficulté. Chaque séance est la découverte d'une difficulté supplémentaire. Selon l'année du championnat du monde pour les solos ou les poneys, les réunions sont plus ou moins rapprochées. Cette année 2020 par exemple, Anne Violaine à une grosse échéance et nous nous verrons qu'une fois par semaine. En 2019 je suis allée trois week-ends sur quatre à Chantilly pour travailler aussi la mania et le marathon avec Jean-Pierre. Je me sens vraiment chanceuse de cette organisation, ils sont pleinement impliqués dans ma réussite. En 2020 la fréquence sera d'un week end sur deux. Personnellement je travaille aussi sous la selle pour les assouplissements, et aux longues rênes où je me fais aider par Sébastien.
Pour en revenir à la compétition, et j'ai abordé les premier CAI avec Rustine. J'ai tenté ma chance en 2017 pour Minden, mais nous étions trop justes. C'est alors que Monsieur et Madame Daneels (Les Grands Joncs Marins) m'ont proposé Unic Eye d'Ihia. C'est un poney français de selle, il n'a de pottok que la mère de sa mère et la couleur! Malheureusement Unic a eu des petits problèmes de santé, et n'a pas fait de compétition en 2018. C'est donc uniquement cette année 2019 que nous avons repris le travail et les concours internationaux.
Unic Eye d'Ihia
Nijebert's Nico, dit "Nico" mon autre poney, qui appartient à Monsieur et Madame Lenglet les organisateurs du concours d'Heilly a fait une très belle première saison avec moi avec une seconde place au Championnat de France. J'en reste là pour mon piquet de poneys. Bien sûr j'aurais toutes facilités pour passer chez les chevaux, mais je n'en ai pas le goût, je préfère rester dans l'univers des poneys. Je mène tout de même parfois les chevaux de Sébastien!
Nijebert's Nico (welsh)
" En cette année de sélection 2019, le plus difficile pour moi a été d'être sélectionnée pour le championnat du monde. Je partais avec beaucoup moins d'expérience que les autres meneurs, comme Claire, Émilie, Delphine, ou Marjorie. Je savais aussi que mon point faible était le marathon, Rustine ne m'ayant jamais fait connaître les vitesses d'un marathon de championnat du monde. J'ai fait beaucoup d'erreurs dans les marathons du début de saison pour cette raison. Il me fallait aussi être incontournable pour une sélection, Sébastien ayant été désigné entraîneur des poneys. Il y avait pratiquement conflit d'intérêts, donc la sélection ne devait pas souffrir de discussion.
Les débuts de la saison ont été compliqués, je me suis accrochée, le haut niveau c'est très dur, ça fait mal "à la tête", il faut encaisser quand ça ne passe pas. J'ai une chance je suis très bien entourée, et à force de travail c'est passé. J'ai eu de belles réussites comme à Saumur avec Nico, mais aussi à Chablis et au Pin.
Au championnat du monde j'ai été fort impressionnée en entrant sur la carrière de dressage. On en rêve pendant des mois et des mois et puis le jour J... Je fais des fautes inhabituelles parce que j'étais tendue. C'est là que l'on réalise que mener même en concours international et en championnat du monde n'est pas la même chose ! Il faut maintenant que je monte cette marche là. Ces concours là sont des étapes importantes pour progresser. La championne du monde de cette année en est à sa quatrième ou cinquième participation. J'espérais une note avec un 5 et quelque chose derrière, mais j'ai fait 62. Une petite parenthèse tout de même, et sans chercher la "French Excuse" comme dirait un meneur australien, il y a quand même eu des écarts de notes énormes entre les juges, des écarts de cinq points sur une figure. C'est dommage à ce niveau-là d'avoir de telles disparités.
Le marathon n'a pas été trop mal, mais je fais un tombant dans le dernier obstacle, et cela m'écarte de la liste des 10 meilleurs du marathon. Une petite mésaventure cependant, Unic lui aussi a glissé dans le gué. On est passé dans les premiers, et mon groom Benoit Campard n'a pas reçu d'informations dans l'oreillette à ce sujet. Le gué de ce championnat du monde a été le pire obstacle que j'ai jamais vue !
La maniabilité, hum... C'est le test où j'ai vraiment été très déçue. C'est l'épreuve que j'adore le plus. Je fais trois balles, je n'en ai vu que deux, aussi le ciel m'est tombé sur la tête à l'annonce du résultat. Toujours ce manque d'expérience, et vouloir trop bien faire…
J'ai donc terminé dans le milieu du tableau, ça ne me satisfait pas, même pour une première participation. Je n'ai pas ce tempérament là. Il faut que je travaille plus, ça passera peut-être aussi par de la préparation mentale, peut-être moins concours mais plus souvent à l'étranger. Il y a aussi la préparation sur les internationaux, et sans esprit critique pour les CAI français qui sont très bien organisés, lorsque l'on participe à l'étranger on est sous une pression et une concurrence plus importante. J'ai aussi remarqué qu'à l'étranger, les pistes de maniabilité et les obstacles sont plus techniques. Je ne suis pour autant, pas partisane de réduire les temps."
Cette année a été une grosse année, il y a eu de belles réussites, figurer sur la liste des athlètes de haut niveau et sur le haut de la ranking list FEI, même si elle n'est pas représentative fait très plaisir. J'ai la chance et le privilège d'avoir beaucoup de gens autour de moi, parfois même très loin de moi .... ( ndlr: et là au bout du fil l'émotion submerge Anna, elle avoue pleurer facilement étant très émotive ...) ... m'ont apporté beaucoup de soutien, monsieur et madame Daneels, monsieur et madame Lenglet, Sébastien, Anne Violaine, Jean Pierre, mes co-équipiers, la Société Horsemeal Nealia mon sponsor, sans oublier mon papa, ma maman et ma petite sœur qui sont là depuis le début.
Seule on ne fait rien dans le haut niveau."
© JCG/attelage.org