Article proposé par Arba, paru le 05/03/2008 12:45:14 Rubrique : L'attelage de Tradition, lu 3531 fois. 3 commentaires |
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De l’aurigie … ou méthode pour choisir, dresser et conduire les chevaux de carrosse, de cabriolet et de chaise, suivie d’un Nobiliaire équestre
Par Mr. le Chev. D’H ..
Ancien élève du manège Royal des Tuileries
Edité à Paris chez Dondey-Dupré en 1819
… est un ouvrage anonyme de 420 pages, qui redevient à la mode et dont
on parle beaucoup, sans souvent l’avoir lu ! Il est attribué au chevalier d’Hémars, dont on ne sait rien sinon pas grand-chose Nous l’avons déjà cité à propos des « prémisses de la maniabilité » et vous proposons aujourd’hui de lire ce qu’il a écrit sur l’attelage en d’Aumont et le goût anglais en général. Un texte très anglophobe en pleine époque Napoléonienne.
HB
Attelage à la Daumont.
« Nous regardons comme très mauvaise, une manière d’atteler, adoptée trop légèrement, et comme s’il était défendu de raisonner en aurigie.
C’est ce qu’on appelle à l’anglaise ou à la d’Aumont. On supprime le siège du cocher, ce qui, au moins, donne de l’air et de la vue à ceux qui sont dans la voiture, et l’on fait monter sur le cheval qui est hors la main, un polisson, souvent au-dessous de quinze ans.
Nous ne décidons pas si l’oeil est plus satisfait de cet aspect, que de voir un siège élégant, occupé par un bel homme, maniant habilement et avec grâce deux ou quatre
jolis chevaux, et disposant de tous leurs moyens: mais il est évident que, quant aux deux chevaux attelés à la d’ Aumont, l’un porte et l’autre tire; et qu’avec un seul cheval ou ne va pas si vite qu’avec deux, ou bien qu’on les crève promptement; car il ne faut pas croire que le porteur aide beaucoup son camarde, Si l’on met quatre chevaux et deux postillons, il en est de même: deux portent leur homme, et deux tirent la voiture qui, de cette manière, n’ira pas si vite, qu’avec quatre,chevaux attelés en grandes guides et dans la main d’un bon cocher, ou même avec un postillon sur le quatrième cheval. Mais si le caprice ou la mode autorise encore plus cet attelage, nous sentons d’avance toute l’utilité de nos préceptes.
Pourquoi n’aurions-nous pas le courage de nous récrier contre ce ridicule despotisme de l’ignorance, qui veut tout soumettre à l’empire de la mode, sans raisonner, sans analyser les effets et les causes? Pourquoi ce sot fanatisme veut il tout envahir, et empiéter jusque sur les arts?
Leur temple devrait avoir un sanctuaire d’où l’on écarterait les profanes novateurs (a), pour ne laisser approcher que des candidats qui y apporteraient les dispositions nécessaires, dont les principales seraient le sentiment de leur ignorance, et le respect pour les maîtres et les préceptes: car on ne devient savant qu’en écoutant la leçon, et la mettant en pratique. La mode, cette folle et, audacieuse despote, qui plus d’une fois a fait fuir la raison mime, s’est glissée autant que possible , dans le manège, l’aurigie et même dans le haras! La bride anglaise, la selle anglaise, la posture anglaise (vraie caricature, et encore plus dangereuse en raison de la selle obligée); les harnais à l’anglaise, sans avaloires et avec un ridicule collier; les rênes à la Panurge; telles sont quelques-unes, de ses lois nouvelles ou plutôt de ses caprice; laissons les insulaires qui les ont dictées, à leurs habitudes; plaignons-les s’ils sont ennemis du bon goût, mais ne les imitons pas.
Ces réflexions ne sont point l’effet de la mauvaise humeur de ce misanthrope qu’Horace appelle : laudator temporis acti. Elles ne sont que l’exposé de ce qui s’offre journellement à nos regard, et depuis longtemps.
(a) Nous sommes loin de vouloir signaler ainsi les vrais savants qui font des découvertes dans les sciences, ou qui reculent les bornes de leur art. nous avons trop d’estime et de respect pour les sciences et ceux qui les cultivent. »
Attelage à la d’Aumont à Toronto en 1981
Jubilé de la reine Elisabeth II