Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 13/08/2012 08:44:51
Rubrique : Interviews, lu 9223 fois. Pas de commentaires
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Portrait: Patrick Michaud, ''Monsieur Attelage''


 

 

PATRICK MICHAUD, Président de la Commission d'Attelage

                Du charisme, de la présence, une voix forte et éraillée à force sans doute " de manger du micro", l'homme en impose, il a son franc parler et qui s'y frotte s'y pique ! Si la DTN voulait un homme de poigne pour diriger la discipline de l'attelage elle l'a trouvé. Il faut dire que nous en avons usé des Président de Commission! Pour Patrick Michaud " avec les cavaliers de dressage, les meneurs  sont les plus difficiles à gérer, les plus exigeants, ils trouvent toujours à redire."

            Délégué Technique, Chef de Piste, il est sur tous les concours internationaux et "Pro". Infatigable de la roulette, de la masse à enfoncer les piquets, le talkie ouvert pour répondre aux moindres sollicitations de l'organisateur ou du jury,  Patrick est l'homme orchestre qui coure entre le  Bureau des Calculs, les obstacles, les carrières et la dernière urgence à satisfaire. Mais comment en est il arrivé là ?     

         Papa était notaire dans un petit village de Vendée, et sa bonne situation lui permettait de monter à cheval aussi bien dans un club tenu par un militaire (ce qui était habituel avant guerre), qu'à la chasse à courre.

Découverte du cheval avec maman au Pouliguen

           Patrick prendra ses premières leçons d'équitation dès qu'il le pourra. En effet, à l'époque (1968) on ne pouvait monter à cheval en club qu'à partir de l'âge de 12 ans. La compétition est venue très vite avec les compétitions d'entraînement, puis les compétitions nationales dès qu'il obtient son second degré d'équitation. Le concours complet sera son choix de prédilection. Il y avait beaucoup de concours de cette discipline dans la région, et l'équitation d'extérieur lui est venue naturellement avec les sorties à la chasse avec son père et sa mère.

Avec son père à la chasse

         La chasse à courre a ses fêtes, et il n'est pas rare d'y adjoindre des CSO au programme. Il y avait parfois  10 à 15.000 spectateurs. Patrick en était souvent l'organisateur avec son père alors Président de la Ligue de l'Ouest (aujourd'hui CRE Pays de Loire). Patrick va faire ainsi ses premiers pas dans l'organisation des sports équestres.  

Le père et le fils à la Fête de la Chasse au Parc Soubise en Chefs de Piste

         Jérome Chabrol un ancien cavalier de CSO international prend le père et le fils pour monter le CSO de la Baule.  Patrick assure  les responsabilités de speaker, et anime le concours. Il en  est encore aujourd'hui le Directeur Technique.

Très vite au micro, il ne l'a plus quitté.

 

          Patrick a travaillé dans un centre d'élevage, L'Elevage de Fréli  de 1978 à 1994 comme  régisseur. Au début l'élevage était modeste avec seulement  3 poulinières, mais lorsque l'établissement a fermé ses portes il comptait 80 chevaux, 6 étalons et  18 poulinières. Le travail allait de la saillie  à la compétition. Patrick préparait les chevaux et les sortait en compétition jusqu' à l'âge de 6 ans.

Présentation

Travail du jeune cheval à l'obstacle

Cycle Classique

Cycle Classique

         Le jeune cavalier n'en continue pas moins de sortir en CCE comme ici au Lion d'Angers

Fin des épreuves, en compagnie d'Anne et de son fils Romain

 

Il y avait aussi  ce que l'on appelait les épreuves d'extérieur pour jeunes chevaux. Le style y était jugé, un peu dans l'esprit "Hunter" d'aujourd'hui.

Veste de tweed, sport et style ne sont pas incompatibles

Patrick monte aussi dans de grandes épreuves, comme le CSI de La Baule:

 

L'Attelage

         C'est en 1992 que le Responsable du Cheval du Conseil Régional de Vendée lui demande d'assurer le poste de Commissaire Général du Championnat de France d'Attelage de La Roche sur Yon. Les chefs de piste du Championnat étaient Jean Pierre Maguin et Gérard Cornet. L'attelage était une nouveauté pour Patrick, alors naturellement il se déplace  sur les gros concours de l'époque, comme Compiègne, pour apprendre de quoi il en retourne.

         Un certain Jacques Tamalet alors entraîneur sélectionneur le remarque et lui demande de rejoindre notre discipline qui manque de technicien du cheval. Patrick accepte et  prend progressivement les fonctions que l'on lui connait aujourd'hui. " ça n'a pas été facile au début, voir arriver un "extra terrestre" venant d'autres disciplines équestres ça n'allait de soi pour les meneurs."

         Aujourd'hui Patrick a fait son trou, mais il regrette de ne pas être demandé hors frontières alors que l'on invite en France des Techniciens étrangers: "nous sommes le pays qui organise le plus de concours internationaux, nous invitons beaucoup d'étrangers, mais il n'y a pas de  retour. Alors quand la FFE demande à la FEI de me passer Délégué Technique "O",   la FEI refuse, jugeant que je n'ai pas assez d'expérience à l'étranger. J'ai du mal à encaisser. "

         Sur le terrain la tache n'est pas aisée lorsque le concours est ouvert à toutes les catégories:

" C'est plus facile pour un chef de piste de Championnat du Monde! Ma méthode dans le cas d'un concours multi-catégories est de privilégier la piste pour la catégorie qui a une échéance majeure dans l'année. Pour les autres catégories je fais un compromis. L'essentiel est de proposer des" options" mais aussi des "alternatives",   ne pas confondre ! "

         Patrick assure la fonction de Président de la Commission d'Attelage et a succédé à Patricia Thiriez:

         "La fonction  est plus près du terme  "Référent attelage" que Président. Mon travail  consiste à faire appel aux différents experts si besoin, juges, organisateurs, mais aussi d'animer et   faire des propositions à la DTN. Il y a des choses que j'aimerais voir évoluer, mais c'est la DTN qui dispose. J'espère voir évoluer en particulier le cas des gilets de protection,  je crois qu'il faudrait accepter les normes FEI et ne pas s'en tenir aux normes CCE. Le gros bouleversement à venir est sans doute la suppression de la phase de pas dans le marathon qui va se poser,  si la FEI met son projet à exécution. Comme tous les cadres de la DTN, je suis nommé pour 4 ans,  la durée d'une olympiade. Dans quelques semaines je ne serai peut être plus là. Je crois que la discipline a progressé, on a un bon calendrier. Je regrette de ne pas avoir été consulté pour l'organisation des JEM de 2014. En tant que Président de la Commission d'Attelage et Technicien Fédéral pour cette discipline je pense que j'avais des idées à partager".

         Patrick a aussi son opinion quant au rôle de l'entraineur aujourd'hui pour l'attelage: " je crois que la politique du DTN Pascal Dubois est bonne, les meneurs n'en profitent peut être pas suffisamment. Laisser chacun se choisir l'entraineur ou le coach qu'il souhaite, et faire des rassemblements à Lamotte Beuvron me parait une bonne chose. Il y a des aides matérielles pour cela.  Les meilleurs entraîneurs ne sont pas forcément les meilleurs meneurs! La Fédération propose des stages de détection et de sélection. Les meneurs peuvent venir avec leur entraîneur, discuter et  partir avec des objectifs, des idées. Il est bien d'avoir établi des critères pour les sélections mais placer le curseur au bon endroit ce n'est pas facile, d'autant que le niveau des compétitions internationales augmente vite. Entre le Championnat du monde à Beesd en 2008 et celui de  Riesenbeck  cette année il va y avoir un monde de différence! "   

         Malgré tout Patrick est bien apprécié par la FEI, la preuve il a été nommé Stewart Officiel (et seul français) aux Jeux Olympiques pour toutes les disciplines équestres. Il en revient heureux du spectacle et de l'ambiance vécue: "une belle organisation extraordinaire, une discipline acceptée par tous. Tout s'est bien passé. Le phénomène premier est l'émergence de nations non issues culturellement de la tradition équestre. Aujourd'hui il faut se donner les moyens financiers si l'on veut jouer les premiers rôles. S'appuyer sur ses acquits ne suffit plus. Nous avons des chevaux il faut les conserver et contrer les propositions alléchantes en aidant les propriétaires pour les conserver. C'est l'action entreprise pour l'objectif des JEM. Certaines nations ont" très faim" de victoires, peut être plus que nous je crois ".

JCG

 

 


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