Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 30/01/2014 19:38:14 Rubrique : Interviews, lu 4375 fois. Un commentaire |
|
Louis Max " Malo" Miossec
Malo est un descendant "d'émigrés bretons".
" Je suis d'une famille havraise de marins, fils de marin, petit fils de marins, filleul et neveu de marins ... et marin moi même. Historiquement pour les bretons il n'y avait que 2 solutions: soit entrer dans la Royale, la marine nationale à Brest, soit entrer dans la marine marchande, au Havre. La colonie bretonne y est très importante au quartier Saint François. Il y avait même encore il y a peu de temps des Pardons, des processions avec les dames en coiffes traditionnelles. Mes 2 grands pères ont été chef mécanicien principal de la Compagnie Générale Transatlantique. L'un de mes 2 grands pères a reçu la légion d'honneur après que le Normandie, dont il était chef mécanicien, eut gagné le ruban bleu qui honore la traversée la plus rapide de l'atlantique. Le Normandie avait mis 3 ou 4 minutes de moins que le paquebot américain. Lors de ce record là, le Normandie a consommé 1 tonne de carburant à la minute !
" En marine j'ai tout fait, de la pêche, de la plaisance, du commerce. Un beau souvenir est d'avoir vu un catamaran exceptionnel sorti de l'usine de Caen, un bateau de 90 pieds. Il faut imaginer un grand appartement en ville: 4 ou 5 cabines avec salle de bain, salons, cuisine de personnel, réfectoire... mais aussi entre les 2 coques une trappe pour l'arrivée des zodiacs... le plancher de l'arrière s'enfonçait dans l'eau pour faire place à une piscine... piscine éclairée sous l'eau par le fond ... "
JCG: je trouve qu'il y a "dans l'esprit", une similitude entre l'attelage du XIX ème siècle et la marine à voile: rigueur, beauté des matériaux, un raffinement générale ...
Malo : "oui y a une similitude entre la voile de tradition et l'attelage traditionnel, comme il y en a une entre la voile de sport et l'attelage sportif . Lord Byron disait le bateau à voile est le moyen de transport le plus cher, le plus lent et le plus humide pour aller d'un point à un autre.... l'attelage c'est la même chose! C'est difficile de concevoir d'atteler des chevaux aujourd'hui."
JCG: jamais eu envie d'en venir à l'Attelage de Tradition ?
Malo: " j'ai été très souvent bénévole sur des concours AFA, à Deauville notamment. J'ai expliqué aux dirigeants de l'AFA (Association Française d'Attelage), que je ne reviendrais dans ces concours que le jour où il y aura un vétérinaire pour surveiller les épreuves et une reprise de dressage. En réalité les gens de la Tradition regrettent qu'il y ait des chevaux pour tirer la voiture ... tandis que les gens du sport regrette beaucoup qu'il y ait une voiture derrière le cheval. Les uns ne parlent que de matériels, les autres de chevaux... et puis des épreuves où l'on n'élimine pas pour faire plaisir à tout le monde ça ne me va pas!
JCG: comment fait on le chemin du bateau au cheval ?
Malo: " J'ai arrêté de naviguer 5 ans pour installer une entreprise en Grande Bretagne. A mon retour en France un voisin m'a emmené faire une ballade attelée sur la plage. J'ai adoré mais j'ai vu que le meneur n'était pas très habile pour mener ses chevaux. Pas besoin de savoir jouer du violon pour entendre que le musicien joue mal ! Alors je me suis mis sur les Pages Jaunes pour chercher un professeur d'attelage, et je suis arrivé chez Robert Coutable.
La première chose que m'a demandé Robert Coutable et que je n'ai pas compris dans ma logique de marin :
- " vous n'avez rien pour vous couvrir me dit il ? "
- " si , si j'ai mon imperméable ... "
- " heu non je veux dire qu'en attelage on n'attelle pas en cheveux ... "
Je revois régulièrement Mr Coutable. Il s'est effacé un peu plus tard jugeant arrivé au bout de son savoir, et il m'a fait connaitre un très grand monsieur de l'Equitation, Antoine Bancaux. Je suis très reconnaissant à Robert Coutable de cette sagesse et de cette humilité. Peu de personnes sont capables d'une telle démarche. On travaille avec Sabine régulièrement avec Antoine.
Mon cheval était chez Robert et j'ai pris mes premières leçons avec lui et son venus les premiers concours. Je suis sorti en jeunes chevaux pour lui. On faisait aussi beaucoup de débourrages. Comme il avait mal à son genoux , lui c'était la tête et moi les jambes. "
En concours ici avec un poney welsh. La voiture est un sulky américain
Malo mène également à 4 . Un jour quelqu'un lui a proposé de prendre 5 shetlands avec tout le matériel, harnais et voitures. L'affaire fut faite et Malo a tourné 4 années en compétition avec ces shetlands.
" Je me suis bien amusé mais on ne peut pas trop progresser avec ces petits poneys. Je mène à 4 à l'anglaise, à la hongroise. Avec Sabine on monte en ce moment un attelage à 4. C'est elle qui le présentera à Deauville bientôt. On aimerait continuer à 4, mais "on a un cerveau" et l'on connait les exigences d'un attelage à 4 ...donc on va en rester là. Maintenant que je suis à la retraite je donne un coup de main à Sabine pour sortir les chevaux, les débourrages, les entretiens. "
Après l'arrêt de la compétition avec les shetlands Malo se retourne vers les juges pour y prendre une activité. Il est également Délégué Technique et pour 2013 15 ou 16 sorties sont comptabilisées. Malo cherche à s'améliorer et il a été de la formation internationale proposé au Driving Sport Congress en 2013.