FOUETS TRADITIONNELS D'ATTELAGE

par

Henri BAUP

En concours d'attelage de tradition (CAT) comme en concours complet d'attelage (CCA), les meneurs doivent impérativement satisfaire à quatre obligations :

                                                                Porter une coiffure.

                                                                Etre gantés.

                                                                Avoir un plaid ou un tablier.

                                                                Tenir un fouet en main.

C'est cette dernière obligation qui fera l'objet de notre attention.

Commençons par un peu de terminologie :

De quoi se compose un fouet d'attelage dit « de tradition » ? : d'un manche, d'une monture, d'une mèche.

1.     LE MANCHE

Le houx et l'épine noire (prunellier sauvage ) sont les deux essences les plus utilisées. Le prunellier étant le plus difficile à trouver en rejets droits et se redressant  difficilement est donc plus rare et beaucoup plus coûteux que le houx. On utilise aussi le perpignan ou micocoulier, l'if, le néflier, l'hickory, le bambou et le jonc  refendu ou non, les matériaux modernes sont utilisés pour des fouets plus ordinaires ; fibre de verre, matières plastiques, carbone.

Les « épines » (houx, prunellier ) qui constituent le haut de gamme, donnent des manches légers, solides, souples si effilés et qui, longuement séchés, huilés,  redressés, teintés et vernis ont des qualités esthétiques parfaites.

La longueur d'un manche de fouet varie avec la taille du meneur (homme ou femme), celle des poneys ou chevaux et le type d'attelage mené ; simple, en paire,  en tandem ou à quatre chevaux.

En général, les longueurs varient entre lm50 et lm80.

Notons que les manches de fouet d'attelage à 4 ne doivent pas être trop grands (en moyenne Im55), sous peine d'être encombrants et gênants avec leur longue  monture.

Ces manches de fouet sont le plus souvent rectilignes et effilés vers le haut, mais certains utilisent des branches « en manivelle » avec décrochage latéral, dits « jambe de chien »,. qui, en plus de leur originalité, auraient le mérite d'éviter que l'eau ne dégouline dans la manche du meneur les jours de pluie! Enfin .certains manches de fouets rares et recherchés par les collectionneurs sont des houx parasités par du lierre qui en s'incrustant dans le bois, y laisse des spirales creuses du plus bel effet décoratif.

2.     LA MONTURE

Elle est le plus souvent en cuir blanc tressé ; cuir de chèvre, de chevreuil, de kangourou, etc,,,, découpé en fins lacets tressés à 4 ou 6 brins pour se terminer en queue de rat.

Certains fouets ont comme monture une simple lanière plate ou une fausse tresse ; d'autres ont des simples montures de corde ou de nylon

La longueur d'une monture varie entre 0m90 et Im20 pour les attelages simples ou en paire, entre 3m et 3m8O pour les attelages en tandem et à quatre chevaux.

Le blanc étant très salissant et fragile on peut parfaitement utiliser des lacets de cuir de teinte « naturelle » ou « london » qui sont en général plus solides et se salissent moins facilement.

3.     LA MECHE (ou forcet).

C'est une petite tresse de cuir de corde ou de ficelle à fouet qui se fixe à l'extrémité de la monture. Il s'agit parfois d'une simple ficelle nouée et tirebouchonnée  portant quelques noeuds.

Elle est responsable du claquement de la monture, claquement hautement prohibé dans notre discipline mais très à l'honneur dons certains pays de l'est aux USA ou en Australie, où te plus grand soin est apporté à la confection des mèches ou crackers afin que leur claquement soit parfait !

Citons enfin, au sujet de la mèche, la légende qui court, prétendant que son claquement est dû au franchissement du mur du son !

I. LE FOUET FRANÇAIS A COL DE CYGNE

Il a été parfaitement décrit en 1897 par le Comte de Comminges : « Un beau fouet doit être léger, souple et bien en main; il ne doit pas être trop court, pour ne pas forcer le conducteur à allonger ridiculement le bras, ni trop long, afin de pouvoir toucher autre chose que les épaules du cheval. Le fouet de maître se distingue du fouet de cocher en ce que dernier a la partie intérieure munie d'un revêtement de cuir fauve, maintenu par deux bagues de métal. Le fouet de maître est tout en bois. Sa couleur doit s'harmoniser avec celle de la voiture, comme toujours il doit être très simple. Un dé de métal pourra cependant protéger sa partie inférieure »

Donc le fouet français comporte un manche d'épine, généralement teinté, après ponçage et polissage Les couleurs, toujours discrètes, sont :

              chêne dore (jaune) pour l'épine noire avec marquage au fer de toutes les bases d'épine, ce qui lui donne un aspect ocellé,

              noyer sauvage (brun) ou acajou moyen pour les houx avec conservation de tous les départs de branchettes sous forme de petites pointes destinées soit à l'esthétique, soit à un meilleur accrochage de la monture pour les fouets d'attelage à quatre.

Les vernis doivent être discrets, mats ou satinés aspect « bois ciré » quelquefois brillants et glacés. Passés en couches multiples et reponcées, ils confèrent une profondeur tres élégante au vernis final.

La marque du fabricant, lorsqu'elle existe, doit être discrète. En général, faite au fer à chaud, elle se situe au-dessus du culot ou au niveau de la virole.

L'équilibrage du fouet est réalisé par plombage du culot qui est de laiton, d'argent ou d'autre métal précieux. Si une bague ou virole est posée, elle marque le point d'équilibrage du fouet, équilibrage à l'oblique vers le haut entre 30 et 40°. Ce point est souvent à 30cm de la base du manche.

Les culots doivent être simples, discrets, sauf pour les fouets de dame où ils peuvent être ciselés, décorés, monogrammes.

La monture dite « en col de cygne » : il s'agit d'une tresse de cuir blanc ou couleur naturelle, dont la partie supérieure est armée sur 20 cm environ puis s'arrondit en demi cercle de façon harmonieuse sur une courbe de 12cm de diamètre avant de retomber verticalement. Une âme souple traditionnellement en fanon de baleine assure et conserve cet arrondi.

Jadis, la monture était fixée sur le manche à l'aide de plumes d'oie coupée en deux, fixées par un nœud et des surliures décoratives élégantes.

II. LE FOUET ANGLAIS

Il ne diffère du précèdent que par la présence d'un gainage de cuir, en général de porc, limité par une bague métallique vers le haut et un culot à l 'extrémité inférieure. Ces bagues et culots sont souvent en argent- massif.

Très souvent, le manche de fouet anglais est constitué d'un tube métallique sur lequel est fixée l'épine, ceci pour des raisons pratiques de gainage et d'ajustage des bagues et du culot.

Ces deux types de fouets « haut de gamme », objets précieux, coûteux et fragiles, s'utilisent avec des attelages garnis en collier et avec des voitures de Ville ou de Parc, menées par leur propriétaire : coach, drag, tous types de phaetons, ducs, mylord, carrick, governess car, cabriolets, tilbury, gig, buggy, etc... Toutes les autres voitures de ville, menés par un cocher, auront un fouet dit « de cocher » - on peut citer : calèche, coupé, berline, landau Victoria, omnibus, vis à vis, etc.

Pour les attelages de Style Ville et Parc, la Présentation serait incomplète sans la présence d'un fouetde rechange.

Ce dernier a les mêmes caractéristiques que le col de cygne français ou anglais décrit ci-dessus mais il est coupé en deux et muni d'un système à vis ou de tubes s'emboîtant pour être remonté en une seule pièce.

Il doit avoir la même couleur et le même culot que le fouet de service. Sa monture est enroulée et attachée sur le manche en respectant l'arrondi au niveau du col do cygne.

Il se fixe derrière le siège du meneur, soit sur un petit tableau de bois creusé à cet effet et portant de petites sangles de cuir, soit il est suspendu par deux ou trois lanières de cuir, fixées sous le coussin du siège du meneur.

TENUE DU FOUET

Quelque soit son modèle le fouet se tient de la même manière.

Dans la main droite, au tiers de la poignée, dirigé en avant, en haut et à gauche avec un angle de 30 à 45°. Les trois derniers doigts de la main le maintiennent, le pouce et l'index restant libres pour la prise des guides. La virole apparaît au-dessus de la commissure du pouce et de l'index et environ 20cm de manche dépassent sous le petit doigt. L'avant bras est horizontal, sans raideur, le coude au corps. La monture tombe naturellement pour les attelages à un et en paire, elle est correctement enroulée pour les tandems et l'attelage à quatre.

Au moment de l'utilisation el pour profiter de toute la longueur du manche, on appuie le fouet sur la cuisse pour repousser l'extrémité inférieure dans ta main. On reprend la prise classique après avoir livré son coup.

RANGEMENT -ENTRETIEN

Pour éviter les déformations des manches, les fouets doivent impérativement être pendus sur une roue à gorge de 12cm de diamètre fixée à environ lm8O du sol. Les montures sont savonnées et graissées régulièrement (sauf à l'extrémité en col de cygne) et elles ne doivent pas rester enroulées. Les vernis sont nettoyés au chiffon de laine.

Lorsqu'on dépose son fouet dans la crapaudine, il convient d'être délicat surtout si celle-ci est métallique. Le vernis s'y écorche très facilement el les culots s'écrasent sur le fond. Il est beaucoup plus prudent pratique et élégant d'utiliser un porte-fouet en cuir moulé, beaucoup moins traumatisant.

POUR CONCLURE

Pour faire un compliment à un cavalier on dit qu'il a une bonne main, pour un meneur, on dit c'est un bon fouet {a good whip).

Essayez donc d'être de bons fouets et pour cela ayez de bons et de beaux fouets ! !

                                                                                                                                                                                Henri BAUP

Henri est à votre disposition pour vous conseiller ou vous fabriquer  le fouet de vos rêves   Tel :  03.85.47..92.60    (Tonton)