Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 18/08/2016 08:15:16 Rubrique : Interviews, lu 2166 fois. Un commentaire |
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Anne Violaine Brisou, une référence dans l'attelage solo français... 9 sélections en Equipe de France depuis 1998, dont 8 participations en Championnat du Monde, le millésime 2000 aux USA ayant été annulé. De retour de PIBER, attelage.org a recueilli les sentiments de la meneuse de Chantilly sur ce Championnat.
Anne Violaine Brisou : concernant ce Championnat du Monde, le décor était à la hauteur d'un tel événement. Le dressage s'est déroulé sur une très bonne carrière entourée d'une belle tribune. Le marathon était un peu sous dosé, compte tenu des conditions climatiques très humides, un obstacle a été supprimé sans modification du temps imparti, ce qui a laissé un peu plus de temps pour le parcours. Ce marathon a donc été un peu en dessous de la norme comparé aux dernières éditions, il a un peu manqué de "technique et de physique". La maniabilité a offert un beau parcours bien dessiné, mais malheureusement avec un temps imposé trop large, et qui a donc été moins sélectif de ce que l'on pouvait attendre d'une maniabilité de Championnat du Monde.
On a vu aussi énormément d'entorses au règlement, il m'a semblé beaucoup plus que d'habitude : en dressage la meneuse polonaise Veronika Kwiatek qui est médaille d'argent en individuel, a son cheval qui fait deux défenses sur les départs galop dont une incontestable. C'est sanctionnable de cinq points, mais passé inaperçu par le président du jury ! Un point de règlement avec lequel je ne suis pas forcément d'accord, veut l'élimination des meneurs ayant obtenu plus de 70 en dressage. Le règlement n'a pas été appliqué et après une réclamation des Hongrois et des Anglais qui avaient deux attelages chacun à plus de 70 points, tout le monde a pu prendre le départ du cross. Deux grooms d’un team majeur se sont permis de faire la reconnaissance de mania. Parallèlement il y a eu l'application stricte du règlement pour le saignement du cheval de Van den Broek le champion du monde en titre et vainqueur du dressage au moment de son élimination. Atmosphère étrange… L'impression que j'ai également, c'est qu'il y a des influences importantes de coachs et de fédérations majeures qui font du lobbying de manière plus ou moins importante à tous niveaux : logement des chevaux, sport, application du règlement.
Pour le sport ce qui est extrêmement positif, c'est que c'est la seconde fois que la France s'inscrit à très bon niveau sur l'épreuve de dressage. C'est très bon pour notre image, c'est très important, il y a deux ans nous étions premiers par équipe, à Piber nous sommes seconds. Et je suis ravie, vraiment ravie car les juges vont maintenant oser attribuer des points et regarder les meneurs français avec une autre œil. C'est une inversion très importante. A nous maintenant de faire en sorte que cela dure. C'est très important que le dressage français apparaisse positivement sur la scène internationale.
Concernant le marathon, peut-être que l'on a tous mis trop l'accent sur le dressage, peut-être que l'on a tous baissé un peu la garde pour cette épreuve. Les autres ont été meilleurs, les Suisses ont été extra grâce à Stéphan Ulrich, et bien bravo. Sur la maniabilité on n'est pas loin du compte, c'est le petit coup de chance, quand on est sur 3 points c'est comme ça. Les autres ont été meilleurs cette fois-ci, mais on n’est jamais loin du sujet. Bien sûr on est quatrième, bien sûr en y était allé pour une médaille par équipe. On est quatrième à peu et on reste dans le top mondial.
Dans l'équipe ça s'est très bien passé, c'était très bien d'être cinq, je crois que quand il y a des places de disponibles sur un championnat il faut les occuper. Ça permet de prendre de l'expérience, de faire une équipe plus forte. Les quelques jours passés ensemble la semaine précédente ont permis à l’équipe d’être plus soudée et plus joyeuse notamment grâce à une après-midi aquatique super sympa et cela à joué pour les 5 teams présents à Piber. La soirée des nations bien préparée tous ensemble en amont et joyeusement animée a soudé encore un peu plus le groupe France. Le staff a été très efficace et très appropriés dans ses interventions, ce fut très positif de travailler dans ces conditions.
a.o: satisfaite de ton cheval Qatar de Mesenguy ?
AVB: "j'ai beaucoup travaillé le dressage pour préparer ce Championnat du Monde. Qatar a été un peu impressionné par la carrière et son environnement, mais c'est un environnement Championnat du Monde, il faut s’adapter, c’est ce qui fait la qualité des chevaux performants. Je peux gagner encore un peu de points sur cette épreuve. Techniquement il y a eu de bonnes choses. Il a fallu faire de la gestion en raison de la variations des qualités de sols. Détente sur l'herbe, ensuite les 10 minutes avant d'entrer en piste étaient loin, il fallait traverser le village pour rentrer dans un manège avec un sol particulier. La carrière était constituée d'un autre sol. On a bien géré, le cheval a bien fait son travail en dressage.
Au marathon Qatar s'est figé sur le premier obstacle constitué de cubes assez massifs, peut-être avait-il des souvenirs de sa chute à Chablis? peut-être… peut être... là non plus je ne cherche pas d'excuse ce sont les circonstances et les aléas d'un concours. A la maniabilité le cheval a été très bien, très disponible, il a fait tout ce que je voulais, après juste une petite touchette...
Un championnat du monde ce sont des jugements, des prises de risques, une part de chance. Toutes les équipes qui sont là, au moins pour les meilleurs, travaillent beaucoup. Les allemands étaient là le mercredi précédant, répétant dressage et maniabilité. Il faut savoir que le Champion du Monde Dieter Lauterbach n'est arrivé que le lundi. Ce dernier est le sélectionneur des jeunes qui vont participer au Championnat d'Europe Juniors et pendant le week-end précédent le concours de Piber, Dieter Lauterbach était sur un concours regroupant 120 jeunes candidats à une sélection ! Ce dernier ne tenait pas la pression d'une maniabilité il y a quelques années. Manifestement les allemands qui avaient tendance à s'effondrer sur ce test ont résolu les problèmes, et ce réservoir de 120 jeunes équipés de chevaux ou de poneys c'est énorme et impressionnant pour l'avenir. Les résultats ne vont pas tomber du ciel !
Parmi les supporters il y avait énormément de hollandais, d’allemands et beaucoup de meneurs hollandais non sélectionnés pour Piber. Ils viennent voir le niveau et prendre des informations. Coté français, Didier Mathis et Yannick Cherel étaient là et ont passé la semaine avec nous. Ce n'est pas anodin pour des meneurs ou des techniciens de l'attelage de venir se rendre compte de l'évolution de la discipline sur un Championnat du Monde.
Nous sommes repartis pour un nouveau cycle de 2 ans, j’attends beaucoup de mon second cheval Zéro Attack G, Qatar lui va prendre un temps de repos, il a bien donné depuis deux ans. Je recherche d’ores et déjà un successeur à mes deux fidèles soldats, car mon vrai bonheur c’est de préparer les chevaux et de les emmener vers le meilleur niveau que l’on puisse espérer ensemble.
Mon dernier mot pour clôturer cette longue aventure ira à mon team, Jean-Pierre, Marie Fray, Olivier Gagneux et Mélissa Casado qui s’investissent totalement dans l’ombre à chaque instant pour que je puisse réaliser ces performances et à mes propriétaires Sylvie Desuter ( Elevage de Mesenguy ) et Patricia Nijdam Jones qui me font totalement confiance pour la gestion de leurs chevaux. Merci à eux.
Interview JCG