Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 18/05/2017 07:06:26 Rubrique : Interviews, lu 2719 fois. Pas de commentaires |
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Et de deux ! Après Horst, Michaël Sellier monte une nouvelle fois sur le podium, cette fois-ci au CAI de Windsor. C'est un meneur manifestement très heureux que j'ai eu pendant plus d'une heure au téléphone. Nous avons échangé nos points de vue sur ses performances, sur l'avenir, sur le sport et le haut niveau en général.
Le meneur est heureux, autant par les résultats positifs obtenus régulièrement depuis 2 années, que par la conviction aujourd'hui, que ses choix de préparation pour l'échéance 2017 (1), ont été les bons choix. Des choix qui reposent sur trois piliers : la confiance totale envers Boyd Exell, qui est le stratège, le préparateur, celui qui voit loin, Johanna son préparateur mental, et un rapport harmonieux avec la Fédération. Ajoutez à cela une distance avec le court terme, une distance avec toutes les chapelles qui parcourent notre discipline, une distance avec toutes les "pollutions" qui génèrent de la contre-performance. A ce propos, je lui demande si les médias sont pour lui une source de pollution : « pas nécessairement, j'ai appris à gérer le rapport avec les médias. Cela fait parti des obligations du sportif de haut niveau. Il y a bien les conférences de presse, et ceux qui ont atteint un niveau de maturité sont capables de faire une parenthèse avec la compétition. Il faut s'inspirer des autres sports, des meilleurs sportifs et de l'environnement dans lequel vivent ces sportifs. »
Réaliste, loin des émotions et de l'euphorie que pourraient générer la période récente, Michaël reste très conscient de la fragilité de la situation. Tous les clignotants sont au vert, il sait bien l'importance du jour J, et que ce jour-là, tout peut basculer sur une petite erreur, sur un détail. Cela peut arriver aussi au CAI de Valskenwaard en juin où il est engagé. L'important dit-il « c'est de ne rien regretter, d'avoir donné le maximum sur chacune des épreuves, et de maintenir le carnet de route qui a été fixé avec chacune des étapes à réaliser. Si Lipica tourne en ma faveur, il y aura peut-être une part de chance, mais il y aura avant tout, une très grosse part de préparation. »
Excellente situation: bonne poussée, bon contact, bonne attitude, symétrie des 2 chevaux, bon équilibre, décontraction et sérénité dans l'effort.
Michaël a découvert Windsor cette année.
MS: « c'est un peu un rêve qui se réalise quand j'étais en solo Windsor n'était pas ouvert à la catégorie, et quand je suis passé en paire, c'est l'année qui n'a pas été ouverte à cette catégorie ! On a beaucoup vu le duc d'Edimbourg, soit en attelage ou aux remises des prix sur les trois journées. La Reine était à la remise des prix protocolaire le dimanche après-midi. Elle a salué les premiers de chacune des catégories, malheureusement en étant deuxième, je n'ai pas eu l'honneur lui serrer la main. Ça me fera une occasion d'y retourner ! »
« Ce qui est extraordinaire, ce sont toutes les activités présentes au Windsor Horses Show: les coachs, les présentations de tradition, j'ai été très impressionné par les épreuves de Hackneys. Il y a aussi tellement d'épreuves pour les cavaliers, qu'il est difficile de s'intéresser à tout. Windsor a vraiment un cachet particulier, aucun autre concours ne rivalise. Ce qui est impressionnant aussi, c'est la culture cheval que l'on sent présent chez tous les Anglais. Ils pratiquent aussi une belle équitation, je n'ai pas vu de mauvais cavalier. »
« Les journées attelage étaient très légères avec une soixantaine concurrents. On a le temps de profiter de tout. Le dressage et la maniabilité sont toujours le long de la Tamise, mais le paddock cette année, a été rapproché. Il n'y a pas eu de reconnaissance du routier, ça c'est bien aussi. Évidemment dans une propriété privée cela facilite les choses, mais dans la mesure du possible pour les grosses épreuves où les meneurs savent gérer leur temps et le chronomètre, ce n'est pas une mauvaise chose. Il faut évidemment sur le terrain que le parcours soit très bien balisé. C'est un côté professionnel intéressant. On perd beaucoup de temps sur les concours en reconnaissance, en briefing... »
JCG: peu de temps finalement entre Horst et Windsor...
MS: « Je suis revenu travailler en France entre les deux concours mais les chevaux ont continué leur préparation avec Boyd et son équipe. A Windsor les chevaux ont progressé sur le dressage, c'est incontestable. Je n'ai pas profité « d'un bon lot », je pouvais espérer une note un peu plus favorable au regard de la prestation fournie. Ce sont les aléas du dressage. Mais à 47 je suis dans les notes du top ten d'un championnat du monde. Quentin Simonet a fait des statistiques, et c'est ce qu'il en ressort. Aujourd'hui il faut être sous les 48. J'ai la chance d'avoir un attelage très homogène, performant sur les trois tests, sans lacune au dressage. Toutes mes notes sont sur 6,5-7. J'ai encore du mieux à faire sur le rythme. »
« Sur marathon le jeune cheval se révèle le meilleur, il est très réactif, les chevaux ont beaucoup d'équilibre sur les obstacles. Dans le 1 je me suis fait un peu surprendre par les chevaux, et petit à petit je suis resté collé aux temps de Verstappen. Les obstacles ont été très bien dessinés. »
« Sur la maniabilité les chevaux sont encore trop sous l'influence du marathon, la carrière était aussi très électrique avec une sono assez forte. Nous allons mettre un protocole de détente avant maniabilité pour canaliser l'énergie des chevaux, sans avoir à gérer cette énergie sur le parcours. »
JCG: l'après Valkenswaard ?
MS : « on verra avec Boyd après le concours. »
Et un, et deux et trois ? ce sera le mot d'une fin provisoire sur la marche vers la conquête du podium.
© JCG
(1) Le championnat du monde qui se déroulera à Lipica du 20 au 24 septembre.
Michaël Sellier et Maxime Maricourt sont coachés par Boyd Exell