Article proposé par Renata, paru le 07/09/2013 20:03:13 Rubrique : Culture générale, lu 6718 fois. 4 commentaires |
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Le cheval est bon camarade
Hunt Slonem
Depuis des milliers d’années, le cheval (poney…), herbivore, donc proie, côtoie d’autres herbivores et d’autres proies comme en témoignent les premiers humains habiles à dessiner.
Lascaux et grotte Chauvet
Intéressons-nous au cheval domestique, il reste si peu de chevaux vraiment sauvages.
L’homme s’arroge le rôle de chef de meute et se permet bien des originalités que le cheval accepte volontiers. Les humains ont toujours de drôles d’idées.
A commencer par celle de les atteler puis de les monter ; heureusement pour notre évolution, les chevaux ont bien voulu, ça et tellement d’autres fantaisies !
Edwin Henry Landseer
Le cheval aime vivre en troupeau, la compagnie de ses congénères lui est indispensable.
Au travail ou en liberté, il donne l’impression de se soucier de l’autre.
Il faut se méfier de l’anthropomorphisme, d’interpréter le comportement des animaux avec nos sentiments humains, mais je me souviens d’Eros, qui voyant son vieux camarade Nixon donner des signes de faiblesse, le bousculait avec sa tête pour le maintenir debout… N’était-ce pas de l’empathie ? N’avez-vous pas une histoire similaire ? (le vétérinaire est arrivé à temps).
John Frederick Herring et George Wright
Veiller sur le sommeil de son compagnon, se tourner pour lui permettre de se reposer avant le prochain coup de collier.
La « dé grégarisation » du cheval domestique implique de lui trouver des succédanés.
A défaut de leur mutuelle compagnie, celle d’autres animaux fait l’affaire. Le premier copain du cheval ? Le chien bien sûr.
A gauche, “Worcester le jack russel avec son ami Bleau, le cheval d’attelage, tous deux propriété de Joe Darby, marchand de fruits.” En 1976
L’iconographie picturale est riche d’œuvres soulignant les liens cheval-chien.
Au milieu, Edwin Henry Landseer (détail)
Jacques Laurent Agasse, John E Ferneley et William Barraud
David George Steell et Henri D'Ainecy
Charles Burton Barber et John Emms
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Douanier Rousseau (dont un chien dans la voiture) et Crafty (il y a toujours un petit chien sur ses illustrations)
Zdenìk Šorf - Upsi et Noir Sheitan
Je soupçonne l’amitié des chiens de se teinter de jalousie, de se mettre en position de gardien, autant du territoire que du cheval, qui pourrait d’un mouvement un peu brusque, sans méchanceté, rappeler qui est le plus fort !
Un seul chien ou une meute, peu importe, ils s’entendent bien.
J F Herring et Georges Busson
Anonyme et Alfred Wierusz-Kowalski
Le chat aussi :
Conversations et câlins
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Les animaux de la ferme :
Sculpture de Damien Colcombet
Labourage en 1952 – Rudolf Koller
Frederick Herring et John Alfred Wheeler
Dans la ferme, le cheval est l’animal le plus imposant (laissons le taureau, isolé) ; comme tout roi débonnaire, il règne sur les autres animaux dans l’équilibre des besoins de chacun, avec les hommes pour régents.
John Frederick Herring
John Frederick Herring, prolixe peintre anglais du 19ème siècle transpose à merveille la vie harmonieuse, sereine des animaux à la campagne.
Bon camarade et partageur : John Frederick Herring - William Barraud
John Frederick Herring
On dit que les cochons effraient les chevaux, pas si sûr : http://www.wat.tv/video/cheval-cochon-26gm7_2hhm7_.html
"Le cheval est pour l'homme comme les ailes pour l'oiseau." Proverbe Turkmène
Oui, les humains ont de drôles d’idées, je confirme, P’tit Prince accepte la présence rapprochée de Willow et de Ségolène (Roselyne picore pas loin !)
Frederick Herring
Hocine ziani
Les animaux de nos forêts :
photorandovercors.fr
Photos Georges Landry à gauche et de l’Est Républicain à droite
La Fontaine attribuait sagesse et sagacité au cheval face au finaud renard et au loup faraud
Les animaux « exotiques » (ils le sont pour nous, mais le cheval habite tous les continents) :
Jade gris foncé début 19ème
Edwin Henry Landseer
Au cirque, le voisinage, la promiscuité de tous les animaux, les obligent à l’acceptation des odeurs et des cris des uns et des autres.
Toulouse Lautrec
Pierre Auguste Brunet-Houard
Le cheval ne peut pas savoir que les fauves sont repus. L’homme se comporte en apprenti sorcier, ne se souciant pas toujours du bien-être de ces (ses) animaux. Les fauves obligés de se maintenir sur le dos du cheval, les yeux exorbités par la terreur innée.
Maroc 1930
A la création du monde, selon notre civilisation, tous les animaux vivaient en harmonie, il n’y avait qu’Adam et Eve sur terre, la vie était simple et tranquille.
Les représentations idylliques du paradis terrestre, toute cette diversité colorée et contrastée donnent une belle leçon de tolérance.
Qui ne dure pas.
La notion de territoire et de survie a brouillé les espèces vivantes, les animaux ont réussi a trouvé un juste équilibre. Quant aux hommes…
Anonyme – école flamande 17ème – Paradis Terrestre
Jacques Quecq d’Henripret
Hélas, en ordonnant le déluge, la colère céleste détruit toute vie sur terre, hormis Noé, sa famille et les animaux de la création.
Tout est à recommencer.
Edward Hicks et Jan Griffier
Mais le coup de semonce ne sert à rien, l’humanité reprend ses prérogatives, ses habitudes de conquête et de destruction. Bien des animaux en paient le prix de leur vie, de leur espèce.
Jan Brughel dit de Velours
Les deux tableaux de Paul de Vos – entrée des animaux dans l’arche de Noé
Quand on regarde ces tableaux, on peut se rendre compte de la place prépondérante des chevaux. Les éléphants, les autruches, les fauves et tant d’animaux couvrent aussi la toile, mais les chevaux attirent l’œil. Une volonté des artistes ? Une déformation affective du sujet de cet article ?!
Le cheval, depuis l’éohippus il y a 60 millions d’années, a su évoluer malgré les bouleversements climatiques, malgré les prédateurs, malgré et grâce à sa domestication, sans le caractère de servilité qui sied davantage aux chiens.
Il donne l’impression d’avoir une hauteur de vue et une philosophie qui l’ont engagé au service des hommes, avec sa force, sa docilité et son courage.
Il y a bien d’autres animaux à avoir une hauteur de vue (la girafe ou l’autruche !), une philosophie (le singe), la force (l’éléphant), la docilité (le chien) et le courage (l’abeille).
Toutes ces qualités réunies faites cheval, son inépuisable disponibilité en plus, sont un don de la nature dont ont bénéficié les civilisations passées.
Nonobstant de rares coups de pied ou de dent, sûrement justifiés, prendre soin de lui est bien la seule façon de lui rendre grâce.
lithos Currier & Ives