Article proposé par JUJU, paru le 18/11/2011 08:28:07
Rubrique : Coup de coeur, lu 2640 fois. 10 commentaires
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On achève bien les haras !


 

         Cluny, je l’ai connu hennissant, le sable hersé comme un jardin japonais, martelé des sabots de ses innombrables chevaux, accompagné de cris et de rires joyeux, du crissement des voitures emportées par les attelages à quatre ou les tandems de percherons, d’auxois, de comtois, d’anglos, de pur-sangs, de connemaras… odorant du crottin frais, de la paille, du foin et de la fumée qui jaillissait des fers posés à chaud et du parfum tenace des cuirs soigneusement savonnés, graissés…  

Vivant !

         C’était un bonheur que d’y aller, un honneur que d’y travailler.

         Que d’admirer les énormes croupes des traits dans leur stalles nattées, et l’œil fiévreux, la robe lustrée, soyeuse, rutilante des étalons de sang, d’y contempler, au printemps, les mères suitées, attendant la saillie nouvelle… les poulains cotonneux et intimidés.

         Pour eux, pour les Haras, j’étais heureuse de payer des impôts ! 

 

         Le haras de Cluny est vide. Certaines stalles sont cassées… la crasse froide rampe inexorablement et les araignées ont beau jeu que de s’y installer.

         Les bâtiments appartiennent aux courants d’air à présent, et s’y balader est aussi gai que d’arpenter les allées d’un cimetière abandonné.

         Dévoré par les célèbres restes de l’abbaye, le Haras a déjà vu détruite l’infirmerie des chevaux. 

         Le bâtiment où s’entassent, en triste état, les voitures, répertoriées, classées, pourtant, 

« notre » patrimoine et « notre » passé, sera détruit lui aussi, ainsi que la salle des gardes et la sellerie. 

         L’abbaye n’en sera pas ressuscitée pour autant, mais ça lui donnera un peu d’air, une perspective, puis l’abbaye est tellement touristique, et tellement rentable, elle…

 

         On vient d’enterrer le Haras, et tout le monde, ou presque, s’en fout.

         Consciente d’avoir remué juste un peu de poussière, moi, je ne m’en fous pas.

 

Julie Wasselin

 

 

Le haras a été ouvert en 1807 sous l'impulsion de Napoléon Ier pour servir de dépôt d'étalons[1].

Les chevaux ont été logés dans un premier temps dans les écuries de Saint-Hugues, puis à partir de 1820 dans les nouveaux bâtiments construits sur le site de l'abbaye de Cluny. Ceux-ci seront agrandis en 1880[2].

 

À ses débuts, le haras accueillait une cinquantaine d'étalons. Sa période la plus faste se situe autour des années 1900, où l'on y répertorie pas moins de 150 chevaux.

 (Wikipédia)

 


  Commentaires
-jpv par Jpv (18/11/2011 19:11:27)
ideml pour blois partis lui aussi dans l'anonima
-faute de frappe par Jpv (18/11/2011 19:20:06)
idem pour blois lui aussi fermé dans l'anonymat
-suite par JACKY (20/11/2011 10:24:33)
Et ce n'est pas terminé puisque la fin totale est planifiée semble-t-il. A defaut de l'institution espérons au moins que les batiments seront conservés !
"Tout fout le camp"... à quand les traditions (immatérielles)... c'est en route. et quand il n'en restera plus, que restera-t-il ????
Cordialement
-Eh bien, par JUJU (28/11/2011 12:21:21)
c'est quand même formidable et très encourageant de découvrir, ce matin, que notre équitation traditionnelle française à été inscrite au patrimoine de l'Unesco !
Enfin une bonne nouvelle.
-hum.. par JeanClaudeGrognet (28/11/2011 12:23:30)
dans le fond est ce bien une bonne nouvelle ? On peut dire aussi que c'est un enterrement de première classe ...
-Tout de même, par JUJU (28/11/2011 14:00:11)
c'est une reconnaissance! ceci dit, c'est effectivement une façon d'entrer au musée, mais un musée qui, grâce à cela, devrait rester à peu près vivant s'il n'est pas restreint au rang de curiosité !
-hum, hum par JeanClaudeGrognet (28/11/2011 18:46:12)
Pour être "vivant" il faut être de son temps et s'y adapter.
Bien sûr que c'est une reconnaissance et que cela flatte notre franchouillardise, mais il serait plus intéressant d'être un "phare", un "exemple" dans l'Equitation d'aujourd'hui et ne pas laisser la place à d'autres...
-IMPORTANT ! par JUJU (16/12/2011 11:05:56)
Parmi les gens que la situation ne laisse pas indifférents, il existe un petit groupe de... 10 personnes.
ALORS...
Si ces lignes vous ont touchés, et si vous avez la possibilité d'aider ce groupe d'irréductibles qui se bat, pied à pied, avec seulement... leurs coeurs et leurs propres moyens, afin que des présentations de voltige, d'attelage ou de Garrocha, entre autres, et des expositions d'artistes amoureux des chevaux animent encore la vieille maison...
Venez à la belle saison un jeudi à Cluny.
De plus en plus d'amateurs, chaque année sont séduits, qui, après avoir admiré les ruines de l'abbaye voisine, ou vibré lors d'un CSO, s'en viennent au Haras, évoquer une passé qui remonte à Napoléon et imaginer le tumulte et l'existence des étalons.
MERCI POUR EUX...
-A rappeler par MIRZOU47 (17/12/2011 22:40:53)
Un détail pour certains : l'Abbaye fut "mutilée" sur ordre de Napoléon pour construire le haras.
-Je n'en suis pas sûre... par JUJU (18/12/2011 10:47:30)
À la révolution, en 1789, comme tous les bâtiments ecclésiastiques, l'abbaye est devenue un bien national, et les révolutionnaire, après l'avoir pillée, ont commencé à la démolir à coups de mines dès 1791. Elle a été vendue pour devenir une carrière de pierres en 1798, année où Bonaparte était en Egypte, et pas encore à la tête de la France, et cette démolition s'est prolongée jusqu'en 1819.
Ce qui est fort probable c'est que le Haras, comme bon nombre de maisons clunysoises, a été bâti avec les pierres de l'abbaye...
Rien ne se perd... le pont de la concorde à paris est bien construit avec les pierres de la Bastille !