Article proposé par PHAETON, paru le 27/10/2014 12:32:03 Rubrique : Reportages, lu 3011 fois. 4 commentaires |
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Vendredi dernier, le 24 octobre, Joseph LEVEQUE a reçu une Hermine d'OR du CROS de Bretagne, récompensant chaque année 7 dirigeants, 7 organisateurs de conmpétition et 7 juges ou arbitres de tous les sports pratiqués en Bretagne.
Cette année Joseph faisait partie des lauréats du collège juges/arbitres, en raison de l'arrêt de sa carrière de technicien fédéral à l'âge de 83 ans, mais "bon pied, bon oeil". Yves Tazé
JOSEPH LEVEQUE
UNE VIE POUR LES CHEVAUX
UN TECHNICIEN FEDERAL NATIONAL ET INTERNATIONAL D’ATTELAGE QUI CLOTURE SA CARRIERE
Né en avril 1931, à Planguenoual, petite commune du littoral des Côtes d’Armor, à l’est de Lamballe, dans une famille d’agriculteurs, Joseph s’est retrouvé très vite derrière les chevaux bretons que sont père utilisait, pour les travaux des champs. C’est donc en enfant de paysan, puis paysan lui-même qu’il a passé les années noires de la guerre, puis a participé au développement agricole de la Bretagne. Eleveurs dans l’âme, les Lévèque travaillaient avec des juments qui faisaient un poulain par an; qu’il fallait dresser et préparer au travail avant les ventes. Ce jeune homme arrivant à la trentaine a vu apparaître les premiers tracteurs qui ont sonné le glas de la majorité de ces compagnons de travail ancestraux ; mais à côté des tracteurs, les juments bretonnes sont restées chez Joseph, éleveur professionnel de cette race pendant 30 ans.
A côté de cette activité professionnelle, Joseph, meneur depuis toujours, découvre, au début des années 80, l’attelage de compétition, avec des chevaux de sang. Pris par le virus de l’élevage, il va pendant les 20 ans qui vont suivre devenir éleveur de chevaux de selle, destinés à la compétition, aux écoles militaires, centres équestres et quelques particuliers. Et, bien entendu il va lui-même devenir compétiteur à l’époque où le DUC Philippe d’Edimbourg, donnait ses lettres de Noblesse à cette nouvelle discipline, et où les formateurs qu’il admirait s’appelaient Auguste DUBEY (Suisse) ou Tjeerd VERSTRAAD (Hollande), les premiers Champions du Monde.
Mais concourir à ces niveaux demandait, temps, moyens et quantités de travail, que la profession de Joseph, ne lui permettait pas; ce qui lui fit perdre sa motivation à l’attelage : le Plaisir….le plaisir de « communier » avec un animal auquel on peut tout apprendre et auquel, aussi, on confie parfois sa vie, en pleine confiance mutuelle. Lors d’un Championnat de France, à Fontainebleau, il a l’opportunité d’être secrétaire d’un juge. C’est le déclic. Cette fonction de juge lui plaît. Il se forme vite et rapidement obtient le plus haut diplôme fédéral en Attelage (Meneur aux longues guides= galop 9 actuel), et les plus hauts rangs nationaux, tant en temps que Juge que Chef de Piste. En conclusion de cette époque il a l’habitude de dire : « J’ai acheté une valise et un chapeau » ….. avec lesquels il a parcouru la France dans tous les sens.
Il y a donc 30 ans, il officiait sur le premier concours d’attelage de Saumur. Il n’en a ensuite raté aucune édition. « J’y ai occupé tous les postes, à la fois proche des concurrents et des chevaux, jugeant les performances et jamais loin des écuries ». Et en juin 2014, il vient, lors de la 30° édition (C’est aujourd’hui un concours international ****, parmi les plus côtés en Europe), d’y effectuer sa dernière prestation officielle, en temps que membre du jury d’appel international. Il a décidé de mettre un point final à ces 30 ans au service de l’attelage de compétition, et ceci à l’âge de 83 ans, dans une merveilleuse forme, physique et intellectuelle, qui lui aurait permis de continuer encore quelques années. Mais Joseph est ainsi ; sa valise est un peu déformée et il a un peu de mal à la traîner à travers l’Europe ; son chapeau et sa cravate l’ont lassé ; alors il prend la décision de tout arrêter cette année, en prévient tout le monde et s’est ainsi vu fêté à Rennes en Mai, pour son dernier concours en Bretagne dans le poste de Stewart International, avec lequel il a fini sa carrière, et à Saumur en concours International.
Le bilan de ces 30 ans ? D’innombrables concours de tous niveaux et de toutes catégories, auxquels il a participé comme concurrent d’abord, puis organisateur (à Planguenoual bien entendu), comme juge ou chef de piste, en Bretagne, et dans toute la France…Mais Joseph est aussi un pédagogue. Avant même de devenir juge, il a participé, à la fin des années 70 à la création de l’Association Bretonne d’Attelage, dont les objectifs principaux, en plus de l’organisation de concours, étaient la formation des meneurs et des techniciens fédéraux régionaux, l’organisation de l’attelage de loisir et de tradition, la sauvegarde du patrimoine matériel et équin, dans cette discipline, etc
Aujourd’hui l’ABA, dont il est membre d’honneur à vie, sans n’avoir jamais accepté le rôle de président, poursuit ces mêmes objectifs, dans un contexte différent.
Il a formé et aidé tant de gens à démarrer ou à se perfectionner en attelage, qu’aujourd’hui, tous les meneurs ou techniciens de compétitions bretons lui doivent une bonne partie de leur savoir.
D’une humeur égale et consensuelle, Joseph sait écouter et désamorcer les polémiques naissantes, tout en étant juste et ferme dans ses décisions, qui ont été très rarement contestées. Mais, le soir venu, il sait changer de casquette et dans une bonne ambiance générale faire chanter de sa belle voix, le Rossignol de ses amours, la Belle de Cadix, ou la PAIMPOLAISE.
Joseph LEVEQUE : un juge compétent et intègre, d’une modestie rare ; un formateur à tous les niveaux ; un homme simple, de haute valeur technique et morale, qui a su dire « stop » à ses activités avant d’être incapable de les assumer, parce qu’il sait le respect qu’il doit aux concurrents ; en un mot un homme d’exception et un modèle pour tous ceux que le jugement ou l’arbitrage sportif intéressent.
Yves Tazé