Article proposé par Jazzpote, paru le 04/11/2010 06:46:04
Rubrique : Vétérinaire-Santé, lu 2348 fois. Pas de commentaires
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Gérer le stress du meneur


 

         Meneur dans le  Sud Ouest mais également psychologue, Patrick CRASNIER nous fait la gentillesse de nous sensibiliser par cet article, au problème du stress chez le sportif. Patrick, alias Jazzpote sur attelage.org est diplômé de troisième cycle en psychologie clinique, et en gestion du management. Il a de  nombreuses expériences en animation de groupe, en dynamique des groupes, et en gestion du stress (individuel et groupe).

Son expérience est   importante comme Manager de transition  DRH et Communication,  et son expérience est longue dans les réseaux d'information médicale (industrie pharmaceutique) et comme formateur.  JCG

 

"le meneur stressé "

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         Ces sujets importants que sont la préparation mentale du sportif de compétition et  la gestion du stress,  font aujourd’hui couler beaucoup d’encre. Dans cet article je vais essayer de vous donner une vue résumée mais assez globale de ce que nous faisons dans nos interventions. Une première précision importante, pour le psychologue que je suis, il y a beaucoup de points de rapprochement entre mon travail avec des cadres d’entreprise et celui de l’accompagnement des sportifs de compétitions. Tous les deux sont soumis à la réussite, au regard de l’autre, à l’angoisse de l’échec et à la volonté de réussir.

         Mais là s’arrête la comparaison, je vais essayer ici de vous décrire les spécificités du travail avec les sportifs. Première question importante :

Qu’est ce que le stress ?

         Le terme même de stress est utilisé pour la première fois en 1936 par Hans Selye. Il le défini comme une réaction physiologique, psychologique et comportementale de l’individu pour faire face et s’adapter à toute situation.

         Le stress est donc un processus subjectif qui ne  dépend pas que de l’événement mais aussi et surtout de la personne (ici le sportif) de la situation (importance de la compétition, résultats antérieurs) et des propres ressources dont la personne dispose pour réussir (compétence, forme, entrainement.)

         On peut donc considérer que l’évènement (compétition) peut diminuer les capacités en les  inhibant (« je suis tétanisé »), mais cet évènement peut aussi avoir  des vertus de facilitateurs permettant de se dépasser. C’est ce qui explique que l’on peut lire dans certains ouvrages l’existence d’un « bon stress » et d’un « mauvais stress » ce qui n’est pas totalement vrai aujourd’hui.

         En effet les accumulations de facteurs de stress, la pression de l’entourage, l’angoisse de l’échec (ou de la réussite) et bien d’autres facteurs, font que le sportif va s’épuiser dans l’adaptation à ces différents stress jusqu’à ne plus pouvoir apporter de réponse adaptée.

         Ces actions/réactions sont  coûteuses en énergie physique et psychique. Lorsque la situation stressante est trop intense (compétition importante par exemple) ou prolongée (longues périodes d’entraînement, compétitions multiples…) ou si le sportif rencontre d’autres facteurs stressants, elles peuvent entraîner l’apparition de réactions inadaptées (phases d’épuisement, blessures, dépression…).

         Comme on le sait les réponses inadaptées aux facteurs de stress, pour le sportif comme pour tous  vont engendrer des réactions physiques :

ü  Mal de ventre, troubles digestifs, palpitations etc.

 Des réactions psychiques :

ü  Perte de sommeil, irritabilité, difficultés de concentration

Des réactions émotionnelles :

ü  agressivité, dépression, hyperémotivité

         Voila en quelques mots ce qu’est le stress pour un sportif et ce qu’il provoque. Je vais essayer maintenant de vous expliquer ce qui peut être fait pour éviter au maximum les effets négatifs du stress sur la santé du sportif en premier lieu et aussi sur ses performances.

         Je ne perds pas de vue que nous sommes ici dans le sport équestre et que la dimension de la réaction du cheval au stress (le sien et celui de son cavalier ou meneur) est à prendre en compte d’une façon importante.

         Aujourd’hui beaucoup de fédérations sportives ont compris que la présence aux côtés d’un sportif de haut niveau ou d’une équipe, d’un préparateur mental est indispensable tant les enjeux de compétitions sont devenus importants. (Même l’équipe de France de football l’a compris, un peu tard)

         Pour les sportifs amateurs, pratiquant la compétition à un niveau régional ou national, il est très difficile d’avoir ce soutien, mais un entraîneur, un dirigeant, pour peu qu’ils aient suivi la formation nécessaire peuvent tout à fait aider ses sportifs dans ces domaines.

Quelles en sont les solutions ?

         Je vais tenter dans un premier temps de vous décrire les divers éléments qui entrent en compte dans le travail que nous faisons avec les sportifs lors d’accompagnement à la gestion du stress.

En premier : le préparateur doit très bien connaitre la personne avec qui il travaille, les entretiens et les tests doivent, au départ d’une collaboration permettre de cerner les différentes réponses que le sportif utilise régulièrement pour gérer le stress. Nous devons aussi savoir si la personne est très sensible aux facteurs de stress ou moins (nous ne sommes pas tous égaux devant ces situations.) Tout ceci afin de connaitre au mieux les habitudes (bonnes ou inadaptées de la personne) ceci bien sur doit se faire dans une période calme, sans compétition importante. Travailler dans l’urgence n’est pas une bonne chose, c’est même souvent ajouter un facteur de stress supplémentaire.

Second point : « LA PRESSION » peu de personnes savent donner une définition de la pression et pourtant tout le monde en parle. Que ce soit en entreprise, dans le sport, à l’école, ce terme de pression est mis à toutes les sauces. Alors que la pression est quelque chose d’assez simple, il s’agit d’une sensation de malaise lié aux motivations ou au désir « d’être » ou « de réaliser quelque chose » En un mot c’est s’efforcer de satisfaire soit les attentes des autres soit des attentes que l’on se sent incapable de réaliser.( dans ce cas le sportif et lui-même l’auteur de la pression.)

En un mot la pression n’est pas liée à l’évènement mais aux personnes qui gravitent autour de l’évènement. Exemple pour la compétition la pression vient très souvent de l’entourage, des sponsors, des supporters, de la famille, de l’entraîneur etc. Le préparateur va donc s’intéresser aux différentes sources de pression qui entourent le sportif, cette pression étant un facteur de stress important.

Une fois que le préparateur à fait ce travail de base nécessaire à la connaissance de celui qu’il doit aider (ou de l’équipe, le travail est le même mais avec chaque membre de l’équipe) il va ensuite  identifiez le stress à l’entraînement et en compétition, et les différentes réponses (adaptées ou non que vous mettez en place.)

Cela suppose que l’entourage du sportif, dirigeants, entraineurs, staff, soient en phase avec le préparateur psychologique, ce qui est une difficulté de ce travail.

Une fois cette identification effectuée, il faut apprendre à  maîtrisez les pensées négatives et dysfonctionnelles. Les mots que l’on emploie et le discours interne ont une influence majeure sur nos comportements. Exemple de discours interne inadapté :

Je pense que je suis nul,  plus je suis persuadée d’être nul plus mes performances sont faibles.

Le dialogue interne est une  des techniques cognitives utilisées par les psychologues. Cette technique consiste à se répéter des pensées positives comme « je peux le faire ! », « je vais gagner ! ». C’est aussi associer ces pensées positives à l’épreuve, un cavalier ou un meneur avant l’épreuve va visualiser tous les obstacles et « se voir » les passer sans encombre.

A l’inverse un athlète qui développe des pensées négatives, des visions d’erreur ou d’échec fait monter son niveau de stress et abaisse son niveau de réussite. La victoire est dans la tête avant l’épreuve, c’est au prix de cette pensée positive qu’elle est possible.

Comme on peut le voir l’accompagnement d’un sportif ou d’une équipe est un travail qui se fait sur le moyen ou long terme pour réussir à obtenir une bonne gestion du stress et  gagner en équilibre et en résultats.

Quels sont les signes qui nous montrent qu’un sportif est en état de stress et de difficulté avant les épreuves ?

Cette liste n’est pas exhaustive, mais tous ces signes sont faciles à repérer :

SIGNE PHYSIQUES

·         perte d’appétit

·         boulimie

·         troubles digestifs

·         transpiration anormale

·         tremblements

·         Insomnies

·         Hypersomnies.

·         Douleurs

·         Blessures.

SIGNES PSYCHIQUES

·         Introversion (perte de contact avec l’entourage)

·         Extraversion anormale (besoin de rencontrer beaucoup de monde)

·         Concentration difficile

·         Perte de mémoire. Trouble de l’humeur

·         Etat dépressifs

 

SIGNES EMOTIONNELS

·         Colère

·         Agressivité

·         Refus des consignes

·         Violence (ici dans les sports équestre cela peut aussi aller vers le cheval)

·         Hyperémotivité.

·         Hyperexcitabilité.

         Tous ces signes (bien sur ils ne sont pas tous là en même temps heureusement) sont des signes d’un déséquilibre engendré par des phases de stress et des réponses inadaptées à ce stress.

         J’allais oublier un signe qui passe très souvent inaperçu c’est l’acte manqué. Arriver en retard à l’épreuve, oublier son matériel de sport, oublier de se déclarer sur une feuille de présence obligatoire. Cela peut vous faire sourire mais c’est assez courant, une équipe de canoë Kayak sélectionnée pour la finale des jeux olympiques de Barcelone à « oublié » de se réveiller le jour de cette finale et à manqué l’épreuve.

Quelques moyens de faire face à ces situations :

         Je ne vais pas, avec ces quelques lignes vous permettre de faire face à toutes les situations de stress, mais je vais essayer de vous donner quelques indications que vous pouvez mettre en pratique et qui, j’en suis sur vous aideront un jour ou l’autre.

Ø  En premier ayez une très bonne hygiène de vie. Le sport de compétition est exigeant (même à un petit niveau) et c’est grâce à cette hygiène de vie que vous pourrez donner le meilleur de vos possibilités.

Ø  Essayez d’avoir un sommeil régulier et surtout les veilles de compétition. Si vous ne pouvez pas trouver le sommeil dites vous que vous avez des éléments de pression trop forts, ou trop de pensées négatives.

Ø  Bien sur la fumée et l’alcool ne font pas bon ménage avec l’équilibre et le stress, ce sont même des facteurs aggravants.

Ø  La relaxation est un excellent exercice, pas besoin d’aller voir qui que ce soit vous pouvez faire des séances de relaxation chez vous, il existe partout des CD ou des DVD qui vous permettront de faire ces exercices.

Ø  La sophrologie, très utilisée chez les sportifs de haut niveau est aussi un moyen efficace, mais elle doit être faite sous la conduite d’un professionnel.

Ø  Travaillez sur vos pensées négatives surtout avant une compétition et transformez-les en pensées positives. ( Si vous n’y arrivez pas seuls faites vous aider)

Ø  Ne travaillez pas seuls à l’entrainement, recevez les soutiens des autres sportifs de votre club, de vos enseignants etc. c’est un excellent moyen de retrouver les pensées positives (sauf avec quelques coachs mais si c’est le cas vous pouvez en changer)

Ø  Surtout ne rentrez pas dans le cycle des médications car si c’est le cas vous êtes un client pour le dopage et c’est là le pire des moyens, négatif pour le stress et destructeur pour la santé.

         Dans la pratique spécifique des sports équestres, le sportif doit aussi être capable de repérer les états de stress de son cheval. La connaissance parfaite de l’animal permet de voir quand il a des réactions anormales ou inhabituelles. N’oubliez pas que l’équilibre du cheval est conditionné par l’équilibre et le « mental » de son cavalier ou son meneur. Nous connaissons tous des chevaux qui ne mangent pas quand ils sont en concours tellement le stress (du cavalier et de l’animal) est présent. Nous avons aussi tous vu des chevaux inquiets devant certaines épreuves (obstacles, buttes, eau) et qui refusent dans ces situations. Très souvent nous constatons que c’est l’appréhension du cavalier qui génère cet état.

En résumé le travail sur le stress du sportif sera automatiquement répercuté sur le cheval, si le sportif aborde l’entrainement et  les compétitions avec calme et équilibre, le cheval suivra.

EN CONCLUSION :

         La préparation psychologique ou mentale des sportifs est pratiquée par une  multitude d’intervenants provenant d’horizons, de formations et de pratiques différentes

La démarche exposée ici n’est qu’une démarche parmi tant d’autres, elle est le fruit de mon expérience de psychologue clinicien, et de  la volonté d’inscrire la préparation psychologique dans un contexte rigoureux.

La démarche en préparation psychologique ou mentale est donc structurée, organisée, rigoureuse et planifiée.

Schématiquement, cette démarche comprend quatre phases :

ü  Une phase de contact d’analyse et d’élaboration d’hypothèses.

ü  Une phase de diagnostic et de réflexion.

ü  Une phase de travail en  séances d’entraînement mental et de verbalisation.

ü  Une phase d’évaluation et d’ajustement.

         C’est ce que je propose dans mes interventions d’accompagnement (et c’est à peu près la même démarche en accompagnement de cadres d’entreprises)

         Le  préparateur doit aussi accompagner les personnes qu’il suit sur les terrains de concours, dans les compétitions aussi bien qu’aux entrainements.

         Enfin la préparation psychologique n’est qu’un élément de la réussite des sportifs de compétition, l’entrainement, la préparation physique, le talent et dans le sport équestre les qualités des chevaux sont autant d’éléments à prendre en compte dans cette réussite.

 

Patrick CRASNIER, psychologue clinicien

Cabinet PC CONSEILS

31790 SAINT SAUVEUR

06 08 342 461

www.pcconseils.net

Patrick Crasnier, alias Jazzpote

 

 


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