Article proposé par Heliosness, paru le 28/11/2016 10:00:14
Rubrique : Reportages, lu 1113 fois. Pas de commentaires
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CAIW STOCKHOLM , Boyd Exell dieu du stade


 

Cet homme n’est pas un homme, c’est un dieu !

Ce dimanche soir, sur le stade de Solna, couvert pour l’occasion de son toit rétractable, que foule habituellement aux pieds le meilleur buteur de l’Equipe de Suède, Zlatan Ibrahimovic, l’extraordinaire Boyd Exell nous a régalés de deux tours dignes de la course du Dieu Helios menant, de son attelage ailé, l’astre solaire autour de la Terre, faisant hurler d’enthousiasme les dizaines de milliers de spectateurs dont beaucoup étaient descendus au plus près de la piste. 

« Elle s’enflamme ! vous exclamez-vous. »

Oui et il y a de quoi, parce que ses chevaux galopent vite, très vite, beaucoup plus vite que les autres et que cet homme se paye le luxe de tourner la tête, à cette allure, pour vérifier si une balle est tombée ou non de dessus le cône, pile l’action que moi, petite meneuse, ne dois jamais faire sous peine de faire tomber la suivante, de balle ! Sa course est fluide, magique, volante. Les courbes sont au plus près presque toujours ; je dis presque parce que, au second tour, sa vitesse le déporte un tout petit peu trop loin en sortant de la porte A, mais il se reprend vite, si vite qu’il passe juste bien pour présenter la porte B. Sa course est si époustouflante qu’on entend les spectateurs pousser des cris et taper des mains, une foule en délire croirait-on. Cet homme met le feu comme une rock star à l’instar desquels il envoie dans la foule les bouquets de fleurs et rubans gagnés, au cours de la parade finale. La classe, quoi !

Voyons un peu la compétition en détails. Le premier à entrer en scène est le jeune Edouard Simonet, 27 ans, classé au douzième rang mondial à l’issue des championnats du monde, éliminé lors du warm up de vendredi. Il fait un joli tour, il passe les portes proprement, il semble très à l’aise. Son attelage est beau, ses chevaux sont très élégants. La porte 9 est un peu juste pour lui, il se présente trop à gauche et écrase le cône. C’est cette même porte que son entraîneur, Boyd Exell, avait touchée lors du premier jour de compétition. Elle est située pourtant assez loin de la sortie du pont mais il semblerait qu’il faille, rapidement, dès la sortie 5, se placer très à droite car elle est en oblique dans le virage. Une véritable difficulté. J’aime bien. Il prend l’obstacle 2 avec beaucoup d’aisance, quant à l’obstacle 3, il l’effectue en 16 secondes, sans rupture de rythme, avec rapidité et fluidité, il passe la porte A puis va faire un très beau petit cercle autour du bac droit de la porte B, cercle qu’il poursuit en l’élargissant un peu en raison de l’effet centrifuge je suppose, mais vraiment bien contrôlé ; il passe la porte C très à l’aise et, avec une intrépidité incroyable, il accélère en prenant de nouveau la porte B afin de gagner en distance sur la porte 12. Et ça passe, c’est joli,  Bravo ! J’aime l’audace ; il a du talent et un entraîneur hors du commun, tous les atouts de son côté. E. Simonet réalise son tour en 149,80 secondes auxquelles viennent s’ajouter les 5 secondes de pénalité, ce sera donc une quatrième place pour cette entrée, qui lui vaut 3 points au classement.

Parcours dans les obstacles de E. Simonet au 1er tour

Le second à entrer en lice est l’Allemand Rainer Duen qui peine à ressortir de l’obstacle 1 dont il touche, bouscule, puis renverse le côté droit de la porte D. Dans l’obstacle 2, il s’écarte vraiment trop loin entre la troisième et la quatrième porte, perd du temps, rame pour revenir. Bref, c’est un petit peu laborieux. Au final ; 15 points de pénalité + 162,84 secondes, ce sera la dernière place avec 177,84, (179,58 le premier jour) mais 2.000 euros quand même et 2 petits points supplémentaires au classement provisoire, soit un total de 5 points.

Le troisième à se présenter au départ est le plus jeune de tous les compétiteurs, à savoir le fils de Jozsef Dobrovitz. A seulement 24 ans, il semble déjà très professionnel. Il fait de très belles trajectoires, choisit exactement les mêmes options que son père au tour suivant. Qui sait qui a inspiré l’autre ? Il prend l’option la plus courte dans l’obstacle 1 mais il prend une option un peu longue dans l’obstacle 2, car il semble vouloir serrer trop et les chevaux ne pas vouloir avancer aussi vite qu’il le voudrait. Comme Simonet, il finit l’obstacle 3 en fonçant dans la porte B mais il a perdu du temps en s’éloignant trop au sortir de la A, il a pris un cercle un peu plus large que le Belge sur la B et il s’éloigne plus que lui de la trajectoire en approche de la 12 mais au final, il est troisième et se qualifie pour le second tour avec un temps de 148,45 + 5 points pour une balle, ce qui fait 153,45

Dans la famille Dobrovitz, s’avance en quatrième position, le père, Joszef, doyen de cette étape du circuit qui, fort de son expérience, fera la même course que son fils mais plus vite en 142,08 secondes + 5 secondes pour une balle, à la dernière porte, son objectif étant d’aller trop vite pour ce que voulaient donner les chevaux dont il agaçait bien la croupe. Mais le fouet doit payer puisqu’il figure au second tour à la deuxième place devant son fils.

Le Suédois Persson, qui joue avec une Wild Card et a fini deuxième le premier jour, n’est pas au rendez-vous cette fois-ci. Il a choisi une option un tout petit peu trop longue dans le premier obstacle qui le mène à 20,42 secondes, beaucoup trop. En revanche l’obstacle 2 est très bien réalisé en 17,23 secondes plus rapide que Simonet, à une 20aine de centièmes de Jozsef Dobrovitz et une grosse seconde de Boyd Exell, ce qui compense le premier. Mais il n’aurait pas fallu se laisser dériver beaucoup trop loin de la porte B dans le troisième obstacle pourtant effectué rapidement. Ce n’est pas la vitesse qui a manqué puisqu’il réalise le second temps avec 141,17 secondes mais la précision puisqu’il fait 3 balles, dont la fameuse porte 9 mais lui, du côté droit, et ça fait 15 points de pénalité ; donc une cinquième place seulement. Pas de points pour lui puisque lorsqu’on joue avec une Wild Card, en tant qu’invité, on ne peut pas marquer de point mais tout n’est pas perdu car il touche la prime.

Enfin, le tant attendu roi de l’attelage Boyd Exell nous a donné une vraie leçon de beauté, de rapidité, d’aisance et de précision dans le respect des chevaux. Un grand monsieur que cet homme-là et quiconque prétend mener ne peut manquer d’avoir envie de prendre des leçons chez lui, rien que pour l’amour de l’art. Alors notre héros du jour a franchi les portes de l’obstacle 1 en 14,02 secondes, soit 2 secondes plus vite que Simonet. Jusqu’à ce point, il a mis 36 secondes, soit 6 secondes de moins que n’importe qui d’autre. Il est époustouflant, sa vitesse décoiffe. Dans le second obstacle il ne fait pas les mêmes choix de trajectoires que les autres et l’effectue en 16,08 secondes, 6 dixièmes de secondes devant Jozsef Dobrovitz qu’il devance encore sur le troisième obstacle de 1,83 seconde. Boyd ne risque pas de passer entre les bois de la porte B, il prend une courbe très large mais parfaite qui lui permet de prendre une très grande vitesse. Je parierais sur bien plus que 30 km/h. Et c’est un sans fautes ! Le seul de ce premier tour ! Les spectateurs sont au comble du plaisir. On se croirait à un match de football…ou presque.

Parcours dans les obstacles de Boyd Exell au 1er tour

Les trois qualifiés pour le second tour et le Drive-off sont donc Boyd Exell et les deux Dobrovitz. Le plus jeune effectuera son deuxième tour le premier puisqu’il a le temps le plus élevé. Il effectuera ce second parcours qui compte 3 portes de moins qu'au premier tour en 126,22 secondes mais fera tomber une balle, Jozsef Dobrovitz senior mettra 126,09 secondes, soit sensiblement le même temps alors qu’il est sorti loin de la porte B dans le premier obstacle, est allé faire une grande boucle puis est revenu prendre la porte C (20,86 secondes) mais il se rattrapera sur le deuxième obstacle en prenant exactement la même option de trajectoire courte que Boyd au premier tour, ce qui lui fera un petit 12,16 secondes. Cependant rien n’est gagné puisqu’il heurtera un portant dans l’obstacle 3, porte B (19,38 secondes) donc 10 secondes de pénalité.

Enfin, Boyd Exell, invincible, mettra 113,06 secondes pour effectuer ce deuxième tour, 12,36 secondes dans le premier obstacle, 10,77 secondes dans le deuxième et 17,29 secondes dans le troisième obstacle. Je suis à ce point subjuguée que je ne vois pas où il prend ses 5 secondes de pénalité.

Parcours dans les obstacles de Boyd Exell au 2è tour

Avec ce naturel modeste et cette élégance sobre, il remporte la seconde étape du circuit de la coupe du monde d’attelage en salle et exécute la parade en jetant bouquets de fleurs et rubans à ses fans, tel une star du rock des Sixties.

NB: C'est moi qui ai isolé  les temps mis dans les obstacles  car lis ne font pas l'objet d'un traitement spécifique dans cette Coupe du Monde. Du reste ce n'est pas la réussite des obstacles qui fait obligatoirement la réussite de la course.

 

 

Classement provisoire après la deuxième étape :

1er  Boyd EXELL (AUS) avec 7 + 10 = 17 points

2ème  Ijsbrand CHARDON (NED) avec 10 points

3ème  József DOBROVITZ (HUN) avec 7 points

4ème  Theo TIMMERMAN (NED) avec 5 points

4ème  József Jr. DOBROVITZ (HUN) avec 5 points

6ème  Rainer DUEN (GER) avec 3 + 2 = 5 points

7ème  Edouard SIMONET (BEL) avec 3 points

8ème  Jérôme VOUTAZ (SUI) avec 2 points

Cf. Résultats complets sur la page d’accueil de attelage.org

©Heliosness

 


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