![]() | Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 15/03/2014 12:04:34 Rubrique : Interviews, lu 4897 fois. 4 commentaires |
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Alain Caillebot
Alain Caillebot est un homme discret, j'ai eu beaucoup de peine à obtenir cette interview. Pourtant Alain n'a pas à rougir de ses connaissances équestres et de son passé, bien au contraire. Question d'éducation et de formation sans doute.
Les parents d'Alain ont vécu longtemps à Maisons-Laffitte, un peu plus tard ses parents déménagent et le jeune garçon passera plusieurs années de sa vie sur l'hippodrome de Saint Cloud.
« J'avais un tonton qui était régisseur de l'hippodrome de Saint-Cloud. J'ai vraiment connu les chevaux à cette époque-là et je passais le plus clair de mon temps dans les écuries. J'avais 9/10 ans. À l'époque il n'y avait pas de tracteur et les palefreniers disposaient de chevaux pour l'entretien de l’hippodrome. Il y avait un trotteur dénommé Ribot qui emmenait les commissaires sur la ligne de départ dans un cabriolet. C'était dans les années 60/65. Je me souviens de jockeys qui sont par la suite devenus très célèbres Maxime Garcia, Roger Poincelet ou Yves Saint-Martin, qui n'était encore qu'apprenti. Je ramassais les cravaches ("Perpignan" à l'époque) que les jockeys perdaient sur la piste. Maxime Garcia m'a un jour donné 500 Fr de l'époque parce que j'avais récupéré la sienne".
" Plus tard (fin des années 1970) j'ai monté à l'entraînement sur les conseils de ma cousine, Madame Leroy, instructeur, qui s'occupait de faire passer les examens d'équitation en région parisienne. « Ce sera bien pour toi m'avait-elle dit, ainsi tu vas apprendre à apprécier la notion du train . C'est chez les entraîneurs Jacques Baumé, Arthur Bates, Mme Bollack, que j'ai monté les PS à l'entraînement. J'ai de très bons souvenirs de cette époque-là, l'ambiance dans les écuries était très sympathique même si le "métier" était difficile. Je suis resté trois ans à l'entraînement pendant mes week-ends. Je me levais à quatre heures le matin, la selle d'entraînement et le casque sur le vélo et j'allais à l'écurie m'occuper des chevaux. Je montais 5 lots dans la matinée ce qui est énorme pour un amateur."
Maison Lafitte avec Lavoisier (PS)
Toujours sur les conseils de Madame Leroy, c'est chez Maître Couillaud qu'Alain passe son second degré d'équitation, en 1973. On a parlé sur attelage.org de l'école de Maître Couillaud lors du débat sur le dressage du cheval d'attelage, en rappelant que des noms comme Antoine Bancaud ou Félix Brasseur avaient fait leurs premiers pas dans cette école réputée. Alain Caillebot a suivi cette même formation. Peut-être même a-t-il eu Antoine comme Professeur, puisqu’il se souvient d’un Antoine, instructeur qui montait à cheval dès 6h du matin, tandis que les élèves faisaient les boxes dans une odeur de fumier dont il se rappelle encore.
Maître Couillaud avait pour devise : Respect au Maître, Amour des chevaux, "il était adulé ou bien détesté ! "
« C'était un être pas facile il est vrai, et même si j'étais déjà militaire, la discipline était extrêmement rigoureuse accompagnée d'une pédagogie efficace mais impensable aujourd'hui. Lors des repas il était interdit de parler, si l'on croisait Maître Couillaud quatre fois dans la journée, quatre fois il fallait le saluer. L'enseignement théorique se faisait dans une grande salle, les élèves installés avec une blouse. Il y avait un squelette de cheval, que nous devions démonter et remonter régulièrement. Il y avait un autre squelette avec les muscles, des bocaux de fœtus, de l'hippologie comme on n'en fait plus aujourd'hui ! C'était comme ça et on ne se plaignait pas. L'élève qui était de service rendait compte au "garde à vous" , des tours de garde étaient instituées la nuit pour veiller sur les chevaux. Dans le travail au manège il était placé tout en haut et des rétroviseurs étaient installés afin que rien n'échappe à son regard. Ainsi il voyait tout le monde sous tous les angles. Les sorties en extérieur c'était aussi quelque chose, je n'en parle même pas ! Les "remises aux ordres" c'étaient mise en selle, ou mise au carré du tas de fumier. "
« Les seuls livres autorisés étaient le manuel d’équitation, le manuel d’hippologie et « Dressage » du Colonel Challan Belval !»
Alain est entré à 17 ans dans l'armée en rejoignant le centre de formation des troupes de commandos de marine. « Une arme où l'on bouge beaucoup et ça me convenait très bien. De plus l'aventure « coloniale » n'était pas pour me déplaire bien au contraire.
J'ai retrouvé le cheval au sein de la section équestre à Dakar. Après Nouméa, un peu plus tard je suis nommé responsable technique du club hippique de Djibouti "
1983 examens au Club Hippique de Djibouti
" Djibouti était un très beau centre équestre. À l'époque nous avions déjà le chronométrage électronique. Il y avait des élèves africains et des élèves de militaires. Les africains voulaient "jouer à cheval" , mais petit à petit j'ai pu les faire "monter à cheval".
En 1983, nous sommes allés en concours hippique à Addis-Abeba, en Ethiopie. C'était une semaine de transport en train pour les chevaux..."
1983 Addis-Abeba concours international
" ... En toute modestie, je crois que j'ai fait du club de Djibouti un très beau club. Tous les chevaux venaient d'Éthiopie, un peu du Soudan. Les chevaux souffraient énormément de la chaleur, il n'y avait pas de paille, que de la paille de cacahuètes en nourriture. Tout venait d'Addis-Abeba.
Après Djibouti, j'ai été affecté à Trèves en Allemagne. J'ai refusé cette affectation, car je souhaitais obtenir mon diplôme de Sous Maître. J’ai passé la sélection pour aller à Fontainebleau pendant neuf mois, au C.S.E.M dirigé par le colonel de Beauregard. J’étais dans le même stage que Didier Courrèges qui est devenu champion olympique, et Thierry Durand qui est devenu écuyer à Saumur. C'était en 1984. Je suis affecté alors à la section équestre de l'École Navale... où j'ai appris que "l'on embarque à l'Ecole" lorsque l'on y rentre et que l'on "débarque de l'Ecole " lorsqu' on n'en sort. Je quitte le « bateau » en 1992 pour une dernière affectation à Tours à la SEM de l'Ecole d'Application du Train. J'y ai terminé ma carrière militaire comme instructeur".
Idéfix Delaprise SF Brest 1985
1988 Léopard V, SF à l'Ecole Navale
La formation et l'éducation impriment de manière presque indélébile le caractère, les attitudes, la façon d'être. Que ce soit à cheval, à la longe, dans une voiture d'attelage, à l'entraînement comme en compétition, Alain fait rarement sans coiffure, sans gants, sans ses bottes et sa veste cavalière..
« l'éducation équestre que j'ai reçue de ma cousine Madame Leroy, de Maître Couillaud, et de tous ceux que j'ai connus dans le monde équestre m'ont toujours dicté cette façon d'être. C'était comme ça, une période où tous les écuyers impressionnaient par leur charisme et leur rigueur. Lorsque que j'ai fait de l'instruction, j'ai donc naturellement demandé à mes élèves d'être en tenue, il n'était donc pas question pour moi de me présenter autrement qu'en tenue. »
Alain Caillebot revenu à la vie civile dispense son savoir comme moniteur dans différents centres Équestres. Il crée avec son épouse, le club hippique des Chevaux de l'Arbre en Boule, où il enseigne toutes les disciplines équestres ainsi que l'attelage. Les élèves sortaient en compétition tous les week-ends.
L'Arbre en Boule, sortie des élèves en extérieur
Alain est surtout passionné de dressage : « avec les chevaux il faut toujours se remettre en question, réfléchir, analyser essayer de comprendre ce que hier fonctionnait et aujourd'hui fonctionne moins. Il faut être humble à cheval ».
Alain a dressé Camaron un cheval espagnol jusqu'à la Courbette. Le cheval a été vendu plus tard à un cirque (trop inconfortable pour sa propriétaire).
Camaron au pas espagnol. Éblouissant !
Assiette exemplaire malgré un cheval très inconfortable..." Il y a des années de tape cul, " me dit Alain ! Le petit cheval espagnol sera mis au changement de pieds aux deux temps.
Camaron à la Courbette, le cheval reste au rassembler.
Sa propriétaire lui propose alors au travail une jument Wesphalienne avec laquelle il sortira quelque temps en compétition de dressage.
2003 Tahoser, jument Wesphalienne
2008 Perle Andalouse
"Renata, m'a accompagné durant toutes ces années. Elle montait elle-même à cheval, et c'est elle qui m'a fait découvrir l'attelage lorsque j'étais à Lanvéoc à l'Ecole Navale, avec un petit cheval qui s'appelait Kénavo, et que nous avons dressé tous les deux à l'attelage. Cela nous a donné l'occasion de rencontrer beaucoup de monde comme Joseph Lévesque, Jean Fautras, Patrick Rebulard et Auguste Dubey. Tous ces gens nous ont aidé et nous ont appris à mener un cheval d'attelage. Renata a fait un peu de compétition, j'ai passé mon septième galop à Dampierre sur Boutonne en 1993 (mon BEES1 ne m’y obligeait pas). Je me souviens que la juge était Caroline Charpentier. "
Passage du Galop 7 à Dampierre sur Boutonne
« Renata a créé les Derbys d’attelage de Touraine avec le CDE37 (1994-2006).Les meneurs qui travaillaient chacun dans leur coin ont pu être rassemblés. C'est ainsi qu'une formation a pu être dispensée à tous et que chacun a pu passer ses examens d'attelage. J’ai fait passer le sixième galop attelage à Tony Ecalle ! ».
Alain Caillebot a pratiqué presque tous les sports équestres, comme le polo. C'est encore Madame Leroy qui donnait des leçons au Polo de Bagatelle qui fut l'initiatrice de la découverte de cette autre discipline. « J'ai rencontré à Bagatelle le grand nom du polo français de cette époque, Lionel Macaire. J'ai fait aussi un peu de Complet, mais pas énormément faute de cheval. C'est une discipline que j'aurais pu pratiquer avec plaisir et qui correspond bien à mon tempérament. Aujourd'hui je monte encore à cheval presque tous les jours."
L'Arbre en Boule a été vendu. Aujourd'hui Alain et Renata poursuivent leurs passions et participent chaque année aux épreuves de l'AFA, les concours d'Attelage de Tradition. Maintenant, c'est Alain qui mène sur ces épreuves : "ces concours sont très sympathiques, j'aime le côté esthétique de ces épreuves, harnais et voitures bien briqués, tenue exemplaire. Les ambiances sont très sympas, ce sont nos vacances."
Deauville 2012
La Chabotterie et Deauville 2013
Impérial Bellevue arabo-welsh : vendredi du Haras du Pin 2013
Alain est également juge de dressage club, et juge d'attelage depuis trois ans. Une fonction qu'il exerce dans la discrétion sans chercher une promotion ou une nouvelle carrière. Lors du dernier séminaire des juges à Lamotte-Beuvron cet hiver il s'est vu donner des précisions sur les attitudes de dressage du cheval. « Je crois que le fait d'être cavalier apporte beaucoup au jugement du cheval. Le juge doit constater, évaluer, classer dans l'absolu.
Alain donne volontiers des coups de main aux uns et aux autres. Il est avec Renata l'un des bénévoles du concours de Reignac. « Martine et Daniel sont formidables, ce sont des gens gentils, c'est merveilleux de travailler avec eux. Reignac est un super concours ! »
Initiateurs du CIAT de Loches Beaulieu, ils s’investissent avec une nouvelle association dans l’organisation du 4ème du nom, en juillet.
Alain et Rénata, bénévoles à Reignac
photo Nadine Toudic
Ce que dit Rénata d'Alain:
"Ce que j'admire chez lui, c'est son aptitude à savoir quoi et jusqu'où demander, au cavalier comme au cheval. Il est doué pour enseigner l'équitation, beaucoup d'élèves se souviennent de son exigence, de son dynamisme et de son écoute pour obtenir une belle équitation."
Les préférences d'Alain
films: "Cheval de guerre" , les films avec Belmondo, les films de cape et d'épée, d’aventure
danse : le rock !
musique : la grande musique, Mozart (le concerto n° 21), Beethoven - Brel
sa carrière:
1970 - 1994 : Militaire de carrière dans l’Infanterie puis dans la Cavalerie, en poste à Dakar (Sénégal), à Nouméa (Nouvelle Calédonie) et Djibouti sur 5 années, et en France métropolitaine à Fréjus, Maisons-Laffitte, St Germain en Laye, Brest et Tours.
- maître de manège pendant 20 ans - BEES1 en candidat libre en 1989
1994 /1996 Moniteur à « l'Étrier Lochois »
1996/1997 Moniteur au « Cercle Hippique du Ripault »
1997/1998 Moniteur indépendant
1998/2006 Responsable technique pour « les Chevaux de l’Arbre en Boule » 37460 GENILLÉ
Décorations : Mérite Civique - Défense Nationale - Jeunesse et Sports -
Une rare photo d'Alain Caillebot à cheval sans coiffure ni gants ni veste.
2000 Olivia KWPN à la pirouette