Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 21/11/2013 13:30:41 Rubrique : Interviews, lu 2846 fois. Pas de commentaires |
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L'Etat des lieux
Le Championnat du monde poneys est derrière nous depuis plusieurs semaines. Si tout n'est pas "digéré" la pression est retombée. Les meneurs ont fait l'analyse de ce championnat, attelage.org a posé 3 questions à 7 d'entre eux, voici ce qu'ils en pensent.
1- le ou les souvenir (s) marquant de ce Championnat ?
2- si c'était à refaire quelle (s) modification (s) apporteriez vous à la préparation de votre Championnat ?
3- quels correctifs et quelles type de préparation d'ici le Championnat 2015 à Bréda ?
JCG
Gilles Arriat (4 poneys abandon)
Photo Patrick Crasnier
" Bien sûr notre accident et l'envoi de Fabrice à l'hôpital restera dans nos mémoires. Le Championnat a été gâché. C'est notre 3 ème et je n'ai pas trouvé cette année la même cohésion que d'habitude. Sans doute parce que le concours était en France. Il nous manque un meneur d'équipe pour nous booster et nous enthousiasmer. Il nous manque chez les poneys un suivi et un coach tout au long de l'année. Dans la dernière ligne droite ce n'est pas suffisant. J'aimerais bien aussi un débriefing de ce Championnat. J'ai peur que l'on ne s'occupe plus de nous d'ici Bréda en 2015. D'ici là il faut gagner 15 points en dressage si l'on veut rattraper la tête.
Nous allons redémarrer l'entrainement très vite. Le matériel de marathon est à revoir, il est indispensable d'avoir aujourd'hui un frein de tourelle. Il faut aussi former une relève de poneys. J'ai commencé il y a peu une collaboration avec Antoine Bancaud. J'y trouve beaucoup d'intérêts pour le dressage des poneys, je vais amplifier mon travail avec lui. Un expert de l'attelage à 4 nous manque. La preuve les progrès de Tinne Bax cette année qui travaille régulièrement avec Chardon. J'ai très envie de retrouver la compétition !
Olivier Thiriez ( 4 poneys 12ème)
photo Patrick Crasnier
" J'ai trouvé une nette amélioration au niveau de l'encadrement que j'ai apprécié. J'ai eu de bons sentiments sur le marathon qui aurait été effectivement très bon sans une petite erreur sur l'obstacle 3. Mais globalement je suis un peu déçu du résultat. Pau a été un beau concours plaisant et bien organisé. L'équipe a été "top" et tout a fonctionné comme nous le voulions.
La préparation pour 2015 est déjà dans nos têtes l'entrainement va reprendre dès décembre, il faut que 2015 soit simplement une saison faite pour peaufiner les derniers réglages. C'est fini de se préparer l'année même du Championnat ! Il nous faut trouver d'urgence des moyens, humains, techniques et financiers pour faire face a des compétiteurs qui ont résolu ces problèmes ou qui n'ont pas à les résoudre. En France nous sommes trop seuls. Il n'y a pas autour de nous un Chardon, un Koos de Ronde, un Boyd Exell pour nous faire travailler. Il y a de bonnes retombées après Pau il faut essayer d'en tirer parti. Il y a de bons éleveurs poneys qui cherchent maintenant à valoriser leurs produits dans l'attelage.
Je pense que je vais plus sortir pour prendre de l'expérience et de la routine sur les concours. Il faudrait sortir toutes les 2 semaines. On va donc limiter les sorties internationales pendant 2014 pour rouler un maximum sur les concours nationaux."
Je tiens a souligner l'importante implication de nos éleveurs dans notre team mais aussi dans l'attelage, certains d'entre eux ayant fait le déplacement jusqu'à PAU.
Depuis le début de notre aventure à 4 poneys l'image de l'attelage semble avoir fort évoluée grâce à ces éleveurs que nous côtoyons :
Mr et Mme DANEELS
Marc et Elisabeth DE LINARES (Élevage d'HARYNS)
Sophie BOLZE (Elevage Aluinn) qui est venue nous soutenir à PAU depuis sa Sologne;
la famille BOULLE-HERRENSCHMIDT, élevage DEL SOL
l'élevage de CANDOLLE dont les produits regardaient jusqu'il y a peu le concours d'Evreux depuis leur pâtures natales
Héléna DE BELLOY, Elevage OAK,
Les sponsors qui nous soutiennent aujourd'hui :
Claire Lefort (1 poney 27 ème)
Photo Patrick Crasnier
" Le sentiment qui m'a beaucoup marqué est celui de toutes les personnes qui sont venues m'encourager, de près comme de loin! J'ai été très touchée, ça a été très motivant. J'ai aussi beaucoup aimé l'esprit d'équipe durant ces jours. Sur le plan sportif, mon renversement et mon sans faute à la maniabilité sont les points les plus forts.
Je ne regrette rien sur notre préparation en elle même, mais l'absence de Laurie Astégiano qui me coache habituellement nous a beaucoup manqué. Avec elle je n'aurais probablement pas dérogé de mon protocole de détente et je n'aurais pas eu cette défaillance au dressage. Je pense que dans l'avenir je serais vigilante à ce suivi de coaching.
Il est clair qu'il me faut maintenant un matériel plus adapté. Une voiture 4 roues est indispensable. Quand on voit Cristina Klint avec un bel ensemble voiture, harnais, ça fait une autre impression sur la carrière que ma petite 2 roues. Il faut aussi amplifier le coaching d'aujourd'hui, tant avec Laurie qu'avec Benjamin Aillaud. Pour la saison à venir je participerai surtout aux concours français, question de budget. Je conserve le soutien de mes sponsors: l'Elevage des Reneries, Vidéo Techno France, la Mairie de Montauban, le Conseil Général et les Attelages Pyrénéens, et ça c'est important!"
Ludovic Huet: (1 poney 10 ème)
Photo Patrick Crasnier
" C'est mon premier Championnat, et j'ai été surpris de l'atmosphère nouvelle que créait cet évènement. Il y avait une tension jamais ressentie sur d'autres concours. Ce n'est pas dans mon tempérament de regarder derrière. Je tourne la page, je n'ai pas de regrets, j'en tire les leçons mais je ne me fais pas un autre film. La grande question à régler est véritablement le dressage, dressage que l'on a probablement pas assez travaillé mais surtout qu'il faut travailler plus efficacement et rechercher un poney plus adapté. Je pense que les solutions d'avenir devraient aussi se trouver dans un travail plus collectif.
Une table ronde réunissant tous les acteurs de l'attelage, juges, chefs de piste, meneurs me parait une chose indispensable. Il faut nous nous soyons jugés de la même façon que jugent les juges étrangers, que nous ayons les mêmes obstacles, les mêmes maniabilités que nos voisins. Un exemple, c'est la première fois que j'ai fait une maniabilité aussi difficile que celle de Pau. Ce n'est pas normal non plus d'être jugé à 45 en France et se trouver à 55 sur un Championnat. Il faudrait nous mettre dans les mêmes conditions que sont les concurrents étrangers, les mêmes conditions que l'on trouve dans l'attelage mondial.
Maxime Maricourt (1poney , 14ème)
Photo Patrick Crasnier
" Je ressors de ce championnat avec plein de bonnes choses, le poneys à un potentiel à - de 50 et le marathon suivra. La maniabilité c'est à moi de travailler c'est mon point faible. Si c'était à refaire me préparerais plus tôt, j'ai fait équipe avec Michaël Sellier trop tard. En fait le Championnat n'était pas vraiment dans mes objectifs, je l'ai plus vécu comme une continuité de la progression du poney. Je pense qu'il n'y a pas en réalité d'interruption entre 2 championnats et qu'il faut immédiatement préparer le suivant. Maintenant nous avons 2 années pour préparer Bréda, et avec Michaël on est déjà dans les rails.
J'ai la chance d'avoir des propriétaires (Mr et Mme Daneels) qui vont me suivre. Nous avons déjà déterminé le programme. Il sera très orienté vers une confrontation régulière avec les concurrents étrangers. L'attelage à 4 n'est pas abandonné. Nous allons modifier sa composition et rechercher des poneys plus petits mais sans chercher de trop petits poneys pour garder des allures recevables par les juges.
Laetitia Le Boucher (1 poney 24 ème)
Photo Patrick Crasnier
" Bien entendu je suis très déçue encore aujourd'hui de ne pas avoir fait le concours que j'attendais après la bonne saison de Pastel. A postériori avec le vétérinaire nous avons décelé chez le poney de petites douleurs et le caractère de Pastel n'est pas "d'encaisser" les petites misères. On ne connait pas l'origine de ces embarras, peut être s'est il fait un peu mal au pré, et le travail par dessus n'a pas arrangé les choses.
Pour l'avenir nous allons alléger la saison sportive de Pastel qui ne supporte pas trop de concours et une saison trop longue. Reste que ce Championnat est une bonne expérience et il y a 2 autres poneys qui sont en route. On s'est bien rendu compte que les étrangers sont plus stricts, plus exigeants et plus rigoureux dans le travail de dressage de tous les jours que nous. Ils répètent les reprises en permanence, ils mécanisent les poneys aux reprises. A 1 ils ont des petits chevaux, ce n'est plus des poneys dans les allures. Les meneurs étrangers ont tous de grands coachs. Mieke van Tergouw a été sur le dos de Martin Hölle tout le Championnat, sans parler des autres ... reste à suivre le même chemin et on s'y emploie. "
Carine Poentis ( 2 poneys 10 ème)
Photo Patrick Crasnier
" Une grande frustration ! à la lecture des résultats le dimanche mon entourage était très heureux de fêter une 10 ème place mais moi j'étais plutôt dans la tristesse, dans le sentiment d'être passée à côté de l'évènement. On est à la place que l'on mérite avec le travail fourni. Malgré tout j'ai bien vécu ce concours et les différentes épreuves.
Il faut travailler plus et encore plus, et même encore plus-plus! je ne crois pas au talent mais au travail. Ce que j'ai travaillé s'est amélioré, c'est une preuve de plus qu'il faut travailler, travailler, travailler beaucoup plus même si des impondérables se présentent. Je suis malgré tout contente j'étais 7 ème avant la maniabilité, ce qui veut bien dire que les 9 qui sont devant moi sont accessibles. Il faut du temps et de l'humilité pour corriger les détails qui rendent meilleur. Les 9 qui sont devant sont tous des meneurs d'expérience. Ewood Boom a énormément travaillé avant ce Championnat et il avait aussi beaucoup de problèmes à régler, et il l'a fait.
Pour l'avenir je n'ai rien à changer dans mon encadrement. Je vais amplifier le travail avec Chantilly Attelage et Jean Pierre Brisou. Je vais mettre au programme 3 semaines de stage intensif avant les grandes échéances. A commencer par Bréda l'année prochaine où nous allons préparer et faire comme si c'était un Championnat du Monde. On va tout organiser comme cela se passera en 2015 et nous en tirerons les conclusions. Je ne suis pas du genre à abandonner les projets en cours de route, et nous pouvons atteindre le podium avec les poneys dont je dispose. Ce n'est pas eux qui sont limitant, à moi d'accéder au niveau supérieur par le travail. Ils ont encore 2 belles années de haut niveau devant eux. Je repousse donc mon accès à la catégorie 2 chevaux pour plus tard.
Le regard extérieur d'attelage.org
L'attelage poney français a t il opéré un tournant à Pau ? Quelques signes peuvent l'indiquer, l'avenir le dira. Le rebond après une défaite commence par un devoir d'inventaire comme disent les politiciens. En tous cas au cours de nos conversations, ces 7 là ont fait l'inventaire de l'épilogue d'une saison, et ont le courage de l'exposer publiquement en dehors des "clichés et langues de bois" et en dehors d'une "French excuse" dont on est habitué. C'est un bon signe.
Ces 7 là ne cherchent plus la "reconnaissance", les "encouragements pédagogiques" qui sont du niveau de l'attelage de maternelle sans doute, mais pas du sport d'attelage de haut niveau. C'est un bon signe.
Je persiste et signe des propos que j'ai tenus par ailleurs: les meneurs des autres nations ne sont pas différents de nous, ils travaillent ou font des études, ils nous sont socialement comparables, ils vivent dans des pays similaires au notre. Oui certains (très peu) sont nés une cuillère d'argent dans la bouche, ou bien plutôt sont nés dans une famille où l'attelage est une question de génération, je veux parler du prodige Bram Chardon et de Josef Dobrowitz jr bien sûr. Quand bien même, il y a de la place aux côté de ces 2 là pour cette catégorie. La preuve Tinne Bax au pied du podium qui a droit aussi, à toute notre admiration pour son résultat. Il n'y a pas que la catégorie des teams. Là aussi je m'interroge sur ce qui peut bien nous différencier d'un Pallen, d'un Hölle, d'une Jacqueline Walter ? Rien qui ne soit pas dans nos possibilités.
Il faut donc chercher ailleurs, et se faire greffer quelques neurones germaniques, hollandaises, belges ou hongroises pour assimiler et comprendre le pourquoi des succès des autres. Aujourd'hui le meneur français s'entraine autant que son voisins de l'autre côté de la frontière. De la quantité de travail il faut y associer désormais de la qualité dans le travail et être plus efficace. Beaucoup y réfléchissent et cherchent à s'adjoindre les services d'un coach qui soit avant tout un "dresseur". C'est aussi un bon signe, mais ce n'est que mon avis.
JCG