Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 22/02/2012 07:54:54 Rubrique : Interviews, lu 5394 fois. 4 commentaires |
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Jean François Trangosi (JFT), un acteur de l'attelage moderne.
Faire le portrait de Jean François Trangosi, c'est un peu faire l'histoire de l'attelage moderne en France, et un peu d'histoire ne fait pas de mal. C'est utile pour les plus jeunes, notre discipline est sportive mais elle est aussi ancrée dans notre passé, notre culture équestre, notre patrimoine. Faire de l'histoire de l'attelage c'est aussi mieux connaître et mieux comprendre le temps présent.
Sa vie de cheval débute en 1958, il a 11 ans il habite la campagne près d'Ermenonville. Il est toujours resté Picard. Un copain possède une jument, probablement arrivés d'Afrique du Nord, cela se voyait beaucoup à l'époque, une Barbe ou croissement de Barbe. Comme tous les gamins de cet âge ils vont monter "à cru" et s'amuser, avant qu'un ouvrier agricole ne mette la jument à l'attelage. Jean François débute ainsi une longue carrière dans la discipline. Très vite "mordu" par le cheval, il pense faire sa vie dans le milieu de l'équitation: "la famille m'en a très vite dissuadé 'm'invitant à trouver un métier plus rémunérateur, de d'abord gagner ma vie et d'ensuite d'acheter éventuellement un cheval. "
Le jeune homme qu'il devient ne va pas en rester là. Il s'assure une formation équestre classique en montant régulièrement au Cercle Hippique de Compiège: étriers déchaussés, tape cul, ra-da-da en extérieur, bref l'enseignement à la dure de l'époque". La théorie de l'équitation il va s'en imprégner avec les revues telles que " l'Information Hippique" pour les 3 disciplines olympiques ou "Plaisirs Equestres " où l'on y parlait beaucoup dressage.
La région Compiègnoise est riche de manifestations équestres. Notre picard va assiter règulièrement aux concours hippiques et aux épreuves de complet. Les revues le ramènent à l'attelage, car l'on y parle de Manfred de Diepold et d'attelage dans la région de Rambouillet où Monsieur Camus mène à 4 (exceptionnel, à l'époque). Et puis l'attelage moderne en pleine naissance fait parler de lui grâce au Directeur du Haras de Compiègne, Monsieur Adrien Drion. Un premier concours d'attelage a lieu et un peu plus tard un certain Gérard Saint Beuve organise des concours à Ressons s/Matz. Il portera les couleurs picardes et françaises sur les terrains internationaux. Avec la réputation de Gérard et l'efficacité de Martine son épouse Présidente de l'ARAP qui a pris la succession de Christian Rocchia et avec l'impulsion d'Auguste Dubey, le CAI de Compiègne grandit. Les hollandais, mais aussi les américains, les suédois, les hongrois viendront à Compiègne! des évènements exceptionnels à une époque où l'on ne déplacait pas facilement les attelages à travers les frontières !.
Un vieux proverbe arabe dit : "Où est-on mieux que sur le dos d'un cheval ? "Je me permettrais d'ajouter que, bien calé sur son siège, les guides ajustées dans la main gauche, le fouet dans la droite, au trot gaillard de ses chevaux bien sur la main, le meneur, lui aussi, est parfaitement heureux !..
Adrien Drion
Ancien Directeur Général des Haras.
Président Fondateur de l'AFA.
"C'est aussi à cette époque que j'apprends l'existence de l'association picarde.Je la rejoins avec un ami, Alain Chartier , qui deviendra un ténor de l'attelage tandem en compétition un peu plus tard."
Concours à Conty en 1995
"Un autre picard est d'importance, Monsieur de Chézelle préside les destinées de l'attelage et tant que Président de l' Association Française d'Attelage (AFA). Il faut savoir que l'attelage n'était pas intégré à la Fédération des Sports Equestres de l'époque et tous les règlements et concours étaient régis par l'AFA.
L'attelage se développait en France essentiellement dans quelques régions, la Picardie à Compiègne, la région de Rambouillet et le Haras des Bréviaires, la région de Grenoble avec Maurice Perret et Cazier Charpentier, puis Saumur avec Vital Lepouriel, et la Normandie avec Jim Orlaville".
Jacques Jourdanne Directeur du Haras des Bréviaires
H.Cazier Charpentier
" Fin 1988 se pose la question de l'intégration de l'attelage au sein de la fédération de l'époque (DNSE). L'AFA passe les commandes mais ne se dissout pas et organise encore aujourd'hui tous les Concours de Tradition. Toutes les Associations Régionales doivent s'adapter aux impératifs et à l'organisation fédérale. Cela ne va pas sans peine. La clientèle de l'attelage est constituée de personnes ayant les chevaux chez eux et non pas dans des centres équestres, et ils ne sont pas tous issus du monde du cheval. Et puis il y a les spécificités de notre discipline: les coéquipiers, le matériel , les attelages multiples... tout cela ne s'intègre pas forcément dans les règles et règlements de la fédération, qu'un personnel ignorant de nos contraintes a la maladresse de ne pas prendre en compte. Certaines directives étaient impossibles! Ce genre de déphasage existait il y a encore peu, pour preuve l'incompréhension de la FFE de voir des adultes mener des poneys... La "réforme" a stoppé le développement de l'attelage dans certaines régions. Il fallait aux responsables d'associations avoir beaucoup de temps et se battre à tous les niveaux, être présent partout pour s'intégrer passer les idées et se faire admettre."
En 1986 Jean François participe à ses premiers concours avec un trotteur à Conty en 1987. Sa carrière aura été courte, il arrête en 1994 après avoir été 3 eme au Championnat de France à Hardelot en 1992. Il fait le choix de se consacrer à son association et à l'organisation des concours dans la région et à Compiègne.
Cuts 2005 avec Spartacus d'Oger
" Il fallait aussi préparer la relève au niveau des juges car progressivement beaucoup prenaient leur retraite, comme Maurice Perret, Robert Coutable, Jim Orlaville, Félix Sauvage..."
Retrouvailles avec Mr. Coutable à Lisieux 2010
"Un premier stage sera organisé à Compiègne sous l'impulsion de Christian Rocchia avec l'aide de Pierre de Chézelles qui font venir Auguste Dubey au milieu des années 80. Le meneur suisse découvre le site de Compiègne qui l'enthousiasme, et il incite ses hôtes à y organiser un concours d'attelage. Celui-ci a lieu les 12 et 13 juillet 1980. Je suis élu président de l'ARAP fin 1988, et grâce à l'aide de Martine et Gérard Saint Beuve, Auguste Dubey vient animer un autre stage pour les meneurs picards. La FFE saute sur l'occasion et en profite pour y organiser conjointement le stage annuel des juges."
N.Whalen qui a beaucoup appris à JFT pour l'organisation des concours
"Tout en étant dans le bénévolat et l'associatif, il faut gérer comme si l'on est à la tête d'une entreprise, il faut satisfaire le client. En 2000 l'Association des Organisateurs de Concours est créé, avec pour objectifs de faire remonter à la fédération les problèmes et les besoins du terrain. De mauvaises décisions prises au sommet retombent fatalement sur les organisateurs.
Repas et discussion avec les bénévoles Avec Richard Papens (Bel), promenade à Compiègne 2006
"L'organisateur doit savoir déléguer mais aussi garder la main sur le jury, les concurrents, les bénévoles et toutes décisions incongrues venant de plus haut ! Il y a aussi des rappels à faire aux instances fédérales, comme la désignation du jury du Championnat de France qui trop souvent ne se fait pas dans des délais respectueux pour les juges et pour les concurrents. Les choses avancent tout de même. Depuis l'arrivée de Quentin Simonet les questions administratives sont traitées plus promptement. Jacques Tamalet a été seul longtemps et ne pouvait pas tout assurer, tout occupé par les Equipes de France qu'il était... et puis le portable et internet ont beaucoup amélioré la communication!
Remise des Prix à Compiègne
" La formation des juges est aussi un problème. Seuls les juges Nationaux Elite sont pris en charge par la FFE. Les autres juges sont formés par les CRE régionaux. Quid de la cohérence de la formation pour ces derniers? le juges du Nord aura t il le même enseignement que celui de Midi Pyrénées ?
La page des CAI se tournant à Compiègne faute de moyens, le site du Grand Parc de Compiègne et l'ARAP se spécialisent dans les concours Amateur et Jeunes Chevaux. La finale a lieu à Compiègne tous les ans maintenant.
F. Bruneel Président Attelage SHF et passage du témoin à F.Evrard
"Aujourd'hui va se poser le renouvellement des officiels de concours. On se connaissait tous, mais aujourd'hui avec 12 concours par région... Il faut que nous arrivions à nous fréquenter et à nous connaître, mais pour cela il faut se déplacer! J'ai été très déçu de voir si peu de monde et si peu d'organisateurs au Championnat du Monde de Conty. Comment avons nous pu passer à côté de cet évènement qui était l'occasion de nous renconter ? Serions nous que des "consommateurs sportifs" ? idem pour les juges, le potentiel des techniciens, juges et organisateur était sous représenté. Ce n'est pas normal."
" L'association des organisateurs gère les chronomètres électroniques, tout le monde connait Alain Carpentier qui a beaucoup oeuvré, mais aujourd'hui il faut remplacer le matériel et assurer la continuité. Une importante initiative de notre club est d'avoir mis à disposition des organisateurs des caméras pour filmer les concurrents sur les obstacles. Ces films sont mis à la disposition du jury en cas de réclamation. A l'étranger c'est un service qui est assuré par les Fédérations Nationales... nous commettons des erreurs à trop libéraliser le système. L'utilisation du logiciel Driving pour les calculs qui était auparavant pris en charge par la FFE en est un autre exemple".
" D'autres initiatives pourraient naître comme les puces électroniques sur les attelages ou les panneaux des temps sur chaque obstacle. Question de budget et de volonté des organisateurs! Les services existants sont à la disposition de tous les organisateurs, qu'ils soient adhérents à l'association ou pas."
Alain Carpentier en compagnie de M. Lévesque
" Le monde change, le Haras de Compiègne est aussi dans la tourmente. L'attelage picard va continuer dans la mesure de ses faibles moyens d'utiliser le site: avec le Musée des voitures du Château, la venue de Stéphane Chouzenoux et d'autres attelages si possible, et l'organisation des stages de l'ARAP un week end par mois. Il y a encore 12 gardes mais plus de chevaux. L'endurance utilise régulièrement les boxes du haras. Les meneurs des autres régions sont les biens venus s'ils veulent utiliser la forêt et les obstacles le temps d'un week end".
" Evoquer le Haras national de Compiègne c’est rappeler aussi le rôle important joué par cette administration il y a vingt ans dans la relance de l’attelage en France. En Picardie le passage des degrés d’attelage se faisait toujours dans le cadre du haras. Bruno Pourchet nommé Directeur à Compiègne y découvre notre discipline, et sera l'instigateur des concours d’attelage inter haras et surtout de la Route du Poisson, manifestation destinée à mette en valeur l’aptitude postière des races de chevaux de trait".
Jean-François Trangosi sera le trésorier de l’AP3C, association organisatrice de 1990 à 2005.
JCG
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