![]() | Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 26/03/2011 20:08:50 Rubrique : Les références > Dressage : technique, lu 5149 fois. 5 commentaires |
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Le cheval "passe son dos" … "il donne son dos" … "il a le dos creux" … il a le dos figé… il est embouti… tête plaquée… encolure en "robinet de baignoire" … voilà un vocabulaire équestre bien connu. Quelle que soit la discipline, Dressage, CSO, Attelage, le cheval qui utilise son dos dans le bon sens préserve son intégrité physique, développe ses allures, sa locomotion, son équilibre. La voussure du dos est sans doute la grande clef qui ouvre les portes du bonheur.
Le bon fonctionnement du dos n'est pas une qualité forcément innée chez le cheval. C'est le dresseur, le cavalier ou le meneur qui, du plus jeune âge du cheval au cheval adulte développeront et entretiendront la bonne orientation du dos.
Il a été peu écrit sur le sujet. Curieusement la littérature est pauvre même chez les grands auteurs. Aucun livre d'attelage à ma connaissance n'évoque le dos du cheval d'attelage et de sa bonne utilisation. Du côté des forums des cavaliers comme des sites des enseignants de l'équitation pas grand-chose, bien plus préoccupés par le "confort" et les "recettes" que par le dressage du cheval, de sa progression et de sa méthodologie.
Pour le lecteur de ces lignes, il ne trouvera rien de personnel ou presque dans les quelques éléments qui vont suivre, éléments d'introduction au "cheval dans le bon sens" que l'on doit pour l'essentiel au Commandant Licart qui a tout dit sur le sujet. J'espère simplement donner l'envie d'en savoir un peu plus, à ceux intéressés par le dressage et par le cheval "juste".
Travailler le dos c'est d'abord rechercher sa décontraction, "un relatif relâchement", pour accéder plus tard au cheval tendu se mouvant avec un dos et un rein souples. Ne l'oublions pas, le cheval pour être dans la décontraction physique et morale doit être déjà mené, longé ou monté, par un dresseur lui-même dans la décontraction physique et morale. L'observateur averti voit bien ou perçoit s'il est meneur ou cavalier la différence avec un balancier d'encolure qui ne joue pas, avec un dos figé qui n'ondulent pas dans le pas, le trot ou le galop.
Principe
Tout commence par l'extension d'encolure que le cheval doit savoir donner à la demande du cavalier ou du meneur. L'allongement de la " ligne du dessus" lorsqu'elle est efficace, contracte les abdominaux, remonte la ligne du dos. Pour ce, il faut que la "poussée" soit suffisante et efficace... je n'ai pas dit "cavaler", "courir", "précipiter"…
Il est impératif que la poussée se fasse sur une orientation bien disposée de l'encolure. On connait l'image du fleuret, il est bon de la rappeler:
Si l'orientation de l'encolure est mal disposée la poussée sur une tension des rênes produira l'effet contraire, le renversement de l'encolure et l'affaissement du dos.
Dans les débuts de son dressage, le cheval peut facilement passer d'une orientation positive à une orientation négative. Le cavalier ou le meneur doit au cours d'un exercice s'en rendre compte immédiatement. C'est de nouveau et d'abord en allongeant les muscles qu'il faut reprendre le travail car il est impossible de passer d'une orientation négative à une orientation positive sans cela. La fatigue du cheval ou le relâchement de la poussée que le cavalier/meneur peut également négliger un court instant peut rendre le travail inefficace, voir contraire au but recherché. C'est pour cette raison qu'il convient au cours d'une séance de travail, de donner fréquemment des temps de repos. Travailler sur des muscles qui se tétanisent ne sert également à rien. C'est donc mois après mois que, par de bons et justes exercices que le dresseur averti saura construire la musculation de son cheval. Pas à pas, marche après marche en prenant de la force dans son dos et son arrière main, le cheval prendra de l'équilibre et deviendra de plus en plus agréable à mener.
L'un des tous premiers moyens dont dispose le dresseur pour "préparer, affermir et muscler" la ligne du dos est le travail au chambon.
Dans cette vidéo trouvé sur Dailymotion , on peut voir un aperçu de l'attitude recherchée. Toutefois pour être efficace ce travail demanderait plus d'énergie de la part du cheval, une longe tendue et un léger pli intérieur si les hanches ne se dérobent pas vers l'extérieur (dans ce cas s'aider d'un mur, d'une lisse ou d'un pare crotte).
Sur la photo suivante (trouvé chez un ostéopathe !) on peut voir une mauvaise utilisation du chambon: le cheval se désengage, la poussée n'est pas au rendez vous. C'est inefficace, voir nuisible pour le cheval.
Le travail au chambon pour être efficace n'est pas aussi simple que l'on pourrait le penser. Le piège principal de cet enrênement est de mettre le cheval sur les épaules si l'on ni prend garde. Il faut une grande habitude pour y veiller, et ne pas abuser non plus de ce qui est au cheval ce que les altères sont à tous les sportifs de toutes les disciplines.
Le chambon connait une variante, le Pessoa. Ce dernier comprime le cheval entre l'embouchure et l'avaloire de l'enrênement. Personnellement j'aime moins, préférant la longe du chambon et donc la main du longeur qui peut répondre à la bouche du cheval. Cela a l'avantage au fil du temps de donner au longeur, une main plus savante, plus intelligente.
Le but recherché ne varie pas, il est tout entier contenu dans ce dessin, la main reçoit la poussée… que l'on soit dans la selle ou sur le siège d'une voiture. Question de tact.
Même avec un cheval adulte je reviens régulièrement au travail d'élongation basique. En particulier dès que lors d'une séance de travail je vois le cheval se "raidir", ou bien encore après un travail fort comme un trotting "appuyé" ou un marathon. En tous les cas toujours après un concours après quelques jours de récupération donnés au cheval.
JCG
A lire absolument : Equitation Raisonnée et Dressage du Cdt Licart (Edt Delmas)