Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 12/07/2011 17:57:45
Rubrique : Interviews, lu 3287 fois. Un commentaire
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Portrait: Joël Chandavoine, Docteur es Calculs...


 

 

 

         Droit comme un I , franc et direct, un peu distant et "bourru" au premier conctact, il aime chez les gens "l'authenticité", il a horreur du "paraître", il  se méfie des "éclats" et des "paillettes"…  il est comme ça Joël.

         Les pieds bien enracinés dans la terre normande depuis sa naissance, les chevaux il les a toujours connus dans la ferme de ses parents qui étaient cultivateurs. Domicilié dans la région d'Alençon, présent comme reponsable du Bureau des calculs sur de nombreux concours, il est le lien français avec Philippe Liénard, le concepteur de "Driving" le logiciel utilisé par pratiquement toute la planète de l'attelage.

         De la formation à l'équitation proprement dite Joël n'en a jamais eu, le manège il n'a jamais connu. Vers les 15 ans c'est de l'équitation d'extérieur en autodidacte qu'il pratique pendant une dizaine d'année, avant d'être cloué à l'inactivité pendant 3 ans à la suite d'une méchante fracture à la jambe.

 Il y a toujours eu des chevaux chez Joël. Il se tourne vers l'élevage en pur amateur, fait l'acquisition de juments trotteuses. "J'ai toujours dit que ma première paie serait pour m'acheter un cheval, c'est ce que j'ai fait. J'ai eu quelques poulains  pour rigoler et puis la rigolade ma donné un poulain qui a gagné avec son propriétaire  400.000 frs de l'époque. C'est vraiment "la loterie" , la jument je l'ai faite saillir par un étalon situé à 3 km de chez moi"…

         N'ayant plus le goût de monter suite à son accident, il pratique l'attelage en autodidacte  avec ses juments d'élevage. Un autre normand fait parler de lui à cette époque, Patrick Rébulard. Ce dernier organise des stages, Joël s'y formera pour améliorer sa technique.

 

Il touchera même à la compétion dans les concours d'entrainement de l'époque 87-91.

 

 

Il progresse et va se frotter aux autres dans les concours nationaux en attelage en paire avec des poneys New Forest,

 

 

…puis viendront les Mérens: Corlay, Grillemont, Haras du Pin, Carrouges, les Championnats de Normandie. " je me suis arrêté parce que j'en avais assez de faire de la figuration, je n'étais pas parmi les meilleurs" me dit il humblement en rigolant.

 

         Son premier métier c'est comptable. Il aime les chiffres.. " j'ai commencé à être demandé sur les concours.  A l'époque il n'y avait pas d'informatique, il fallait empiler les chiffres à la main, moi ça me convenait bien. Est venu un jour un stage organisé par le CRE Normandie avec Philippe Liénard. J'ai sympathisé avec lui, depuis on entretient toujours d'excellentes relations. Philippe passe souvent à la maison dès lors où il est demandé en France, on se voit 3 à 4 fois par an. Voilà comment je me suis mis à l'informatique et que j'ai pris  goût à cette fonction de Bureau des Calculs".

         Joël a comme nous tous un regard sur le monde de l'attelage d'aujourd'hui:

         "ce qui a été très très vite, c'est l'évolution du matériel et des moyens. On est passé de la bétaillère où tout le monde dormait, au camions aménagés avec remorques. On faisait le tour de marathon tous ensemble dans un plateau tiré par un tracteur! Aujourd'hui il y a un autre matériel, la qualité des chevaux est importante, les gens s'investissent plus dans le travail. Avant il n'y avait que les Deroide , les Rébulard pour jouer dans cette cour là. Il y a toujours des gens sympathiques, mais il y en a aussi qui se prennent trop pour "Ben Hur" alors qu'ils n'en ont pas le niveau. L’attelage fait partie des parents pauvres auprès des instances fédérales, par rapport à d’autres disciplines. Les meneurs de haut niveau ne sont surement pas suffisamment aidés.  Si nous voulons être représentatifs au niveau international il va falloir définir les échéances, définir les besoins et mettre en contrepartie les moyens. Mais ce ne sont pas  des plans que l’on met en place dans l’urgence mais à moyenne et longue échéance. Veut-on figurer parmi les meilleurs mondiaux ?

                Le Bureau des Calculs il le tient avec sa femme, elle au classement lui à l'enregistrement des notes. Joël continue d'avancer. Si le couple s'intéresse  aux évolutions du logiciel que propose Philippe Liénart et qu'ils poursuivent cette tache ingrate, "c'est parce que par-dessus tout "ils  aiment  faire plaisir aux meneurs, prendre du plaisir à faire plaisir".

         Les nouveautés du logiciel (comme la transmission des résultats par SMS), il les teste avec Philippe Liénard. "Les évolutions sont fantastiques, mais attention il y a un tel développement de notre outil qu'il y a risque de fragilité. En cas de bug je serais incapable de remettre en état le logiciel".

         La prochaine étape pourrait être la pose d'une puce informatique sur les attelages, ce qui permettrait l'enregistrement automatique des temps sur les phases comme sur les obstacles:

         " oui il faut y croire, mais il y aura avant une étape intermédiaire, avec l'enregistrement des temps sur des clés USB installés sur des mini pc dans les obstacles. L'autre étape pourrait être le wi-fi, mais ce dernier est limité dans la distance de transmission et attention aux ruptures de connexions ! Reste que la seule chose qui fait foi c'est le rapport "papier" des juges et responsables des obstacles. " Il n'y a rien de difficile dans cette fonction, mais il faut être disponible à 100 % sur les saisies et ne pas prendre du retard. Pas question de regarder le spectacle! Les qualités premières d'un Bureau des calculs  sont Intégrité, Exactitude, Réactivité. Les rapports avec les juges d'un concours international sont bons nous sommes parfaitement intégrés. Notre fonction est bien reconnue par les jurys, mais les choses n'ont pas vraiment évoluées avec notre statut de techniciens fédéraux".

         Joël Chandavoine est l'un de ceux qui maîtrise le mieux le logiciel Driving. Il est donc régulièrement demandé pour animer des stages (http://www.attelage.org/f_article_read.php?aid=4438).

                La fonction se développe bien même si  cela reste difficile de trouver des personnes intéressées. " L'an dernier j'ai animé un stage dans la région de Dijon à la demande de Michel Vignaud. On a à cette occasion formé une personne qui aujourd'hui est complètement investie dans la fonction. Cette personne m'a secondé au dernier Championnat de France. Cette année lors d'un stage au Haras du Pin en février une autre personne a bien accroché aussi. C'est toujours des gens qui aiment les chiffres ou l'informatique et qui ont de la famille qui sont acteurs sur les terrains comme meneurs".

         Une grande fierté de Joël c'est d'avoir donné la main à Michaël Sellier dans ses débuts: " Michaël a commencé sa première compétition officielle en 97 au Haras du Pin où il était élève avec mes 2 poneys mérens. Les Poneys sont partis ensuite chez Nicolas Chanteur."

1997, Michaël Sellier

         Joël va dans quelques jours aider à écrire une nouvelle page normande puisqu'il sera de nouveau en charge du Bureau des calculs de la version 2011 du CAI du Pin. Nous allons tous suivre la compétition sur a.o en partie grâce à lui aussi.

JCG

 

 

 

 


  Commentaires
-OUI par Gilbuche (14/07/2011 22:50:31)