Article proposé par , paru le 31/05/2007 12:49:38
Rubrique : Coup de coeur, lu 2142 fois. Pas de commentaires
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L'homélie faite à Paul de Brantes par Calro Gnecchi


 

 

 

 

 

Paul de Brantes photo Carlo Gnecchi

 

 

PAUL

 

 

      Paul, si courtois, si attentionné, si, peut-on dire en parlant de toi, « à cheval » sur le protocole et les bonnes manières, comment as-tu pu partir ainsi, sans excuses, sans dire ni merci ni au-revoir ?

 

      Mais non c’était bien toi, si discret, si soucieux  de ne pas déranger, que de s’éloigner ainsi sur la pointe des pieds en murmurant : « je reviens ».

 

      Ce que tu ne disais pas c’est que tu ne reviendrais que par le souvenir.

 

      Heureusement nous sommes riches en souvenirs.

 

      Paul de Brantes, tu es né il y a seulement 75 ans !

Très tôt tu as manifesté ce que le précepteur phrénologue des enfants de « Monsieur Crépin » aurait appelé la triple bosse de la facétie, du calembour et de la répartie. Dès l’enfance ce don de la répartie se manifestait : lors d’une tournée pré-nocturne de nos chambres, notre mère te surprend avec tes lunettes sur le nez, à son reproche, tu réponds : « c’est pour mieux voir mes rêves », tu as toujours gardé ces lunettes.

 

      Plus tard le calembour devient un trait marquant de ta personnalité. Tu disais déjà de l’extraordinaire engin automobile, mi-avion, mi-voiture, qui va t’accompagner pour ton dernier voyage, lorsqu’elle montait difficilement la côte du bourg d’Authon : « attention, elle cale en bourg ».

 

      D’autres nombreuses réparties, d’autres calembours nous reviennent à l’esprit.

De l’esprit tu n’en manquais pas, il se manifesta très tôt par tes dons épistolaires, rodés il faut le souligner dans les lettres que tu t’adressais à toi-même par la poste lorsque tu étais pensionnaire  chez les Carmes d’Avon, «  je reçois si peu de courrier, il faut bien y suppléer » disais-tu avec esprit.

      Ce don de l’écriture, tu le cultivais, chroniqueur régulier de cette revue à grand tirage qu’est le Courrier du Cercle du Jockey Club. C’est ainsi que tu as révélé à ses lecteurs la chevauchée fantastique de Foulque Nera, le rôle historique des « tringlots » de la guerre de 1914, ou les prouesses de Madame Minette, lingère de la Cour Impériale et auteur des robes de l’enfant qui fût sous l’autorité de Madame de Montesquiou, le Roi de Rome, fils de l’Empereur Napoléon, robes encore conservées au Fresne, héritage de « Maman Quiou »

.

      Historiographe, tu as su si bien conté l’histoire du Fresne avec érudition et émotion.

 

      Lecteur insatiable et infatigable, les piles de livres s’amoncelant dans la bibliothèque en témoignent, quand tu seras dans l’abondante bibliothèque céleste où nous espérons te retrouver, tu pourras alors à nouveau conseiller nos lectures.

 

      Ami fidèle, délicieux compagnon de voyage, homme de cœur et de devoir. Devoir civique au service des autres à la mairie d’Authon pendant de longues années, constant soutien et animateur des associations culturelles de notre région.

 

      Homme de cœur épris d’une américaine devenue grâce à toi et à vos talents confondus, la plus vendômoise des vendômoises, la plus châtelaine des châtelaines.

 

      Père et beau-père, grand-père, frère, cousin, oncle si cher à nos cœurs tu nous laisses ces merveilleux souvenirs, celui de ton élégante silhouette, de ton sourire et rire si communicatif.

 

      Pour ce dernier voyage vers cette ultime demeure qui sera aussi la nôtre, au jour et à l’heure dont nul ne sait quand ils viendront, tu seras accompagné non seulement par nous mais aussi par les représentants des deux plus fidèles amis des hommes qui ont toujours occupé une si grande place au Fresne, les chiens et les chevaux. Tu flattais les uns, dressait les autres, les aimait tous. Ils t’accompagnaient dans ces bois si souvent arpentés, parmi ces arbres si souvent mesurés ou marqués.

 

      Longtemps encore quand le souvenir des vivants s’estompera, bercés par le vent, les cimes des chênes murmureront avec fierté : « nous avons été plantés par Paul de Brantes ».

 


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