Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 09/11/2011 13:20:41
Rubrique : L'attelage de Tradition, lu 3975 fois. Un commentaire
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Les Attelages de la Couronne


 

 

 

Article de « Carrozze e Cavalli » 02/2011  

 

UNE FABLE MODERNE               par Elvezia  Ferrari  (traduction  Henri Baup) 

 

 

 

         Nonobstant quelques concessions à l’évolution du temps, les voitures traditionnelles ne pouvaient faire défaut à la fable de la jeune bourgeoise épousant son prince d’azur

 

         Le XXIème siècle marque la première égratignure à la tradition britannique qui prévoit que tous les protagonistes d’un mariage royal doivent parcourir le trajet jusqu’à l’église en carrosse.

 

         C’est probablement à cause de l’allergie de la mariée au crin de cheval que ce déplacement pour rejoindre Westminster abbey, s’est fait en Rolls Royce d’Etat, évitant ainsi tout incident désagréable  durant la cérémonie ?

 

         En tous cas, une fois terminée la célébration des noces de William et Kate la tradition reprendra le dessus et ce sont, cinq voitures remises à neuf, attelées à quatorze chevaux splendides  garnis de harnais de gala  qui accueilleront  les membres souriants de la famille royale.

 

         Nous vous les présentons dans l’ordre dans lequel elles ont défilé.

                                     

 

La voiture des jeunes mariés

 

         Le Landau de gala de 1902 était occupé par les deux époux, désormais mari et femme. Il a été construit pour le couronnement du roi Edouard VII, âgé en ce temps de 59 ans, c’était un homme plein de charme et de très bon goût Il décida de reprendre la main après les 65 années du sévère formalisme Victorien. Il se fit donc construire cette voiture richement décorée, de couleurs vives, et de dimensions généreuses, attelée à des chevaux puissants portant des harnais de gala.                                                                                                                             

 Cet équipage était destiné à attirer les regards et susciter l’admiration lors de son passage dans les rues de Londres.

 

 

         Cette voiture est l’œuvre du carrossier anglais Hooper & Co. elle fut dotée de détails innovants pour l’époque comme les bandages de caoutchouc. Prévue pour être menée en Daumont,  elle n’avait pas de  siège de guide. Sa généreuse capote est couverte de peau cramoisie, sa garniture interne est de la même couleur, la caisse est entièrement de la même couleur mais d’une nuance atténuée, moins voyante.

 

         En plus de ses quatre ressorts en C, la suspension présente quatre ressorts elliptiques. La caisse est garnie de quatre magnifiques lanternes finement ciselées, et porte de nombreuses sculptures de bois doré représentant des feuilles de chêne et des glands.

 

         Lorsque le temps le permet cette voiture est régulièrement utilisée par la reine pour accompagner les chefs d’état en visite officielle dans son pays, à cette occasion, elle et attelée à six chevaux.

 

         La voiture des pages et demoiselles d’honneur

 

Suivent deux voitures très semblables appelées LANDAUS d’ASCOT, ils font partie d’un groupe de cinq, attelées en paire et menées à la Daumont.

Dans la première est le prince Harry, frère et témoin du marié

Dans la seconde la sœur de la mariée, Philippa (devenue depuis la célèbre Pippa)

Dame d’honneur accompagne les petits pages et demoiselles d’honneur de la suite.

 

 

 

 

         Il s’agit de voitures plus que centenaires dont les panneaux sont cannés de paille de Vienne, construites pour la reine Victoria par différents carrossiers.

         Née en 1711 la tradition  veut que le roi ou la reine soient présents à l’ouverture de la saison des courses d’Ascot, célèbre par ses mondanités et par la rencontre de la royauté, du sport et de la mode.

 

         Si les conditions climatiques le permettent, le déplacement de la famille royale du château de Windsor au champ de courses d’Ascot, distant de 6 miles constitue une occasion à ne pas rater d’admirer le spectacle peu banal de ce déplacement royal en  voiture

 

La voiture royale

 

 

 

 

 

C’est l’élégantissime Scottish State Coach, voiture de la reine Elisabeth II et de son époux le prince Philip. Il s agit d’une berline fermée pour attelage à quatre, en d’Aumont. Construite en 1830 pour le prince Adolphe, duc de Cambridge, il fut vendu après quelques décennies à William Keppel  7ème Comte d’Albermarle qui la fit transformer en landau

 

En 1920 la famille Keppel en fit don à la reine Mary.

 

Entre ­1968 et 1969 la voiture subit des restaurations importantes qui lui redonnent son aspect original de berline fermée.                                                             

En plus des larges fenêtres  latérales on installa sur le toit deux panneaux transparents qui mettent merveilleusement les passagers en lumière.

 

Pendant cette restauration furent ajoutés les armes royales et les insignes de l’Ordre de San Carlo tandis que sur le toit apparaît la couronne écossaise.

 

Après cette restauration, la voiture fut utilisée pour la première fois, en 1969,  par la reine à l’occasion  de l’ouverture de l’Assemblée générale de l’Eglise d’Ecosse  et par la suite pour diverses autres célébrations.

 

 

 

  

            La voiture des parents des mariés

 

         Le prince Charles, son épouse Camilla et le couple Middleton, parents de la mariée, ont fait le trajet de l’Abbaye de Westminster jusqu’à Buckingham Palace dans l’Australian State Coach, berline offerte en 1988 à Elisabeth II par l’Australie pour le bicentenaire de sa colonisation et son rattachement à la Couronne britannique, lien existant encore de nos jours par le Commonwealth.

 

         L’Australian State Coach a été construit en 1988 par le carrossier W.J. Frecklington déjà fournisseur de la reine d’Angleterre et qui s’était ensuite installé en Australie. Il conçut la voiture pour le voyage et l’attelage à la d’Aumont, capable de supporter de grands écarts de température et d’humidité, avec un confort supérieur à celui de la dernière voiture construite pour la couronne : le landau de 1902 utilisé par les mariés.

 

         Utilisée en quelques occasions lors de la cérémonie d'ouverture du parlement ou en d’autres occasions officielles, c’est à coup sur la plus moderne des voitures de la collection royale les panneaux de la caisse sont en acier et aluminium, le châssis et le revêtement intérieur sont faits d’essences locales de bois précieux, une installation électrique commande les fenêtres, le chauffage et l’éclairage intérieur par un panneau électrique alimenté par une batterie installée dans le coffre arrière sous les pieds des grooms ; la voiture est en outre pourvue de stabilisateurs hydrauliques savamment établis dans les ressorts en C.

         La caisse est laquée et vernie au pistolet avec des peintures acryliques et l’impériale porte une galerie de bois finement ciselée de fleurs sauvages australiennes dorées au pinceau, tandis que sur les panneaux des portières on note les armoiries des états confédérés australiens entre un kangourou et un émeu.

 

 

         La reine a plusieurs fois exprimé son plaisir à se déplacer dans cette voiture plutôt que n’importe quelle autre, signe d’une surprenante et inattendue ouverture à la modernité.

 

Les chevaux

 

         Dans les écuries royales des Mews à Londres sont en général stationnés 34 chevaux carrossiers appartenant la plupart à deux lignées : les Windsor gray de robe grise qui font partie des chevaux royaux depuis1930 à la demande du roi Georges V. Au nombre d’une dizaine, Ils sont attelés aux voitures ou prennent place les membres de la famille royale. Ils ne constituent pas une race particulière et leur nom est simplement du au déplacement des chevaux gris de Windsor à Londres en 1936

 

         Ils sont actuellement achetés en Hollande, en Irlande ou en Allemagne, ou proviennent de l’élevage de la Couronne qui siège à Hampton Court.  Cette dernière option est privilégiée  car le débourrage et dressage à la selle des poulains sont confiés entièrement au personnel du haras royal d’où sortent les sujets les plus fiables.

 

 

 

les «Windsor grays » attelés à la voiture de la reine

 

         Une vingtaine d’autres chevaux appartiennent à la race Cleveland Bay,

         Tous de robe grise, leur nombre est en diminution constante car l’élevage introduit de plus en plus souvent des croisements avec le Oldenburg.

         Le calendrier de travail des chevaux est très chargé et lorsqu’ils ne sont pas pris par les  innombrables rendez vous de la Cour, qui vont de l’ouverture du Parlement  à la présence de la famille royale aux courses d’Ascot ou encore à l’accueil des représentants des différents gouvernements étrangers ou de leurs dignitaires, jusqu’au transport quotidien du courrier au Palais Saint James …ils sont néanmoins attelés tous les jours, tôt dans la matinée et travaillés dans les vastes cours intérieures  ou encore sortis dans les rues de Londres avant que le grand trafic quotidien n’ait pris la ville d’assaut. Ceci afin que les chevaux soient prêts en tout lieux et  toutes circonstances.

 

         Avant d’être utilisés à l’attelage dans des manifestations officielles, les chevaux  sont travaillés pendant quatre ans et préparés à rester impassibles face à tout événements imprévus comme banderoles  panneaux colorés, pétards, tonnerre, éclairs, musique assourdissante, jusqu’à la possibilité  que quelqu’un  se jette sous leurs sabots ! Cette formation terminée avec succès, les meilleurs sujets entrent au service pour la Couronne pour 15 ans.

 

les Cleveland bays attelés à la voiture de la reine

 

Les harnachements

 

         A part les harnais de maroquin rouge utilisés uniquement avec le grand carrosse doré, la sellerie royale possède sept autres harnais complets pour six chevaux, qui peuvent être adaptés à tout type d’attelage. : en paire, à quatre, à six, avec cocher (et dans ce cas le sixième à gauche est toujours monté) enfin pour atteler à la d’Aumont

 

« Le poids des harnais pour un cheval peut varier de 25 à 55 kg » 

 

         Tous ces harnachements datent du XIXème siècle, sauf d’éventuelles réparations

Rendues nécessaires malgré l’entretien et le grand soin porté à la manutention du matériel ; Une curiosité : pour enlever les résidus des produits de nettoyage et cirage des pièces métalliques à décors complexes, on utilise encore le charbon en poudre débarrassé de son acidité.

 

         Pour les réparations ou substitutions, le cuir est cousu main, selon la tradition, au point 15 ou 18 (nombre de points par pouce soit 2,54 centimètres).

         Les harnais complets, pour un cheval, pèsent de 25 à 55 kilos, les plus légers sont portés par les jeunes chevaux.

         Pour une cérémonie officielle 25 harnais complets peuvent être nécessaires, pour le mariage du prince William par exemple, 14 harnais ont été utilisés

         A noter les rosettes de soie rouge sur les cocardes de brides des chevaux de la reine.

 

Les postillons de d’Aumont*

 

         Toutes les voitures du cortège étaient menées par des postillons à la d’Aumont,

         Les deux attelages à quatre de chevaux gris des mariés et de la reine et les trois paires de chevaux bais suivantes.

 

 

        

         La tenue du postillon comporte une veste ajustée courte, cintrée à la taille garnie de nombreux galons d’or sur fond rouge. La coiffure, une toque porte à sa partie inférieure une perruque blanche bouclée.

         La culotte blanche est de type « équitation » les bottes sont noires à revers fauves et la botte droite porte un renfort métallique recouvert de cuir noir et sanglé, destiné à protéger la jambe d’éventuels coups du timon ou de coups de pied du cheval voisin.

 

         Ce mariage  se déroule dans un cadre de fable, et nous espérons que comme toute belle fable il se terminera par le traditionnel : » et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » !

 

LES ROYAL MEWS                                                                     

 

         Par ce nom on désigne le complexe destiné, depuis 1825, à abriter les écuries, les selleries et les remises de voitures, à l’intérieur de Buckingham Palace, après le déplacement dans les jardins du palais, des cages des faucons, (justement nommées « mews » qui y étaient installées pendant les mues des oiseaux.

 

 

         Il ne s’agit pas cependant comme il serait naturel de le penser, d’un musée, mais plutôt d’un patrimoine vivant quotidiennement utilisé. Une fois passée l’arche de pierre, on ne voit pas grand-chose des Royal Mews, (prononcer roïal miouze), à la porte desquelles se déroule, ignare, le chaotique trafic citadin de Londres ; on s’immerge là dans l’ère durant laquelle le gigantesque carrosse d’or, pesant plus e quatre tonnes, équivalait à la plus somptueuse des Rolls Royce de nos jours et ou depuis 200 ans rien n’a changé, même en 2011, ici, on étrille, on hennit, on travaille et on vit. Trente huit personnes, cochers, artisans, militaires, vivent en effet au dessus des écuries.

 

         Par exemple, le chef restaurateur Martin Oates fait partie d’une famille qui œuvre ici depuis quatre générations.

Pour celui qui voudrait visiter les Royal Mews, le billet d’entrée normal coûte huit livres sterling, audio guide en français inclus.

Le musée et ouvert du 26 Mars au 31 octobre, de 10 heures à 17 heures

Informations sur : www.royalcollection.org.uk

 

         ** Pour une documentation complète sur le Postillon, voir le numéro Hors Série d’Attelages Magazine : La Saga du Postillon rédigé par Arba

 

 

 

 

 

 

 


  Commentaires
-Pippa par Arba (13/11/2011 11:31:47)
Pippa , la petite soeur est devenue célèbre grace à son superbe et remarqué QI ( mettre le I entre parenthéses )