Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 10/05/2010 07:57:36
Rubrique : Reportages, lu 2319 fois. Un commentaire
Partager

L'Attelage (Traditionnel) au Sénégal


 

                   

 

         Lorsque j'ai reçu les photos de JP Morin de son voyage au Sénégal, j'avoue avoir été traversé de sentiments multiples. Désireux d'en faire un article, comment trouver le chemin évitant la compassion et  la moquerie:   chez nous  le cheval  est  affaire de loisir pour des gens aisés et là bas un besoin et un « outil de travail » essentiels  pour  vivre et assurer le transport et la distribution des personnes et des marchandises.

         Le dénuement est extrême. Nous qui sommes si fiers d'êtres les inventeurs du système D nous faisons pâle figure devant ce génie  sénégalais de la récupération et de l'utilisation de tout jusqu’au bout, dans un univers où tout ou presque semble faire défaut sauf le génie du recyclage.

         Une voiture c'est 2 tubes et un V sur un essieu de 4L ou de "Pigeot" requalifié pour une deuxième vie…

… chariots plutôt, qui servent à tout transporter, denrées alimentaires, ferraille, matériaux divers, voir taxi transport en commun…

         Il n’est pas exceptionnel de compter une douzaine de sacs de ciment plus deux ou trois personnes sur le chariot qui lui non plus n’est pas léger. On frise bien souvent la tonne au bout des traits ! Le travail est dur, les distances parcourues quotidiennement bien longues et souvent à vive allure sur le goudron ou la piste en plein « cagna ». Rude vie que la vie d’équidé au Sénégal…

 

         Les harnachements sont rudimentaires, faits eux aussi de récupération et d'ingéniosité….

 

Version Sénégalaise du Zilco

        

         "on ne décroche pas le harnais de la voiture pour dételer. Juste les deux sangles à mettre autour du  ventre et tout se positionne depuis le dessus en passant juste la tête  dans la bricole. Cela rappelle un peu les harnais de poste qui s'enfilent d'un seul tenant. Pour ce qui est des traits, comme il n'y a pas souvent de point  d'attache sur la carriole, ils sont souvent enroulés autour des  brancards et sécurisés avec un nœud. Pour pallier aux forces de   frottements, certains passent la bricole dans une chambre à air pour  éviter les blessures de poitrail.  Certains ânes sont sans mors sans bride, juste avec la guide qui passe dans la bouche avec un nœud ou un arrêtoir de  chaque coté de la bouche pour la direction !"

 

         "Les chevaux et les ânes travaillent dur  sous des températures  allant jusqu'à  46°C à l'ombre dans le sud est du Sénégal. Dakar est beaucoup plus tempéré avec ses 30 à 35°C. Toujours dans le sud est du Sénégal près de Kédougou, la race d'ânes est assez petite, mais ils tirent des charges impressionnantes. On va jusqu'au bout de la fatigue. J'ai vu un âne s'écrouler. Qu'à cela ne tienne, les quatre hommes qui étaient sur la charrette l'ont remis sur ses pattes. Un bon coup de fouet et cela repart....! pas toujours facile de prendre les vues car les autochtones n'aiment pas ça. On ne peut opérer qu'à la volée le plus discrètement possible."

         On se ravitaille en fourrage à la station service locale …  sans oublier de mettre "le frein de parking pendant le chargement …

En ville, le fourrage en vrac et en sac, c'est dispo chez le marchand

 

Ainsi va la vie et la survie, au jour le jour …  inch'Allah et il en faut beaucoup plus pour étonner singes verts et babouins habitués à ce va et vient permanent de jour comme de nuit.

 

 

 

Photos et texte JP Morin

 

 


  Commentaires
-Sénégal royaume du système D par Morinj (10/05/2010 20:46:08)
En ce qui concerne les harnais, on pourrait croire que tout y est... Mais pour sur, la fonctionnalité des différents éléments tels qu'installés laisse à désirer!
La vie d'équidé est sans doute bien courte et l'usure bien prématurée. N'en était il pas de même au début du siècle dernier lorsque la traction hippomobile était de mise?
En tous les cas ainsi va la vie.
Merci à Jean-Claude d'avoir su trouver les mots et la forme pour présenter cette bien dure réalité