Article proposé par Heliosness, paru le 19/09/2016 12:56:44
Rubrique : Reportages, lu 1806 fois. Un commentaire
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ALIXAN: Exigence et prix d'excellence


 

 

         Peu d’informations ce week-end, je sais… mais qu’aurais-je eu à partager, si je n’avais rien vécu ? Aussi, passons à table sans plus tarder !

         La matinée de samedi avait commencé sous un ciel gris souris, plutôt tristounet, qui ne s’est pas dégagé jusqu’au soir où il a éclaté en trombes d’eau. Le spectacle se déroulait sur les deux carrières, le dressage des clubs élite puis des amateurs 1 sur l’une et la maniabilité des mêmes, additionné des amateurs élite de la veille, sur l’autre.

            Le dressage : rien de transcendant, pas de brillant, excepté chez Corinne Bayart (Amateur 1, 49,82). Quatre autres ‘amateurs 1’ seulement sous les 55 en dressage : Thierry Meurs (cheval solo 50,30), Delphine De Jotemps (poney solo 50,79), Alain Villecourt (poney paire 51,88) et Michel Bitard (cheval solo 54,06).

         Quelques belles figures, des meneuses élégantes (qui valut jusque 9,5), des spiders agréables, mais des meneurs qui serrent parfois trop les guides, empêchant le cheval d’évoluer en souplesse, qui sont durs dans la bouche du cheval, encapuchonnant la tête. Très peu de beaux allongements, des difficultés assez générales avec le ‘rassembler’.

         On a fait attendre certains concurrents trop longtemps, le cheval est donc arrivé plutôt éteint, sans impulsion, fatigué à force de patauger dans le pré de détente trop tirant. Ce qui révèle que les chevaux manquent d’endurance et d’entraînement sur des surfaces difficiles. Pourtant, leur nature les prédispose à ce type d’effort, ce n’est qu’une question de pratique, d’exercices répétés.

         D’une manière générale, il faudrait travailler l’immobilité, le reculer, la précision dans les transitions. C’est parfois brouillon et quand c’est le cas, pas moyen de descendre en dessous de 60, un point c’est tout. Inutile de vous plaindre, ces juges étaient parfaitement compétents et expérimentés, le niveau attendu étant celui d’une dernière préparation au Championnat de France.

 

         Chez les clubs, on a encore vu certains chevaux dont on se demande ce qu’ils font là, « dangereux » me dit Daniel Wurgler, juge international, lui-même ancien compétiteur suisse de haut niveau à quatre chevaux (voir l’article mis en lien sur la page d’accueil). Il serait nécessaire que les entraîneurs et enseignants se posent la question de la légitimité de la présence, dans la catégorie ‘club élite’, de chevaux qui ne sont pas aux ordres du meneur et de meneurs qui se font encore mener par leur cheval. Il existe la catégorie ‘club’ pour ceux-là.

         J’ai eu vent d’une aigreur de meneurs qui ne comprenaient pas un écart de plus de 50 points entre les deux juges les plus extrêmes et qui accablaient le moins disant. J’aimerais qu’on m’explique pourquoi, lorsqu’il y a un écart important entre deux évaluations, on accable toujours le juge le moins généreux ! Pourquoi serait-il, lui, LE fautif  et non pas l’autre, le généreux ? Le fait est que, lorsque j’ai vérifié les notes par juge, j’ai constaté que le plus sévère était plus proche des autres juges que le plus tendre ! Il serait bon de s’emporter moins vite sur les concours et d’admettre enfin que les juges, autant que les meneurs, font de leur mieux. Alors réclamez des explications, des éclaircissements, contestez tant que vous voulez mais, de grâce, dans le calme et le respect. Certains ont parfois tendance à oublier qu’ils sont dans un concours et pas à L’école des fans !

         Jérôme Chèze a placé la barre haut. C’était un choix délibéré et mûrement réfléchi. Il souhaitait créer un concours qui permette aux meneurs français de se frotter à des juges de qualité internationale afin qu’ils puissent se situer par rapport à ce qui existe au meilleur niveau dans d’autres pays.

            La maniabilité était du même acabit. Jacques Tamalet, chef de piste, en a conçu le tracé avec un niveau de difficulté équivalant aux meilleurs concours internationaux.

 

« Les Français ne sont pas préparés à des terrains et des difficultés que l’on rencontre à l’international, me dit-il. Il est devenu nécessaire de les familiariser avec ce type de maniabilité et de concours dans son ensemble. L’attelage sportif français a fait de gros progrès, il doit maintenant franchir une étape. Cette maniabilité nécessitait une prise de risque supérieure à ce que l’on voit habituellement. Voyez, Stéphane Meyson a trotté tout du long et il est quasiment dans le temps (0,33 de pénalité de temps), ce n’est pas grave qu’il ait fait tomber des balles (5 d’où un total de 15,33). »

 

Il fallait galoper des portes 10 à 12 et entre les portes quand c’était possible, sur un sol moyennement roulant propice aux tressautements et dérapages. Bilan : aucun sans faute dans le temps mais Jean-Michel Olive et Axel Decourtye sont dans le temps en faisant tomber chacun 3 balles. Deux concurrents à moins de 5 points de pénalités pour dépassement, Thierry Meurs et Jean-Loup Prudent.

 

         Je l’avais marchée cette mania, j’étais bien contente de ne pas avoir à la faire ! Mais, je sens que mon entraîneur me ménage quelques surprises dorénavant… on va bien s’amuser !

       Le Marathon:  A 16 heures, je suis partie à la découverte des obstacles de marathon avec Axel Decourtye et son équipier. Pas de meilleur moyen d’apprendre que d’accompagner les meilleurs, de les écouter réfléchir à haute voix, de savourer ce plaisir qu’ils ont de me faire partager leurs analyses, leur savoir, leur expérience… j’adore !

         Ce n’est pas évident du tout de se projeter avec son attelage, de faire attention à chaque petit détail, aux angles qui pourraient blesser le cheval, à l’endroit précis où il faudra lui demander un changement de pied, envisager plusieurs solutions pour le cas où le sol serait devenu glissant, le gué creusé d’ornières. Penser à envisager dès le premier obstacle l’énergie à dépenser et celle à conserver pour parvenir au bout des huit obstacles. Tenir compte du fait que l’obstacle 6, très technique, aux enroulements incessants qui donnent le tournis, sont très serrés, à frôler les tonneaux, demande aux chevaux un contrôle de leurs mouvements et déplacement extrêmement intense à ce moment de réaliser le ¾ du parcours.

         Nous avons vécu un moment délicieux, de plaisanteries, de joie partagée, de course poursuite bon enfant avec Jean-Michel Olive et son équipier sur l’obstacle 2. Ce que j’aime sur les concours, c’est quand les meneurs s’apprécient, se respectent, partagent, échangent, se conseillent réciproquement dans la joie et la bonne humeur.

         Notre sport, peut-être parce qu’il est encore peu couru, quasi confidentiel, ne connaît pas trop les rivalités belliqueuses. Tant mieux. Ce qu’il faut développer me confie Jérôme Chèze, « c’est l’envie de réussir, pas de gagner ». Réussir, s’accomplir dans son sport, se perfectionner, s’améliorer, pas écraser l’autre. Toute une philosophie du sport.

         Après cette petite heure bien sympathique, place au jeu avec le tiercé d’attelage (voir la vidéo sur ao youtube). Beaucoup de monde, du public, des explications, de la pédagogie, un régal. En présence des invités, de la mairesse Aurélie Larroque, le Président de l’Agglomération… Sébastien Mourier a emprunté deux chevaux et nous a éblouis, il a du talent, bien qu’il finisse troisième derrière Jean-Michel Olive et Rémi Chèze. Tout le monde était heureux. C’est bon, les ambiances ludiques et festives.

 Jérôme Chèze et ses collaborateurs avaient à cœur de faire connaître notre sport, d’en montrer tous les aspects attrayants pour faire sinon des adeptes du moins des spectateurs. C’est réussi si on en juge à l’affluence du dimanche malgré la pluie incessante.

 

         La journée de samedi s’est achevée par un repas de 300 convives servi par la flopée de bénévoles souriants et empressés, en musique… sauf pour deux passionnés… mais ça, c’est un autre épisode !

Heliosness

 

 

 

 

 


  Commentaires
-Bravo par Antigone (20/09/2016 08:04:34)
Quel travail effectué pour un premier concours!Bravo à toute l'équipe et à Jérome d'avoir mené à bien un projet si ambitieux.
Béatrice