Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 24/10/2013 20:05:53
Rubrique : Interviews, lu 2863 fois. 2 commentaires
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Michaël Sellier en confidences avant PAU


 

 

Michaël Sellier , Laetitia Le Boucher, Maxime Maricourt

                   Michaël Sellier ont le connait comme meneur talentueux, il continue en parallèle une carrière de coach. Avec Marion Vignaud bien sûr, mais il est  aussi coach de Maxime Maricourt et de Laetitia Leboucher  depuis  le CAI de Saumur très exactement .

         M.S :  "Je connais Maxime et Laetitia  depuis longtemps, une dizaine d'années  environ,  tout a débuté à Saumur. Les résultats de Maxime et de Laetitia n'étaient pas au niveau du potentiel et de l'attente que l'on pouvait en avoir. 

         A la suite d'une discussion de paddock comme il y en beaucoup... nous étions rassemblés avec quelques meneurs poneys, dont Maxime et Laetitia  insatisfaits du stage proposé par la FFE durant l'hiver à Lamotte Beuvron.  Le stage  n'avait pas répondu aux recherches et aux attentes  de quelques uns, et la demande  soutien auprès de la FFE  vers les poneys allait bon train comme à l'habitude...

         J'ai assez vivement et vertement recadré ce débat assez récurrent, en faisant valoir que c'est aux meneurs de se prendre en charge et de ne pas attendre de la Fédération autre chose que ce qu'elle veut bien donner. C'est aux meneurs de  prendre en main la direction de leur carrière sportive... Mon discours assez large sur le comportement et les implications du meneur de haut niveau qui veut atteindre ses objectifs a été assez ferme et sans ambiguïté. La démarche du sportif est lourde de conséquences sur sa vie de tous les jours, et sur son portefeuille aussi ... malgré le cadre très contraignant de mes propos, Maxime et Laetitia ont repris contact avec moi et nous avons passé 3 jours ensemble. Nous avons fait le tour des problèmes, fait le bilan  des hommes et des chevaux. Maxime et Laetitia ont adhéré au contrat de travail mais également aux aspects plus environnementaux que nécessite le haut niveau: remise en question, rigueur, état d'esprit ..

         Sont venus les concours de Minden et de Bréda avec une avancée significative des résultats. Je les suis du mieux que je peux sur tous les concours. Sur le Championnat de France nous avons continué de travailler en dehors du concours même, un dur week end! Les 2 meneurs ont chacun leurs particularités, leur tempérament et pas la même expérience. Laétitia va faire son premier Championnat, elle a progressé avec son poney, il faut la gérer différemment de Maxime.

         Je demande d'abord que l'on me fasse confiance pour mettre en place les correctifs nécessaires, que ce soit dans le travail, l'organisation, les comportements. Je suis très content de l'équipe aujourd'hui, nous marchons d'un même pas... Nous avons des contacts réguliers sur le terrain, les concours et au téléphone, où nous faisons le point presque chaque jour sur le travail. Je serai avec eux dès le premier jour sur le terrain de PAU. Mon apport technique est surtout orienté vers le dressage et la présentation qu'il faut en faire le jour du concours. Sur le  marathon ils sont tous les 2 excellents,  je n'interviens pas .

         Mon rôle est aujourd'hui d'une grande responsabilité. L'équipe me fait confiance, je suis impliqué à 100% dans les résultats, je serai le premier responsable en cas d'échec. Dés la prise en main sur le concours de l'équipe, je dois la décharger de toutes pressions. Je dois veiller à lever tous les doutes qui ne manqueront pas de se manifester.  

         a.o : à n'en pas douter, les propos de Michaël sont proches de ce que l'on peut entendre dans les paroles de grands sportifs d'autres disciplines sportives, " on chante une musique "  connue et c'est bien agréable à entendre... 

         MS:  j'ai cette même exigence avec les associations qui veulent bien travailler avec moi. Il faut travailler sur du moyen et long terme. Les actions ponctuelles n'ont aucune valeur ou si peu ... il faut un suivi méthodique des personnes que l'on accompagne, les connaitre, partager avec eux pour mieux gommer les erreurs, les moments de flottement et apporter les correctifs personnels à chacun en fonction de sa personnalité.  

         a.o : J'imagine que tu te retrouves dans le cas que l'actualité sportive nous rapporte souvent: les difficultés de cohabitation des coachs et entraineurs privés et des entraineurs fédéraux. La cohabitation peut tourner parfois très mal , il y a des exemples récents ...

         M.S: c'est une situation ingérable en effet. Une fédération peut imposer tout en effet. C'est donc aux gens d'être "intelligents" . Ce n'est peut être pas rendre service à "l'entraineur fédéral du dernier instant" que de l'impliquer dans une équipe rodée et qui sait où elle va. Il ne peut qui avoir conflit ou une gène préjudiciable à la performance. Encore une fois tout est dans le comportement des hommes. Il peut y avoir aussi des meneurs demandeurs d'une assistance fédérale, c'est une question personnelle. Je crois néanmoins qu'il faut aller au fond des choses, et qu'une fédération qui se veut participative doit accompagner toute l'année ceux qui souhaitent son accompagnement, ou ne rien faire du tout si elle n'en a pas les moyens financiers. Le saupoudrage ne sert pas à grand chose. Pour bien entrainer il faut parfaitement connaître les chevaux et les meneurs, et ça demande du temps ... En attendant je suis décomplexé par rapport à ça, ce qui m'intéresse c'est le succès de Maxime et Laetitia.

         a.o : la question inévitable : quel objectif ?

         M.S: nous n'avons que 2 références, Minden et Bréda, c'est donc insuffisant pour bien s'évaluer. Il faut simplement être bon le jour J, et s'y préparer. Il faut être bon ni avant ni après et pouvoir se dire le dimanche  que l'on n'a aucun regret et que l'on a fait le maximum. Le pire c'est d'être 4 ème en se disant que l'on a fait l'erreur  d'un tombant dans un obstacle. Il faut se le dire, l'intégrer et s'y préparer. C'est mon rôle aussi de gérer les hauts et les bas qui ne vont pas manquer de se présenter sur ce long week end.  Il faut faire les choses avec cohérence. Penser à avoir un bon cheval avant un beau camion, avoir un cheval à la mesure de ses talents et ne pas sur- dimensionner ses talents .. avoir la capacité d'entendre les critiques sans chercher à s'excuser.

         L'attelage est un sport individuel, le meneur est seul sur le carré de dressage, comme le tennisman sur son court ou le nageur dans sa piscine. Il est important d'ouvrir les journaux, internet, se renseigner sans cesse, lire les articles sur le coaching, écouter les sportifs de haut niveau des autres sports et s'en inspirer. Je terminerais en citant la phrase de Constance Ménard que j'aime beaucoup et que l'on doit avoir devant sa glace en se rasant le matin :   "Les contre performances chez un athlète intelligent le font grandir et avancer. La réussite se trouve dans la somme des erreurs accumulées."

 

 


  Commentaires
-Oui par Zebulon (25/10/2013 18:39:57)
Du caviar cet interview.
- BIEN par Dnalor (04/11/2016 11:16:41)
n'étant qu'un meneur de petit niveau je suis très intéressé par les propos de MS et en accord avec lui . je ne connais pas vraiment le haut niveau mais en ma qualité de spectateur j'ai vu des meneurs et meneuses très angoissés avant un dressage ou un marathon moins avant une mania . il ne faut pas seulement entraîner les chevaux mais aussi les meneurs . le stess est un facteur de contre- performance . notre équipe est constituée de meneurs et meneuses (et de chevaux) de différent niveau on s'évalue mutuellement dans la joie et la bonne humeur on ne cherche pas forcément la 1ère place mais le travail bien fait voila ma façon de voir les choses mais cela n'engage que moi comme dirait un certain JC