Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 23/12/2011 07:39:50
Rubrique : Coup de coeur, lu 2653 fois. Pas de commentaires
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JEM 2014, le ''cher'' souci des AT4


 

 

 

      Il y a des moments comme ça où l'actualité invite à réagir. L'interview de Boyd Exell par les organisateurs du CAIW de Bordeaux nous ramène à la réalité de notre quotidien et de nos espérances. Mais parler de l'attelage à 4 chevaux français c'est déjà se prévoir une avalanche de critiques, de rappels à l'existence des autres catégories, de l'attelage pour  amateurs etc ...

      J'invite donc nos lecteurs à prendre la plume comme je le fais pour les AT4,  pour nous décrire avec pertinence la situation, et nous faire le bilan  des autres catégories en regard de la situation internationale et des évolutions constatées ces dernières années.

      Il se trouve que le petit monde  l'attelage à 4 chevaux est ce que je connais de mieux en ce moment, que l'année 2012 sera une année de Championnat du Monde et que nous aurons en 2014 les Jeux Equestres Mondiaux en Normandie. Les JEM sont objectivement ce qui "se fait de mieux " après les Jeux Olympiques, les médias y seront un relais puissant pour notre discipline. Nul ne contestera l'importance de l'événement. Mais 2012 et 2014 à l'échelle du temps de la compétition c'est déjà demain. Sommes nous prêts à affronter nos adversaires, avons nous une chance de marquer les esprits avec une réelle performance de l'Equipe de France lors de ces JEM ?

      Poser la question c'est déjà presque y répondre... car nous sommes loin de la spirale du succès à un peu plus de 2 ans de l'échéance !

 

Un peu d'histoire, la situation de l'attelage à 4 chevaux dans le monde

      La catégorie 4 chevaux est la catégorie reine des attelages: "reine" parce qu'elle pose le plus de contraintes, parce qu'elle est plus soutenue que les autres catégories par la FEI, parce que les meilleurs meneurs sont des professionnels, parce qu'elle est la plus spectaculaire, parce qu'elle intéresse un peu les médias (mais moins que le CSO), parce que cette catégorie participe aux JEM. On apprécie ou pas ces arguments, mais c'est ainsi.

      Cette catégorie est dominée par quelques pays : Allemagne, Etats Unis, Hollande, Hongrie, Suède, Suisse. Les meneurs du top ten sont issus de ces pays. Les meneurs français n'ont jamais figuré en bonne place de manière durable. D'autres nations participent aux plus hautes épreuves internationales: Antilles Néerlandaises, Argentine, Autriche, Belgique, Canada, Espagne, Grande Bretagne, Irlande, Italie, Pologne, Portugal, Slovaquie, Tchéquie.

      Au dernier Championnat du Monde à Lexington (USA) en 2010, la France n'a pas présenté d'équipe. En 2008 à Beesd (NED), une toute jeune équipe de France a terminé 8 eme sur 11 nations, le meilleur français a terminé 18 eme sur 58 partants.

La situation des meneurs du top 10

 

      Pour parvenir dans l'élite mondiale de la catégorie, il faut des chevaux de qualité , une grande maitrise de la conduite d'un attelage à 4 chevaux dans la technique et la vitesse du menage. Disposer aussi d'un matériel de la plus haute technologie, d'un personnel efficace autour des chevaux (6 chx pour un AT4 est un minimum), et d'infrastructures adaptées à l'entrainement.

      Pour participer durablement dans le groupe de l'élite mondiale de la catégorie 4 chevaux, il faut avoir la possibilité de renouveler régulièrement en partie, le piquet de chevaux, et se forger une longue et régulière expérience de la compétition et dans cette catégorie. Il faut au moins une dizaine d'années de pratique en compétition pour faire un meneur, 3 ans pour éduquer un cheval, et combien de temps pour que 4 chevaux fonctionnent bien ensemble ?

      L'élite mondiale des meneurs est constituée de meneurs fortunés (USA-Hongrie-Allemagne) ou bien de meneurs largements sponsorisés par des aides privées: l'australien Excell Boyd, Isjbrand Chardon, Werner Ulrich, Daniel Wurgler, etc... La plupart des meneurs du top 10 figurent dans le haut du classement depuis plus de 10 ans, parfois beaucoup plus.

      Ajoutons y le cas de Félix Brasseur comme indicateur de l'immense difficulté qu'il y a à pénétrer dans l'élite mondiale. Malgré 2 titres de Champion du Monde, après un retour à la compétition avec un nouveau team de chevaux espagnoles, le meneur belge n'a pas retrouvé le haut niveau. Aujourd'hui soutenu financièrement et avec un piquet de 8 chevaux pour les JEM de 2014 son retour n'est pas garanti, les perspectives d'un retour positif se jugeront dans  l'année qui vient. Il faut donc rester coller coûte que coûte à une compétition qui hisse chaque année son niveau d'excellence.

      Pour rivaliser et progresser dans la hiérarchie mondiale, les meneurs français aujourd'hui capables de parvenir  au niveau technique des meilleurs se comptent sur les doigts d'une main... encore faut il que l'alchimie amalgame tous les détails  qui peuvent produire la réussite. "Réussite" qui est toujours faite  d'une multitude de détails acquis par l'expérience et maitrisés.

La situation des meneurs français

 

      Depuis le Championnat du Monde en 2008 à Beesd, l'attelage français n'a pas véritablement décollé malgré quelques succès individuels. En 2009 l'Equipe de France a terminé 3 eme au CAIO de Bréda, et Thibault Coudry garde le contact avec les meilleurs étrangers avec une participation régulière à 2 étapes de la Coupe du Monde indoor de la FEI. C'est maigre! Autant dire que l'avenir est incertain et que l'attelage français pourrait s'éclipser notablement de l'échiquier international sur les concours de référence que sont aujourd'hui: le Championnat du Monde, les CAIO d'Aix la Chapelle, de Bréda ou de Donaueschingen.

 

En conclusion

 

      Le sport d'attelage est méconnu en France. L'image de l'attelage de grand' papa avec son cheval de trait ou l'attelage d'une bourgeoisie défilant dans les concours de Tradition sont fortement présents dans la mémoire et l'imagerie populaire.  Ces images attirent le grand public plus que l'attelage sportif. Pas étonnant qu'elles n'attirent  pas les sponsors, une image trop rurale dans le premier cas, trop élitiste dans le second, dans un pays où la culture du cheval de sport d'attelage n'est pas présente comme elle l'est en Hollande ou en Hongrie. Ici, le cheval de sport d'attelage n'est pas reconnu.

      Le sport d'attelage est absent des médias, les meneurs français sont devant cette problématique: rechercher des aides privées improbables et /ou obtenir un soutien national jusqu'au JEM, seule voie possible pour donner un élan, pour démarrer la spirale du succès.

      En effet l'attelage à 4 chevaux de haut niveau, (comme d'autres sports, mais ceux là bénéficient des médias et du retour par le sponsoring) , nécessite des moyens financiers qui ne sont pas supportables pour un particulier, sauf à être très fortuné.

      L'espoir de voir une équipe de France en bonne place aux JEM de 2014 est pour une grande part, dépendante des moyens financiers que l'on pourra y mettre. Des aides ponctuelles ont été apportées, mais à ce jour aucune aide profonde et durable n'a jamais été investie sur les teams, si ce n'est la mise à disposition par la FFE d'un encadrement avec Félix Brasseur. Il est urgent de faire plus et de mettre en place une politique de soutien matériel aux meneurs les plus en vue, si l'on veut espérer une présence significative dans moins de 3 ans en Normandie.

      Cette politique espérée se trouve contenue dans les missions données à l'IFCE:

"l'IFCE participe à l'accueil et au développement des disciplines sportives équestres de haut niveau. Il contribue à mettre à disposition des cavaliers de haut niveau des chevaux dotés des meilleures qualité sportives" (article R653-14 du décret 2010-90)

      Une performance significative de l'Equipe de France aurait de nombreuses retombées  positives: reconnaissance de notre sport par les sponsors et les médias, mis en valeur des autres catégories, 1 cheval, 2 chevaux, poneys... reconnaissance internationale de l'attelage français, retombées significatives sur l'enseignement de l'attelage dans sa diversité (sports, cochers, enseignants, centre de formation IFCE). 

      Est il imaginable de ne pas avoir d'Equipe de France aux JEM en 2014 ? La réponse ne va pas de soi....

      Mais ce n'est que mon avis ...

 

 

 

Les vainqueurs du CAIO d'Aix la Chapelle de 1983 à nos jours. En caractères gras les meneurs toujours en activité.

Certains sont devenus entraîneurs comme R.Duen, T. Velstra, M.Freund.1983- 1984  Tjeerd Velstra (NED)
1984 Tjeerd Velstra (NED)
1985 Zygmunt Waliszewski (POL)
1987- 1988 – 1989  IJsbrand Chardon (NED)
1990 Ad Aarts (NED)
1991 – 1992
 Tomas Eriksson (SWE)1993 IJsbrand Chardon (NED)
1994 Michael Freund (GER)
1995- 1996 – 1997  IJsbrand Chardon (NED)
1998 Michael Freund (GER)
1999 – 2000  Tomas Ericsson (SWE)
2001 IJsbrand Chardon (NED)
2002 Michael Freund (GER)
2003 Boyd Exell (AUS)
2004 Michael Freund (GER)
2005 Werner Ullrich (SUI)
2006 – 2007 - 2008 IJsbrand Chardon (NED)
2009 - 2010 Boyd Exell (AUS)

 

 

 

 

 

 

* Les nations qui ont remporté le CAIO d'Aix la Chapelle par équipe de 1983 à 2010
L'Allemagne 11 fois - La Hollande 9 fois - La Suède 3 fois - La Belgique 2 fois - La Hongrie 1 fois - La Pologne 1 fois

 

 

* Les podiums des Championnats du Monde depuis 1972 en caractères gras les meneurs toujours en activité.

2008
Beesd (net)
IJsbrand Chardon (net)
Chester Weber (usa)
Boyd Exell (aus)
2006
Aachen (ger)
Felix Brasseur (bel)
IJsbrand Chardon (net)
Christoph Sandmann (ger)
2004
Kecskemét (hun)
Michael Freund (ger)
Zoltán Lázár (hun)
IJsbrand Chardon (net)
2002
Jerez de la Frontera(spa)
IJsbrand Chardon (net)
Christoph Sandmann (ger)
Tomas Eriksson (swe)
2000
Wolfsburg (ger)
Tomas Eriksson (swe)
IJsbrand Chardon (net)
Felix Brasseur (bel)
1998
Roma (ita)
Werner Ulrich (swi)
Michael Freund (ger)
Tom Monhemius (net)
1996
Waregem (bel)
Felix Brasseur (bel)
George Bowman (gbr)
József Bozsik (hun)
1994
Den Haag (net)
Michael Freund (ger)
George Bowman (gbr)
IJsbrand Chardon (net)
1992
Riesenbeck (wge)
IJsbrand Chardon (net)
Hanspeter Rüschlin (swi)
Christoph Sandmann (ger)
1990
Stockholm (swe)
Tomas Eriksson (swe)
József Bozsik (hun)
IJsbrand Chardon (net)
1988
Apeldoorn (net)
IJsbrand Chardon (net)
Christer Pahlsson (swe)
József Bozsik (hun)
1986
Ascot (gbr)
Tjeerd Velstra (net)
IJsbrand Chardon (net)
László Juhász (hun)
1984
Szilvásvárad (hun)
László Juhász (hun)
György Bárdos (hun)
Mihaly Balint (hun)
1982
Apeldoorn (net)
Tjeerd Velstra (net)
György Bárdos (hun)
László Juhász (hun)
1980
Windsor (gbr)
György Bárdos (hun)
George Bowman (gbr)
Tjeerd Velstra (net)
1978
Kecskemét (hun)
György Bárdos (hun)
Sándor Fülöp (hun)
Ference Muity (hun)
1976
Apeldoorn (net)
Imre Abonyi (hun)
Emil-Bernhard Jung (wge)
Zygmunt Waliszewski (pol)
1974
Frauenfeld (wge)
Sándor Fülöp (hun)
Christian Iseli (swi)
George Bowman (gbr)
1972
Münster (wge)
August Dubey (swi)
John Miller (gbr)
Douglas Nicholson (gbr)


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